(Québec) Sur le coup de 13 h jeudi, le Québec entier s’est tu pour honorer la mémoire des siens, emportés par la COVID-19, et célébrer le travail de celles et ceux qui sont demeurés au front, à leurs côtés. D’une capitale à l’autre, la classe politique a honoré la mémoire des victimes et promis de ne jamais oublier.

« La nation québécoise a été admirable », a lancé François Legault. Debout face au centre de l’hôtel du Parlement, à Québec, le premier ministre a prononcé une allocution solennelle pour marquer le triste anniversaire du début de la pandémie.

« Le virus a frappé très fort et surtout nos aînés, ceux à qui on doit tout, ceux qui ont bâti le Québec d’aujourd’hui. On a perdu des grands-papas, des grands-mamans, des pères et des mères, des frères, des sœurs, des amis. Aujourd’hui, le Québec se souvient de toutes ces personnes qui sont parties beaucoup trop vite », a-t-il dit.

À 12 h 25, le garde d’honneur de la Sûreté du Québec et la garde d’apparat des constables spéciaux de l’Assemblée nationale ont formé une haie d’honneur dans les marches de l’escalier menant de la porte de la Famille-Amérindienne – réservée aux plus grands honneurs protocolaires – au parvis.

Un à un, les ministres Danielle McCann, Lionel Carmant, Christian Dubé, Marguerite Blais et Geneviève Guilbault sont descendus tranquillement, une rose blanche à la main – l’emblème de la commémoration nationale. Le DHoracio Arruda, le lieutenant-gouverneur Michel Doyon, le président de l’Assemblée nationale François Paradis ainsi que les chefs des partis d’opposition ont fait de même.

Vingt-cinq représentants de la société civile – ambulancier, bénévole de la Croix-Rouge, miliaire, préposé aux bénéficiaires, infirmière, proche aidant et membres de familles endeuillées – se sont installés à leur tour.

Autre signe de solidarité envers les familles qui ont eu à faire des choix déchirants, leur nombre correspondait à la limite maximale permise pour célébrer des funérailles pendant la crise sanitaire.

Le premier ministre tenait à souligner la contribution des travailleurs des services essentiels qui ont tenu bon et le font toujours.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

François Legault, premier ministre du Québec

Parmi cette nation, il y a nos soignants, soignantes. Imaginez-vous à l’époque, on connaissait plus ou moins le virus et ils ont eu le courage d’aller auprès des patients infectés. Ils ont été des héros depuis un an et ils continuent [de l’être]. Toute la nation québécoise leur doit reconnaissance.

François Legault, premier ministre du Québec

À tour de rôle, chacun a pu se recueillir devant une grande couronne de roses blanches, qui a fait office de mémorial temporaire, au son de la musique de l’Orchestre symphonique de Montréal, qui a notamment revisité Les gens de mon pays de Gilles Vigneault, et de la chorale Les Petits Chanteurs de Beauport.

Lorsque 13 h ont sonné, une minute de silence a été observée partout au Québec, notamment dans les écoles et les établissements de santé. Une volée de cloches a ensuite retenti.

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La mairesse Valérie Plante a pris part à une cérémonie à Montréal.

Les villes et municipalités ont souligné à leur façon la Journée de commémoration nationale. À Montréal, dans une cérémonie sobre et solennelle, la mairesse Valérie Plante a rendu hommage aux travailleurs de la santé « qui ont mis leur vie en péril au profit de la nôtre » depuis le début de la pandémie. Elle a aussi rappelé que toute la population était affectée par la pandémie de COVID-19.

« À Montréal, nous avons été et nous sommes toujours frappés de plein fouet. Depuis le jour un, notre ville que nous aimons tant, notre ville si dynamique, a pris des airs de ville fantôme », a-t-elle dit, place Vauquelin.

D’une capitale à l’autre

À Ottawa et Québec, les chefs des formations politiques ont souligné l’évènement en livrant un discours sur l’importance de se souvenir des disparus. « Le 11 mars 2020 marquera toujours un avant et un après. Pour les familles et pour les proches, chaque décès a aussi un avant et un après », a lancé le premier ministre Justin Trudeau à la Chambre des communes, jeudi.

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Au Salon bleu, la cheffe libérale Dominique Anglade a souligné que personne n’aurait pu croire, il y a un an, que les effets de la COVID-19 seraient toujours présents en ce printemps 2021. « Nous avons un devoir de mémoire sans précédent », a-t-elle dit. Manon Massé de Québec solidaire a témoigné de l’« immense vide » laissé par les victimes. En date de jeudi, 10 518 Québécois sont morts de la COVID-19.

« Ce n’est jamais facile de perdre quelqu’un qu’on aime, mais il n’y a rien de plus dur que de perdre quelqu’un qu’on aime sans pouvoir lui dire au revoir, le serrer dans nos bras […]. La pandémie nous a volé ces moments-là », a souligné la co-porte-parole solidaire.

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À Montréal, le pont Samuel-De Champlain est illuminé en blanc en ce premier anniversaire de la pandémie.

Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a de son côté affirmé que « si on souhaite réellement que ces 10 518 personnes ne soient pas mortes en vain, […] il faut se souvenir, [mais on doit aussi] aller de l’avant et investiguer davantage sur ce qui s’est passé ». À la période de questions, jeudi, le gouvernement a été de nouveau pressé de déclencher une commission d’enquête publique sur la gestion de la pandémie.

— Avec Isabelle Ducas et Mélanie Marquis, La Presse