Le nombre de personnes mortes de la COVID-19 est probablement beaucoup plus élevé que celui qui est enregistré, préviennent des experts.

Ils soulignent notamment que les certificats de décès ne mentionnent pas toujours que la COVID-19 a été la cause de la mort de la personne.

Par exemple, le DNathan Stall, un gériatre du Sinai Health, de Toronto, dit que les données ne prennent en cause que ceux qui ont été déclarés positifs à la COVID-19.

Le Dr Stall croit que des victimes inconnues de la COVID-19 ne font pas partie du bilan funèbre parce que les gens ne sont pas testés après leur décès.

« Il y aura plus de morts que ce à quoi nous nous attendions. Certaines personnes ont pu être infectées, n’avoir jamais subi de test et mourir », lance-t-il.

Une étude de Statistique Canada, réalisée en novembre, indiquait que la COVID-19 avait été identifiée comme la cause initiale du décès dans 92 % (8795 des 9525 décès) des cas où elle était signalée sur le certificat médical.

Dans les 8 % de cas restants, le cancer, la démence ou la maladie d’Alzheimer, et d’autres maladies chroniques comme les cardiopathies ischémiques ou les maladies pulmonaires chroniques étaient le plus souvent considérées comme la cause initiale du décès.

« Cela témoigne également de la confusion autour de la manière de bien classer la cause d’un décès », dit le DStall.

Il déplore que cela ne soit pas beaucoup enseigné dans les facultés de médecine. « Ce n’est pas quelque chose qui reçoit beaucoup d’attention et de considération parce que les médecins doivent souvent faire vite pour remettre le corps à la morgue ou au salon funéraire. »

Selon lui, le meilleur indicateur du nombre de morts causés par la pandémie sera la surmortalité, lorsqu’on enregistre plus de décès que prévu au cours d’une période donnée.

Roger Wong, professeur clinique de médecine gériatrique et vice-doyen de la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique, dit que des données incomplètes ou inexactes peuvent avoir des répercussions sur la santé publique.

« La cause immédiate du décès peut en cacher les causes initiales », estime-t-il.

Par exemple, mentionne-t-il, des patients réellement décédés de la COVID-19 ont pu souffrir d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë et d’une pneumonie, car le virus affecte les poumons.

Ainsi, le certificat indiquerait la détresse respiratoire comme cause principale du décès. Il ajouterait peut-être la pneumonie et la COVID-19. Le PWong dit qu’il est important de noter ce qui a causé la pneumonie.

Selon lui, les scientifiques et les chercheurs comprendront mieux les effets de la COVID-19 chez les personnes souffrant de problèmes de santé de longue date en examinant autant de détails que possible dans les certificats de décès.

Des maladies ou comorbidités de longue date, comme le diabète, les maladies cardiaques ou rénales, compliquent également la façon dont les décès sont enregistrés, déplore le PWong, car ces patients sont plus à risque d’infection.

« La COVID-19 devrait être enregistrée comme une cause initiale de décès, pas comme un problème de santé concomitant », souligne-t-il.

Le Dr Stall cite l’arrêt cardio-pulmonaire comme un autre exemple de cause de décès dont le certificat ne mentionnerait pas la COVID-19.

« Tout le monde meurt d’un arrêt cardio-pulmonaire, parce que tout le monde meurt lorsque son cœur cesse de battre et que les poumons cessent de respirer. Ce n’est pas une cause de mort. C’est le mécanisme de la mort », dit-il.