Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a assuré jeudi que l’ex-maire de Montréal Denis Coderre n’avait pas bénéficié d’un traitement de faveur en interpellant directement son bureau pour faire part de ses difficultés à obtenir un rendez-vous de vaccination pour ses parents.

Dans un message publié jeudi matin sur le réseau social Twitter, Denis Coderre a remercié le ministre « et son équipe (notamment Sarah-Maude) ».

« Il y avait problème informatique pour prendre rendez-vous pour la vaccination de mes parents et ils ont réglé la situation en moins de deux. Bravo et Merci Christian #UnMinistreASonAffaire », a-t-il écrit, ce qui lui a valu son lot de critiques.

Il ne s’agit pas de favoritisme, a assuré le ministre de la Santé en point de presse jeudi.

Vous devriez voir le nombre d’appels que j’ai reçus ce matin pour poser des questions. Ce que j’ai dit à tout le monde qui envoyait des messages à mon personnel, c’est : voici la manière dont vous devriez le faire. Il n’y a pas du tout de favoritisme.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Contacté par La Presse, M. Coderre a fait valoir qu’il avait simplement signalé un problème informatique. Les équipes du ministre « ne m’ont pas donné de rendez-vous pour mes parents », a-t-il dit.

Plus tard sur Twitter, il a détaillé la nature du problème informatique en écrivant qu’il était « impossible d’entrer les heures de rendez-nous », et donc de s’enregistrer. M. Coderre a toutefois assuré qu’« aucun traitement de faveur » ne lui avait été accordé. « J’ai simplement levé un drapeau suite au problème informatique et remercié comme il se doit ceux qu’ils l’ont réglé. Point », a-t-il martelé.

Le tout survient alors que jeudi matin, premier jour d’inscription pour la vaccination de masse, beaucoup ont rapporté des lenteurs pour obtenir un rendez-vous. La ligne téléphonique était par moments engorgée et il était impossible d’inscrire un accompagnateur de 70 ans et plus sur la plateforme web. Tout rentrera dans l’ordre vendredi, a assuré le ministre de la Santé. En fin de journée, 100 000 rendez-vous avaient été pris sur la plateforme en ligne, a souligné M. Dubé sur Twitter.

Un « faux pas » à un « mauvais moment »

Pour l’experte en gestion municipale de l’UQAM, Danielle Pilette, la sortie de Denis Coderre est un « faux pas » qui arrive à un « bien mauvais moment », alors que l’homme de 57 ans n’exclut toujours pas un retour en politique municipale. Les prochaines élections doivent se tenir en novembre 2021, et la mairesse Valérie Plante a déjà confirmé qu’elle serait sur les rangs.

« C’est très malhabile de sa part, d’un point de vue communications, de procéder comme ça. Il brouille le message voulant qu’il ait changé, parce qu’encore une fois, les gens vont voir qu’il rapporte les choses à sa personne d’abord », explique la spécialiste.

À ses yeux, cette « personnalisation du pouvoir » n’a pas sa place et relève plutôt de « mauvaises habitudes », voire d’une certaine « société de privilège ». « Ça peut très certainement entacher son image s’il veut revenir à la prochaine élection. Ça nous ramène à un passé où il prenait toute la place, volait la vedette, un peu comme quand il parlait de ses policiers à Montréal », conclut Mme Pilette.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse