(Sherbrooke) Les premières phases de vaccination contre la COVID-19 semblent avoir eu un effet d’entraînement sur la population du Québec. En effet, le taux de propension à vouloir être vacciné a bondi depuis l’automne.

De toutes nouvelles données dévoilées par Dre Mélissa Généreux, chercheuse de l’Université de Sherbrooke, démontrent que 73,9 % des Québécois veulent être vaccinés ou l’ont déjà été, contre 9 % qui prévoient refuser le vaccin. Entre les deux, on compte 17,2 % de personnes hésitantes.

Ces chiffres sont encourageants, selon Dre Généreux, au moment où la vaccination de la population générale doit débuter dans les prochaines semaines chez les personnes de 85 ans et plus. Les nouvelles données représentent surtout une forte amélioration par rapport à l’enquête menée en novembre lorsque 62 % des répondants disaient vouloir être vaccinés contre 14 % qui refusaient et 24 % qui hésitaient.

« C’est une superbe nouvelle ! », lance spontanément la chercheuse principale de ce projet international couvrant huit pays. Elle ajoute qu’elle espérait voir le taux augmenter puisqu’il était trop faible à l’automne pour assurer une immunisation collective.

« En même temps, je me disais que c’était un peu normal que les gens soient hésitants. C’était relativement justifié. Les vaccins n’étaient pas encore homologués, on ne savait pas encore à quoi on avait affaire », ajoute-t-elle. Beaucoup de questions demeuraient alors en suspens à propos de la sécurité, des effets indésirables ou encore de l’efficacité des vaccins.

Depuis, on sait que les effets secondaires sérieux sont rares et les études ont démontré l’efficacité des vaccins à prévenir les complications graves attribuées à la COVID-19.

« Je pense vraiment que la donne a changé, carrément, parce qu’en février on fait déjà face à un bon mois de vaccination, analyse Dre Généreux. On voit surtout le sentiment de délivrance dans le visage des gens qui sont vaccinés ». Un sentiment tout aussi contagieux que le virus et qui semble donner envie à bien des gens d’être inoculés à leur tour.

Méfiance vs interrogations

L’enquête la plus récente menée par Dre Mélissa Généreux a rassemblé 10 513 répondants québécois du 5 au 16 février. Dans le camp de gens opposés à recevoir un vaccin, on compte 9 % de la population. Ces personnes auraient un profil particulier, d’après ce qu’a pu observer la chercheuse et ex-directrice régionale de la santé publique de l’Estrie.

« Ce sont des gens qui sont plus méfiants envers les autorités. Ce sont des gens qui, en moyenne, adhèrent plus souvent à de fausses croyances liées à la pandémie ou au vaccin. Ce sont des gens qui ont tendance à ne pas utiliser les médias traditionnels pour s’informer », décrit Dre Généreux.

Dans le cas des 17,2 % de personnes qui hésitent face au vaccin, on retrouverait davantage de gens avec un niveau d’éducation plus élevé et qui s’interrogent ou qui cherchent à obtenir plus d’informations.

« C’est complètement différent comme profil et je pense que ces indécis, on peut certainement s’assurer de mettre à leur disposition les bonnes informations pour répondre à leurs interrogations », souligne l’experte en santé publique.

Elle s’attend à ce que bon nombre d’entre eux penchent en faveur du vaccin lorsque de plus en plus de membres de leur entourage seront inoculés.