Les doses de vaccins sont de plus en plus nombreuses à arriver au Canada. Le Québec pourra entamer dès la semaine prochaine sa campagne de vaccination de masse en commençant par les personnes de 80 ans et plus. Dans le Grand Montréal, plus touché par la pandémie, on invitera aussi les personnes de 70 ans et plus à se faire vacciner, a appris La Presse.

Le premier ministre François Legault sera de passage ce mardi à la clinique de vaccination du Stade olympique, à Montréal, pour annoncer les grandes lignes de cette campagne en compagnie du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et du directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda. M. Legault doit ensuite visiter les installations du site.

Lundi, l’Agence de la santé publique du Canada a dit s’attendre à recevoir cette semaine plus de 640 000 doses de vaccins des entreprises Pfizer et Moderna. De ce nombre, 136 000 sont destinées au Québec. Il s’agit du plus grand nombre de doses livrées en une semaine depuis le début de la pandémie.

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

1/2
  •  
  •  

Québec a administré 353 984 doses de vaccin depuis le début de la campagne de vaccination. À travers la province, la vaccination se poursuit dans les résidences privées pour aînés (RPA) et chez le personnel de la santé en contact avec des patients. Déjà, plus de 192 000 travailleurs de la santé ont été vaccinés alors que la cible fixée par Québec est de 243 000 (75 % des 325 000 travailleurs). La première phase de la vaccination dans les CHSLD est terminée.

L’administration de la deuxième dose doit s’amorcer à la mi-mars.

Selon les informations recueillies par La Presse, les personnes de 80 ans et plus pourront se faire vacciner dès la semaine prochaine au Québec, de même que les personnes de 70 ans et plus du Grand Montréal seulement.

Il sera nécessaire de prendre rendez-vous pour se faire vacciner. Les inscriptions devront se faire préférablement par internet. Les coordonnées pour la prise de rendez-vous « seront annoncées et diffusées au moment opportun », a indiqué lundi le ministère de la Santé.

En entrevue avec La Presse en janvier dernier, le directeur de la campagne de vaccination au Québec, Daniel Paré, confirmait que la prise de rendez-vous se ferait sur la plateforme « Clic Santé ». Il ajoutait qu’une ligne téléphonique serait mise en service pour les clientèles moins à l’aise avec l’informatique.

Appel à l’entreprise

Signe que la vaccination de masse est à nos portes, Christian Dubé et le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, ont signé lundi une série de tweets pour solliciter l’apport des grandes entreprises.

Le ministre Dubé indique que « les entreprises seront appelées à jouer un rôle clé dans l’opération de vaccination de masse ». Il dit avoir « consacré une partie de sa journée » de lundi à « discuter avec d’importants employeurs québécois pour parler de leur contribution dans les prochains mois ».

L’objectif est de maximiser la capacité de vaccination lorsque le Québec recevra d’importantes livraisons de vaccins, au printemps et à l’été.

On sait grâce à la vaccination contre l’influenza que la province peut administrer jusqu’à 250 000 vaccins par semaine. On veut rehausser cette capacité grâce aux grandes entreprises qui pourraient vacciner leurs employés directement sur leurs sites.

Christian Dubé s’est notamment entretenu avec le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn. « Il y a une volonté très présente de nos membres de participer à l’effort collectif de la vaccination, il reste encore à la définir. […] Si ça peut désengorger le secteur public, tant mieux », a indiqué M. Blackburn à La Presse. L’enjeu de la main-d’œuvre reste notamment à éclaircir. Certaines grandes entreprises disposent déjà d’équipes médicales.

Le ministre Dubé a signé un arrêté ministériel en décembre pour élargir le bassin de vaccinateurs en autorisant notamment des étudiants et des professionnels de la santé à vacciner.

Le ministre Fitzgibbon a pour sa part souligné, toujours sur Twitter, que des discussions en ce sens sont en cours avec la Banque Nationale, CGI, BRP, CAE, Agropur et le Groupe CH, et que « beaucoup d’autres » sont à venir.

Les sites sont prêts

Dans les établissements de santé, on est prêt à lancer la campagne de vaccination massive. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a par exemple déjà annoncé que le Palais des congrès de Montréal servira de centre de vaccination de masse.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le site de vaccination du Palais des congrès de Montréal

Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, quatre cliniques de vaccination seront ouvertes sept jours par semaine, de 8 h à 20 h. Ces cliniques seront situées dans Cartierville, Montréal-Nord, Villeray et Saint-Laurent.

Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a également déjà annoncé qu’un site de vaccination massive serait situé au Stade olympique. Dans l’ouest de Montréal, les sites de vaccination seront situés à l’aréna Bob-Birnie à Pointe-Claire, au centre sportif Dollard-St-Laurent à LaSalle et au centre communautaire Gerry-Robertson dans Pierrefonds-Roxboro. « Ces trois sites pourront accueillir quelques milliers de personnes par jour », a écrit le CIUSSS dans un communiqué diffusé le 17 février.

À Laval, les sites de vaccination seront situés dans trois centres commerciaux (Méga Centre Notre-Dame, Quartier Laval, SmartCentres Laval Est).

Dans la région de Québec, le CIUSSS de la Capitale-Nationale compte ouvrir six cliniques de vaccination sur son territoire, dont celle établie au centre de foires d’ExpoCité. Il y en aura quatre dans Chaudière-Appalaches. Dans les Laurentides, huit sites de vaccination sont prévus.

Cette étape importante de vaccination se mettra en branle avec, en toile de fond, une course contre la montre contre les variants. Des experts craignent en effet que les nouveaux variants se propagent plus rapidement que la vitesse à laquelle le vaccin est distribué.

À ce jour, 23 cas de variants préoccupants ont été confirmées au Québec et 415 cas présomptifs sont toujours en attente de confirmation. De nombreuses écoles de la province ont également annoncé leur fermeture temporaire après qu’un possible cas de variant a été détecté dans l’établissement.

Ces variants semblent être jusqu’à 50 % plus contagieux et pourraient engendrer une troisième vague d’infections, même si les mesures actuelles sont maintenues, selon les nouvelles projections publiées par l’Agence de la santé publique du Canada.

Afin d’éviter une troisième vague, une distribution rapide et optimale des vaccins ainsi que des mesures sanitaires strictes seront nécessaires. « Une approche restrictive des contacts entre personnes de même qu’une hausse de la distribution des doses vaccinales vont nous être très favorables face à l’apparition récente des variants et face aux scénarios plus sombres évoqués par les récentes études », estime Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal et expert en virologie.

Un calendrier qui s’adapte

Dans son calendrier vaccinal initial, Québec prévoyait que la vaccination des personnes de 80 ans et plus débuterait vers la fin de février, tandis que celle du groupe des 70 à 79 ans devait être lancée autour du 15 mars. Les nombreux retards dans la livraison de doses au Canada ont quelque peu bouleversé les échéanciers ces dernières semaines.

Malgré ces aléas d’approvisionnement, le ministre Dubé indiquait le 9 février dernier que le gouvernement devrait être en mesure de « respecter l’essentiel de [ses] engagements » initiaux. Depuis la semaine dernière, Québec a aussi augmenté le volume de doses envoyées à Montréal pour donner un coup d’accélérateur dans la vaccination des RPA.

L’administration de la première dose de vaccin dans les CHSLD du Québec a été terminée le 21 janvier. Depuis, le nombre de décès qui y sont constatés est en chute libre. En un mois, le nombre de décès dans les CHSLD est passé de 19 par jour à 2 actuellement. Dans les RPA, 15 décès par jour étaient recensés il y a un mois alors qu’on en dénombre présentement trois par jour en moyenne.

Avec La Presse Canadienne et Pierre-André Normandin et Alice Girard-Bossé, La Presse

Les groupes prioritaires

Les personnes âgées de 80 à 89 ans et de 70 à 79 ans sont les deux derniers groupes prioritaires établis notamment par le Comité sur l’immunisation du Québec.

Viennent ensuite : 
– Les personnes âgées de 60 à 69 ans.
– Les personnes adultes de moins de 60 ans qui ont une maladie chronique ou un problème de santé augmentant le risque de complications de la COVID-19.
– Les adultes de moins de 60 ans sans maladies chroniques ou problèmes de santé augmentant le risque de complications, mais qui assurent des services essentiels et qui sont en contact avec des usagers.
– Le reste de la population adulte.