(Québec) Une recommandation du directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, sur les agences de placement de personnel fait réagir Québec solidaire (QS).

Le 6 janvier dernier, le Dr Arruda a recommandé au gouvernement d’intervenir auprès des agences pour exiger une formation en prévention et contrôle des infections (PCI) et un contrôle de leur performance.

Cette recommandation se retrouve dans l’un des 14 avis écrits du Dr Arruda rendus publics vendredi dernier, à la demande expresse des partis d’opposition et après des mois d’insistance.

« C’est un passage intriguant et ça soulève beaucoup de questions », affirme d’emblée en entrevue le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon lui, les agences de placement ont grandement contribué au mouvement de personnel entre les établissements durant la première vague de la pandémie, ce qui a propagé le coronavirus.

« Ce qui est surprenant de voir, c’est qu’aussi tard qu’en janvier dernier, la Santé publique, de toute évidence, s’inquiète toujours du rôle que jouent les agences de placement dans la transmission du virus.

« La question que ça soulève, c’est qu’est-ce qu’a fait le gouvernement depuis janvier avec cette recommandation-là ? […] Quelles mesures ont été prises ? » s’interroge M. Nadeau-Dubois.

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Gabriel Nadeau-Dubois

Il rappelle qu’à la fin janvier, QS a tenu un caucus présessionnel où il était largement question des agences de placement et des problèmes qu’elles causaient durant la crise.

Selon QS, ces agences privées sont plus utilisées que jamais. Elles continuent d’exercer un pouvoir d’attrait sur les employés du réseau public à la recherche de meilleures conditions de travail.

Cela aggrave la pénurie de personnel et alimente la surcharge de travail dans les hôpitaux, souligne M. Nadeau-Dubois. En attendant de les éliminer, il faut les encadrer d’urgence et sévèrement, dit-il.

Le gouvernement Legault reconnaît qu’à terme, il faudra diminuer le recours aux agences de placement, « mais ici et maintenant, il faut au moins mieux les encadrer », insiste M. Nadeau-Dubois.

« Ce passage-là dans les avis de la Santé publique, pour nous, ça a été la confirmation que nos craintes, on n’était pas les seuls à les avoir, et que la Santé publique elle-même avait mis le doigt sur le bobo. »

Il s’étonne cependant que le Dr Arruda n’ait fait qu’une seule et unique recommandation sur l’encadrement des agences, le 6 janvier 2021, alors que le Québec est en crise depuis bientôt un an.

« Je ne peux pas croire qu’il n’y a pas eu de discussions avant. Ce serait inadmissible », affirme-t-il.

« Depuis les premières semaines, on sait que la présence des agences de placement provoque du déplacement de personnel et qu’il y a notamment des enjeux de formation.

« Si en janvier, c’est la première recommandation, c’est un énorme problème. Si ce n’est pas la première, c’est aussi un problème, parce que la question c’est : qu’est-ce qui s’est passé pendant tous ces mois ? »

Dubé assure être en action

Le bureau du ministre de la Santé, Christian Dubé, assure prendre les mesures nécessaires pour passer d’une « culture de mobilité » à une « culture de stabilité ».

Le 15 décembre dernier, le gouvernement a exigé dans un décret ministériel que tout le personnel provenant d’agences de placement suive et complète la formation en PCI.

M. Dubé a également fait le portrait complet de l’embauche du personnel d’agence, affirme son attachée de presse, Marjaurie Côté-Boileau.

« C’est une première étape pour enrayer la dépendance du réseau de la santé envers cette main-d’œuvre indépendante », a-t-elle déclaré.

Elle a également fait valoir que le gouvernement a adopté le 15 mai dernier un arrêté ministériel précisant les obligations des agences de placement et balisant à moins de 75 $ le tarif horaire.

Par ailleurs, le gouvernement a mis en place un registre des exceptions pour monitorer les déplacements.

Il a convenu avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) de faire front commun pour réduire le recours aux agences dans le réseau.