(Ottawa) Santé Canada n’est pas encore tout à fait prêt à approuver ou non le vaccin d’AstraZeneca, plus de deux semaines après avoir signalé que la décision pourrait être imminente.

L’Organisation mondiale de la santé a approuvé le vaccin d’AstraZeneca lundi. Si Santé Canada emboîte le pas, près de 500 000 doses pourraient être expédiées au Canada en mars, dans le cadre du programme mondial d’échange de vaccins « COVAX ».

Mais Santé Canada échange toujours avec l’entreprise britannique sur les données cliniques du vaccin contre la COVID-19 « pour terminer son examen », a déclaré Kathleen Marriner, porte-parole du ministère fédéral.

Alors qu’on s’attendait à ce qu’AstraZeneca soit le troisième vaccin approuvé au Canada, il est maintenant sur le point d’être dépassé par celui de l’américaine Johnson et Johnson.

L’agence américaine des aliments et médicaments (FDA) se réunira le 26 février pour décider d’approuver ou non ce vaccin et l’Agence européenne des médicaments prévoit de prendre une décision début mars. Santé Canada collabore avec ces deux agences pour l’examen des vaccins.

« Bien que chaque pays prenne des décisions indépendantes conformément à ses propres mécanismes, Santé Canada suit à peu près les mêmes échéanciers que nos principaux partenaires réglementaires, une fois que toutes les données nécessaires pour prendre une décision ont été reçues et examinées », a déclaré Mme Marriner.

Deux autres vaccins au printemps ?

En plus d’obtenir des doses d’AstraZeneca par l’entremise de COVAX, le Canada en a acheté 20 millions directement à la société ; Ottawa a aussi acheté 10 millions de doses du candidat vaccin Johnson et Johnson.

Les livraisons de ces deux nouveaux vaccins éventuels commenceraient ce printemps, s’ils sont approuvés. Personne n’a encore approuvé le vaccin de Johnson et Johnson, mais AstraZeneca a été autorisé par plus de deux douzaines d’États. Seul le vaccin de Pfizer-BioNTech a été approuvé dans plus d’endroits.

La FDA attend la fin d’un essai clinique du vaccin d’AstraZeneca aux États-Unis, mais l’Europe l’a autorisé le 29 janvier. Cette décision avait incité Santé Canada à soutenir qu’une décision serait annoncée « dans les prochains jours ».

Le 9 février, la conseillère médicale principale à Santé Canada, la docteure Supriya Sharma, a déclaré que l’examen en était « aux étapes finales », pour préciser les règles sur la façon dont le vaccin doit être utilisé et sur qui. Une semaine plus tard, rien n’indique que la décision soit imminente.

La docteure Sharma a expliqué que le vaccin avait été compliqué à examiner en raison d’un certain nombre de facteurs, y compris une confusion dans la taille des doses pendant l’essai clinique et des questions sur son efficacité contre les nouveaux variants.

Les variants ?

La semaine dernière, l’Afrique du Sud a complètement cessé d’utiliser le vaccin d’AstraZeneca, craignant qu’il ne soit pas assez efficace pour empêcher les gens de tomber malades à cause du variant B.1351, qui domine désormais les infections là-bas.

AstraZeneca a également été interrogée sur l’effet du vaccin chez les personnes âgées, certains craignant que trop peu de personnes de plus de 65 ans ont été exposées au virus après avoir été vaccinées pour pouvoir établir avec certitude la protection offerte par le produit. Les tests d’anticorps, cependant, ont montré des réponses immunitaires similaires chez les personnes de plus de 65 ans que chez les personnes plus jeunes. L’approbation de l’OMS cette semaine vise également tous les adultes.

Mercredi après-midi, près d’un million de Canadiens avaient reçu au moins une dose de vaccin, et 335 000 la deuxième dose nécessaire. Mais le Royaume-Uni a vacciné près d’une personne sur quatre et les États-Unis environ une personne sur six.

La ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand, a déclaré mercredi à la Chambre de commerce du Canada que les retards de livraisons avaient ralenti l’opération, mais que le pire était passé.

« Le Canada connaîtra une très, très forte pente dans les prochaines semaines et les prochains mois », a-t-elle soutenu.

Les délais de livraison de Pfizer-BioNTech sont désormais révolus, avec 403 000 doses qui arrivent cette semaine et trois millions prévues au cours des six prochaines semaines. Moderna a l’intention d’expédier près de 1,5 million de doses avant la fin du mois de mars. Ensemble, ces deux sociétés doivent expédier 20,8 millions de doses au printemps et plus de 50 millions en été.

La neige s’en mêle

PHOTO DADO RUVIC, ARCHIVES REUTERS

Les livraisons de Pfizer ont fait face à un autre léger retard lundi, mais cette fois, c’est la météo qui a été la coupable. Le service de messagerie UPS a temporairement cessé ses activités à Louisville, dans le Kentucky, lundi, car la ville a reçu plus de 15 centimètres de neige.

Bien que les doses canadiennes du vaccin de Pfizer-BioNTech soient fabriquées en Belgique, leur transport est assuré par UPS, qui les achemine au Canada via sa plaque tournante aérienne au Kentucky.

Santé Canada affirme que les provinces qui attendent des livraisons du vaccin de Pfizer-BioNTech peuvent s’attendre à ce qu’elles arrivent au moins un jour plus tard que prévu, mais assure que toutes les doses seront arrivées au pays d’ici vendredi.