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D’abord, il ne fallait surtout pas en porter. De toute façon, qu’il soit lavable ou jetable, normé ou bricolé, le masque médical ou le couvre-visage en tissu était difficile à trouver. Puis, son adoption a été recommandée et encouragée. Et aujourd’hui, non seulement il faut absolument en porter un, mais selon certains experts, il faudrait même… en porter deux ?

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, s’est présenté jeudi en conférence de presse avec une double protection au visage : un masque médical sous un couvre-visage en tissu. Il a dit qu’il s’agissait là d’une initiative personnelle, et non d’une recommandation de la Santé publique. « Des fois, doubler le masque dans certaines circonstances, moi, j’y crois, et c’est pour ça que je le fais le plus souvent possible. »

Sa déclaration est arrivée au lendemain de la publication d’une étude par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis qui a montré que le port d’un masque médical (le masque bleu et blanc qu’on appelle aussi masque de procédure ou masque chirurgical) sous un couvre-visage constitué de trois plis de coton assurait une protection de 95 % contre les aérosols.

Faut-il, dès lors, doubler le nombre de masques que l’on porte ? Pas nécessairement.

Le masque médical, utilisé seul, permet déjà de bloquer plus de 95 % des aérosols… quand il est bien porté. Le problème, c’est qu’il ne l’est pas toujours. Lorsque ce masque n’est pas ajusté correctement sur le nez ou sur les côtés du visage, la protection est fortement diminuée – elle n’atteignait que 42 % dans l’étude des CDC. Le « double masque », étudié par les CDC, permet d’améliorer l’ajustement de la protection sur le visage pour s’assurer que l’air passe à travers le filtre du masque médical, et non sur les côtés.

Pour nuancer un peu les choses, l’étude des CDC reconnaît aussi que lorsque deux personnes portent chacune un masque médical bien ajusté (en nouant par exemple les élastiques pour permettre de resserrer les côtés), l’efficacité est la même (95 %) que lorsqu’on superpose couvre-visage et masque médical.

« Ça devient mélangeant », reconnaît lui-même le DStéphane Perron, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Mais il y a des choses qui ne changent pas. Le masque médical certifié est celui qu’on doit utiliser dans le milieu du travail et qui est recommandé par la CNESST. Quand il est bien ajusté, il est démontré qu’il protège à la fois la personne qui le porte et les autres personnes autour d’elle. »

L’INSPQ ne se prononce pas sur l’efficacité du couvre-visage en tissu parce qu’il ne fait pas l’objet de normes d’efficacité. « Il est donc de qualité variable », dit le DPerron. Le couvre-visage en tissu permet de bloquer les particules émises par son porteur. À quel point ? Tout dépend du type de tissu, du nombre de couches, de son ajustement…

On présume que le couvre-visage protège les autres, mais on n’a pas de bonne démonstration que ça nous protège nous-même. C’est pour ça que l’INSPQ a toujours privilégié le masque médical.

Le DStéphane Perron, de l'INSPQ

« Et c’est pour ça que, de plus en plus, dans les lieux publics où on oblige le port du masque, on fournit le masque de procédure, comme à l’école ou dans les hôpitaux », renchérit la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue au CHU Sainte-Justine.

Le ministère québécois de la Santé rappelle qu’il recommande « depuis l’été que les personnes de la population qui sont plus vulnérables à développer des complications de la COVID-19 portent des masques médicaux », ont indiqué ses porte-parole dans un courriel à La Presse.

Du côté de Santé Canada, les recommandations restent les mêmes pour l’instant, soit le port du masque médical, ou celui d’un couvre-visage en tissu constitué idéalement de trois couches (dont l’une faite d’un filtre jetable ou lavable).

D’autres normes en Europe

Si les couvre-visages en tissu ne font pas l’objet de normes certifiées au Canada et aux États-Unis, ce n’est pas le cas partout. « En France, note le DPerron, ils ont des couvre-visages normés, ce qui les rend presque aussi efficaces que les masques médicaux. Ces normes n’existent pas encore ici. »

PHOTO RONALD ZAK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le port du masque FFP2, semblable au N95, est maintenant requis dans certains pays européens, dont l’Allemagne et l’Autriche.

À la fin de janvier, avec l’apparition des nouveaux variants, les autorités françaises ont recommandé aux citoyens de ne plus utiliser de couvre-visage « artisanal ». Trois types de masques sont maintenant recommandés dans l’espace public : le masque médical, le masque certifié « FFP2 » et le masque en tissu certifié « catégorie 1 ». Ce dernier est constitué de trois couches de tissu, dont deux de coton et une d’un matériau non tissé (comme le polyester) – une conception semblable aux recommandations de Santé Canada.

Le masque certifié FFP2 est un équivalent du N95 américain et du KN95 chinois. Généralement conçu pour un usage unique, il est considéré comme peu respirant et moins confortable que les masques médicaux ou ceux en tissu de « catégorie 1 ». Il est désormais exigé dans certains espaces publics en Allemagne et en Autriche.

La proposition américaine du double masque a été généralement reçue avec plus de prudence que d’enthousiasme par les experts. La France ne le recommande pas, mais reconnaît que cela « peut améliorer la filtration ». En entrevue avec le Vancouver Sun, le professeur Steven Rogak, spécialiste de l’étude des aérosols à l’Université de Colombie-Britannique, s’est dit d’avis que « le plus grand problème n’est pas d’améliorer les masques, mais d’inciter les gens qui n’en portent pas du tout à en porter ». Face aux variants, le respect de la distanciation physique et le port d’un masque bien ajusté sont généralement perçus comme plus importants qu’une superposition de couches de protection.

Ce n’est donc pas une « mauvaise idée » de superposer les masques, mais c’est l’ajustement du masque qui doit être priorisé. « Le problème en superposant les couches, c’est que la respiration devient difficile », ajoute le DPerron. Et si elle le devient au point qu’il faut retirer tous ses masques pour prendre une bouffée d’oxygène, personne n’en sort mieux protégé…

« Quand me ferai-je vacciner ? »

« Quand mon tour viendra-t-il ? », nous demandent de nombreux lecteurs. Après que les résidants des CHSLD et d’autres établissements de type « ressources intermédiaires » eurent été vaccinés, la vaccination a débuté chez le troisième groupe prioritaire déterminé par les autorités, soit les « personnes autonomes ou en perte d’autonomie qui vivent en résidence privée pour aînés (RPA) ». La vaccination des travailleurs de la santé (groupe 2) et des communautés isolées et éloignées (groupe 4) se poursuit. Le prochain groupe sur la liste est celui des personnes âgées de 80 ans et plus (groupe 5) qui ne vivent pas en RPA, et dont la vaccination devrait commencer seulement à la fin du mois. Où faut-il s’inscrire ? Quand faut-il prendre son rendez-vous ? Patience, répond le ministère de la Santé et des Services sociaux. Dès que l’approvisionnement en vaccins le permettra, les autorités en feront l’annonce et il sera possible de prendre rendez-vous sur le site Clic Santé.

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