Une infirmière de formation dénonce le traitement que sa mère a subi au CHU de Québec-Université Laval. Hospitalisée pour des problèmes pulmonaires sévères, cette dame âgée a contracté la COVID-19 dans une « zone froide ».

Claire, infirmière de formation, s’inquiète énormément pour la vie de sa mère, une femme de 79 ans autonome, mais atteinte d’une maladie pulmonaire sévère. Depuis le début de la pandémie, toute la famille a pris mille et une précautions pour qu’elle ne contracte pas le virus, puisqu’ils savent bien qu’en raison de son état de santé, elle pourrait en mourir.

Et malheureusement, cette dame a finalement contracté la COVID-19 au CHU de Québec. Elle est actuellement hospitalisée dans une « zone chaude » à l’hôpital de l’Enfant-Jésus, puisqu’elle a été déclarée positive au coronavirus il y a huit jours.

« Pour une personne qui a son profil clinique, on s’attend à ce que ça vire à la forme sévère de la maladie autour de la dixième journée, a expliqué Claire, qui ne cache pas avoir beaucoup pleuré lorsqu’elle a appris que sa mère était infectée. Mon niveau d’inquiétude est très élevé. »

Entre l’inquiétude et les larmes, Claire a aussi beaucoup de colère. De la rage, même, devant cette éclosion en zone froide. Car sa mère, hospitalisée au début de janvier pour un œdème aigu du poumon, se trouvait bel et bien dans une zone où les patients n’étaient pas infectés. Comment est-il possible qu’elle se retrouve ainsi au cœur d’une éclosion ? demande sa fille, résidante de l’Estrie.

Des hypothèses avancées

Plusieurs hypothèses ont été émises par sa mère et le personnel hospitalier, selon Claire. L’éclosion a pu être notamment déclenchée par une personne asymptomatique, un proche aidant ou quelqu’un qui serait passé d’une zone à l’autre dans l’hôpital.

Mais peu importe la raison aux yeux de Claire, elle ne comprend pas que les milieux hospitaliers ne soient pas plus sécuritaires. Tous les établissements ont « la responsabilité de prendre tous les moyens nécessaires pour assurer la sécurité des patients ».

Après un an de gestion de la pandémie, et après tous les efforts fournis par le personnel de premier niveau, est-ce qu’il est acceptable que des situations comme celle-là surviennent ?

Claire

« Est-ce qu’il y a un gestionnaire qui a omis d’appliquer les règles ? », se demande Claire, en précisant que le personnel soignant a toujours été « très gentil » avec sa mère.

Elle affirme que si nous étions au début de la pandémie, elle comprendrait que nous nagions en territoire inconnu et qu’il y ait des zones d’ombre. Mais après bientôt un an, elle trouve cette éclosion complètement inacceptable. Elle a d’ailleurs contacté le commissaire aux plaintes et à la qualité des services du centre hospitalier pour exprimer son insatisfaction. « Et je sais comment ça marche… j’ai déjà moi-même occupé le poste de commissaire aux plaintes dans un autre établissement ! »

Le porte-parole du CHU de Québec-Université Laval, Bryan Gélinas, a expliqué que l’établissement ne commentait jamais de cas particuliers pour des raisons de confidentialité. Cependant, le commissaire aux plaintes a « toute l’indépendance nécessaire pour faire enquête dans pareilles circonstances ».

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a affirmé que selon les dernières données disponibles, soit celles de mercredi, « il y avait 90 éclosions actives dans les centres hospitaliers ». Au total, il y a 1123 éclosions actives au Québec, dont 370 dans les milieux de travail et 264 en milieu scolaire.