(Montréal) Les propriétés anti-inflammatoires bien documentées de la vitamine D pourraient en faire un ajout important à l’arsenal contre le coronavirus, croient deux chercheuses montréalaises qui ont décidé d’approfondir la question.

L’étude PROTECT sera dirigée par les docteures Francine Ducharme, du CHU Sainte-Justine, et Cécile Tremblay, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal.

« Est-ce que c’est une approche qui est valable ? Est-ce que c’est efficace ? Et si c’est efficace, alors parfait, on pourra ajouter une corde à notre arc, a dit la docteure Ducharme. Théoriquement, ça a des chances de fonctionner, mais il faut le prouver. »

L’étude cherchera à vérifier si de fortes doses de vitamine D pourraient diminuer le risque d’infection chez les personnes qui ne sont pas encore atteintes de la COVID-19 et à voir si cela pourrait diminuer la durée et l’intensité de la maladie chez les patients déjà infectés.

L’étude s’intéressera aussi à l’impact potentiel de la vitamine D sur la réponse vaccinale.

Les chercheuses entreprennent donc le recrutement de 2414 travailleurs et travailleuses de la santé de la grande région de Montréal, puisque ces sujets ont un risque plus élevé d’entrer en contact avec le virus. En effet, jusqu’à 20 % des cas de COVID-19 recensés au Canada depuis le début de la crise l’ont été chez des travailleurs de la santé.

Plusieurs études précédentes portent à conclure que la vitamine D a un effet protecteur face à des infections virales comme le rhume et l’influenza.

« Il y a un effet de prévention d’à peu près 10 à 20 % qui a été démontré, donc on réduit […] les risques qu’une personne développe un rhume commun, a dit la docteure Ducharme. La question était, est-ce que ça pourrait fonctionner avec la COVID ? »

De plus, comme les gens qui développent une forme grave de la COVID-19 présentent une réaction inflammatoire démesurée, ajoute-t-elle, « les propriétés anti-inflammatoires de la vitamine D pourraient aider ».

La vitamine D est impliquée dans la régulation de quelque 200 gènes, dont plusieurs sont impliqués dans la défense de l’organisme contre les infections en général et dans la régulation de l’inflammation.

Contexte de pandémie

L’étude a été adaptée au contexte de la pandémie, de manière à ce que les participants puissent s’impliquer depuis le confort de leur foyer. Pour une des toutes premières fois, tout pourra se faire à distance.

Les chercheuses profiteront aussi de la nouvelle disponibilité des vaccins contre le coronavirus pour étudier la contribution que pourrait apporter la vitamine D à la campagne de vaccination.

« C’est d’autant plus intéressant et important que compte tenu de la "pénurie" de vaccins, on doit avoir un délai plus grand que recommandé, a expliqué la docteure Ducharme. Si la vitamine D a un effet adjuvant qui augmente la protection dans l’intérim des deux doses, je pense que ça pourrait être très intéressant. »

Les premiers résultats de l’étude devraient être disponibles dans une vingtaine de semaines. D’ici là, il faudra résister à la tentation de se rendre à la pharmacie du coin faire des provisions de vitamine D.

En effet, rappelle la docteure Ducharme, les études qui ont témoigné d’un effet protecteur ou préventif de la vitamine D avaient été réalisées auprès de gens qui n’en consommaient que peu ou pas.

De plus, tous les gouvernements qui se sont prononcés sur la question ont recommandé de ne pas prendre de suppléments additionnels de vitamine D, au-delà de la dose quotidienne recommandée.

Les apports nutritionnels de référence de Santé Canada concernant la vitamine D vont de 400 unités internationales par jour pour les bébés de moins d’un an à 800 unités internationales par jour pour les adultes de plus de 70 ans.

« On ne sait pas si ça va aider ou non, a conclu la docteure Ducharme. On ne veut pas que les gens se précipitent là-dessus ; il peut y avoir des effets secondaires à prendre de la vitamine D. C’est très sécuritaire, mais se précipiter sur une vitamine quand on ne sait pas si ça va marcher, ça ne vaut pas la peine. »

La principale source de vitamine D provient de l’exposition au soleil. On en retrouve aussi dans des aliments comme certains poissons, le lait de vache, la margarine et les jaunes d’œufs.