(Ottawa) Alors que le gouvernement fédéral s’apprête à former 4000 nouveaux préposés aux bénéficiaires dans tout le pays, le directeur parlementaire du budget (DPB) estime que ce programme coûtera 38,5 millions sur deux ans, soit 66 % de plus que ce que prévoyait Ottawa.

Dans son Énoncé économique de l’automne dernier, le gouvernement fédéral a annoncé un programme de formation accélérée en ligne de six semaines, assortie d’un stage de quatre mois, pour former des préposés aux bénéficiaires.

Certaines régions du pays ont été confrontées à une grave pénurie de personnel dans les foyers de soins de longue durée, où les éclosions de COVID-19 ont épuisé les ressources et causé des milliers de morts chez les résidents, surtout au printemps dernier. Les mesures interdisant aux soignants de travailler dans plusieurs foyers, afin de ralentir la propagation du coronavirus, ont encore aggravé cette pénurie de personnel.

Pendant la première vague, plus de 80 % des décès liés à la COVID-19 au pays se sont produits dans des établissements de soins de longue durée. Et ces dernières semaines, des éclosions dans des dizaines de foyers ont à nouveau sonné l’alarme.

La Croix-Rouge canadienne a encore été appelée la semaine dernière à prêter des renforts dans cinq foyers en Colombie-Britannique. L’organisme l’avait déjà fait en Alberta, en Ontario et au Québec, et même l’armée a été appelée à la rescousse l’an dernier dans des établissements de soins de longue durée au Québec et en Ontario.

Mieux traiter ces travailleurs

Miranda Ferrier, qui dirige l’Association canadienne des travailleurs de soutien, salue les bonnes intentions d’Ottawa, mais elle craint que ce nouveau programme ne soit qu’une béquille. « Le besoin de (préposés) dans toutes les provinces est immense […], mais si nous ne leur fournissons pas la formation appropriée et le message approprié pour aller dans les établissements de soins de longue durée afin d’aider et de soutenir, on va les perdre aussi vite qu’on les aura formés », dit-elle.

Mme Ferrier souhaiterait plutôt une réglementation plus sévère et une reconnaissance professionnelle de ce métier, afin de pouvoir offrir aux préposés de meilleurs salaires, des emplois à plein temps, des avantages sociaux et un régime de retraite, afin de retenir le personnel et assurer la qualité des soins.

L’estimation des coûts de 38,5 millions du directeur parlementaire du budget est beaucoup plus élevée que le montant annoncé en décembre par la ministre fédérale de l’Emploi. Carla Qualtrough promettait alors 23,2 millions au regroupement Collèges et instituts Canada pour élaborer et mettre en œuvre le programme de formation.

Les coûts du programme proviennent des frais de scolarité, des salaires des stagiaires et de l’administration. L’estimation du DPB repose en partie sur les taux de salaire des stages et les frais d’administration fournis par Emploi et Développement social Canada, qui versera le salaire aux étudiants pendant les quatre mois de stage.

Les frais de scolarité projetés pour le programme virtuel de six semaines ont été estimés à l’aide d’un échantillon représentatif de programmes de travailleurs de soutien au Canada qui seront offerts cette année, a indiqué le DPB. Or, il pourrait y avoir des différences avec le coût d’administration du programme fédéral, prévient le DPB.