(Montréal) Se disant « au bout du rouleau », une association de médecins en première ligne, aux urgences, aux soins intensifs ou aux étages dédiés aux patients COVID réclame que le réseau de la santé québécois se modernise et améliore ses processus.

Des internistes sont en congé de maladie ne pouvant plus supporter la pression et de nombreux autres sont « fatigués, irritables, ont changé à cause du surmenage », a déclaré le Dr Hoang Duong, président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec, en entrevue avec La Presse Canadienne.

En raison de la pandémie, ses collègues ont dû s’adapter et prendre en charge beaucoup plus de patients qu’ils ne l’auraient fait normalement. « Pendant un mois, pendant deux mois, ça va, raconte-t-il. Pendant un an, forcément la fatigue s’installe. »

« Que se passera-t-il si une troisième vague survient, comment rattraper le retard accumulé, a-t-il demandé dans une lettre ouverte publiée lundi. Comment ferons-nous au cours des prochains mois pour nous occuper de tous ? À l’évidence, soigner les patients à s’en rendre malade n’est pas la solution. »

Le Dr Duong estime que le réseau de la santé devrait d’abord rattraper son retard technologique. Il note que des pagettes sont encore utilisées, les dossiers médicaux sont en papier et les outils d’aide à la prescription pourraient être déployés plus rapidement.

« Le monde a réussi à développer des vaccins en moins d’un an. Le Québec peut sûrement se débarrasser des fax », lance-t-il.

Le Dr Duong propose aussi que les processus soient réexaminés. Il se questionne notamment sur la pertinence que des infirmières fassent des photocopies ou si le temps qu’elles consacrent à colliger des notes ou des statistiques pourrait être mieux employé.

Selon lui, l’embauche de professionnels de la santé pourrait également soulager la tâche des médecins.

La longue liste de propositions n’a rien de nouveau « et c’est justement là le problème : il nous faut agir beaucoup plus vite », résume-t-il.

L’association d’internistes demande donc au gouvernement du Québec, aux ordres professionnels et aux syndicats de « travailler au bien commun » afin de « réinventer » le réseau de la santé.

En entrevue, il a dit être « heureux » de constater que davantage de médecins internistes sont en formation, bien que ce soit une solution à plus long terme.