(Sherbrooke) Mal de bras, mal de tête, légère fièvre, les effets secondaires liés aux vaccins peuvent être nombreux et tout à fait normaux, mais le risque demeure que quelques rares réactions plus sévères surviennent. Afin de répertorier tous les effets provoqués par les vaccins contre la COVID-19, une vaste étude est en cours d’un océan à l’autre et une équipe de l’Université de Sherbrooke y contribue.

Le volet québécois de l’étude CANVAS-COVID, un acronyme anglais pour Réseau national canadien d’évaluation de la sécurité des vaccins contre le SRAS-CoV-2 qui cause la COVID-19, est dirigé par le Dr Louis Valiquette, professeur et chercheur de la faculté de médecine. Si l’objectif canadien du projet est de recruter un million de répondants, celui du Dr Valiquette est d’interroger 50 000 Québécois pour chacun des vaccins distribués dans la province.

Jusqu’ici, un peu plus de 15 000 personnes auraient répondu au questionnaire en ligne au Québec, dont un peu plus de 5000 en Estrie. Un autre important pôle de l’étude se situe dans la région de la Capitale-Nationale, supervisé par le Dr Gaston De Serres au CHU de Québec. Pour le moment, la majorité des répondants a reçu le vaccin fabriqué par Pfizer-BioNTech et une minorité a reçu celui conçu par Moderna. L’enquête a été déclenchée dans la première semaine de janvier.

Les chercheurs visent à inclure le plus grand nombre de personnes possible, de toutes les catégories de population, afin d’obtenir un portrait plus juste des effets des vaccins dans un contexte de vie réelle. Toutes les données actuelles proviennent des essais cliniques visant à s’assurer de l’efficacité des vaccins et de leur innocuité, mais ces vérifications sont effectuées sur un nombre restreint de personnes dans un contexte rigide et encadré.

« Dans les études cliniques, comme celle de Pfizer, il y a une limite sur la quantité de personnes dans la cohorte. Avec 40 000 personnes, les effets très rares, on ne les dépistera peut-être pas nécessairement », fait remarquer Dr Louis Valiquette, qui est également microbiologiste‐infectiologue à l’Hôpital Fleurimont du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

Les participants sont invités à se rendre sur la plateforme Clic-Santé pour répondre aux questions en ligne. Par la suite, des vérifications par entrevues téléphoniques peuvent servir à approfondir les réponses dans les cas de déclarations d’effets plus graves.

« C’est sûr que c’est très préliminaire, mais le vaccin a l’air relativement sécuritaire. Il n’y a pas de gros signal d’alarme, mais on est encore au début de l’étude », a commenté Dr Louis Valiquette en mêlée de presse virtuelle, vendredi matin.

Ailleurs au pays, des chercheurs contribuent à l’enquête en Alberta, en Nouvelle-Écosse ainsi qu’en Colombie-Britannique, où se trouve la chercheuse principale du projet Dre Julie Bettinger.

Effet rassurant

L’objectif de l’opération vise à confirmer la sécurité des vaccins, répertorier les effets secondaires les plus fréquents et identifier les effets les plus sévères s’il y en a. Les résultats seront ensuite comparés à un groupe de contrôle non vacciné afin de s’assurer que les effets rapportés sont bien attribuables au vaccin.

Dr Louis Valiquette croit que ce genre de surveillance des réactions indésirables devrait aider à rassurer la population qui entretient certaines craintes face aux vaccins. Les données recueillies à travers le pays sont d’ailleurs partagées en temps réel avec les autorités de santé publique afin de réagir rapidement si des effets sévères sont observés.

« Il y a plusieurs mythes sur des effets secondaires potentiels, des effets sévères, parce qu’on a quelque chose de nouveau, mais c’est basé sur pas grand-chose pour l’instant. Il n’y a rien de mieux que des données qui viennent de notre propre population pour nous rassurer », soutient le chercheur de l’UdeS.

Des études semblables ont été réalisées en 2009 au moment de la mise en marché d’un vaccin contre la grippe A (H1N1) et un processus similaire se répète chaque année pour valider la sécurité des vaccins contre l’Influenza.

Les participants de l’étude seront interrogés huit jours après leur première dose, six mois après leur vaccin et des entrevues téléphoniques pourraient s’ajouter au processus si un élément d’intérêt est décelé.

Mythes et réalités

Voici certains mythes déboulonnés par Dr Louis Valiquette :

Le vaccin n’est pas le virus

« Ici, on n’a pas un virus vivant. On a un petit ARN messager, qui donne un message à nos cellules pour produire des antigènes qui ressemblent aux protéines (de la couronne) du virus pour déclencher une réponse immunitaire. » De plus, l’ARN messager est détruit par les cellules dès que le message est reçu.

Un vaccin à ARN ne modifie pas l’ADN

« L’ARN n’entre pas dans le noyau cellulaire, donc il n’est pas intégré dans l’ADN cellulaire. Alors, ça n’arrivera pas. »

Pas de puces électroniques ou de conspiration technologique « 5G »

« Pour vous rassurer, j’ai été vacciné et le signal de mon téléphone cellulaire ne rentre pas mieux, malheureusement, depuis ma vaccination. »