Éducation, sports, milieux de vie : au-delà de l’industrie commerciale, le déconfinement partiel annoncé mardi par le gouvernement suscite son lot de réactions au Québec. Sur les campus des cégeps et des universités, un constat se dégage : on pourra enfin briser l’isolement.

Cégépiens satisfaits

La présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Noémie Veilleux, ne cache pas sa joie de voir Québec permettre aux élèves de reprendre certains cours en classe. « Ça fait plusieurs mois qu’on demandait un seuil minimal de présence. On est très contents de voir que le gouvernement est passé de la parole aux actes. Après 11 mois d’isolement, c’était pénible pour plusieurs », lâche-t-elle.

Mme Veilleux rappelle qu’il reviendra à chaque établissement d’adapter ses protocoles, en fonction de ses infrastructures. « On doit rappeler que ce n’est pas tous les étudiants qui pourront se présenter, soit pour des raisons de santé ou de logement, donc ça doit demeurer volontaire. »

L’association s’attend toutefois à « une certaine souplesse » des autorités quant à l’application du couvre-feu, compte tenu du fait que la disponibilité des espaces de travail est restreinte. « Ça sera à surveiller, car environ 27 % des étudiants n’ont pas accès à un endroit propice à la concentration », conclut la présidente.

Briser l’isolement

À l’Union étudiante du Québec (UEQ), qui compte près de 90 000 membres universitaires à travers la province, la présidente Jade Marcil voit d’un bon œil la réouverture des campus. « C’est ce qu’on demandait depuis longtemps. Il fallait briser l’isolement. De prime abord, c’est réjouissant, mais on a hâte d’avoir plus de précisions », soulève-t-elle. La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, doit apporter des précisions à ce sujet jeudi, lors d’un point de presse. A priori, Québec demande aux établissements que tout étudiant puisse se rendre sur le campus une fois par semaine pour suivre ses cours.

« Si on veut donner des cours, il va falloir opter pour le comodal, donc en présentiel et à distance simultanément. On craint par contre que ce soit freiné par un manque de ressources. Il faudra plus de moyens », indique Jade Marcil.

De l’espoir pour le sport

La reprise de certaines activités sportives marque un signal d’espoir dans l’industrie. En zone rouge, les activités encadrées à l’extérieur pourront désormais se faire avec un maximum de quatre personnes. En zone orange, ce sera huit personnes. Et à l’intérieur, ce sera seul ou en duo. « Ça nous prenait un premier pas positif et on l’a eu, s’est réjouie la présidente de l’organisation SportsQuébec, Julie Gosselin. Ça nous rassure dans l’idée que rapidement, le sport organisé pourrait reprendre, sachant que toutes les fédérations ont des plans de relance graduels. » On compte moins de 20 cas au sein de 67 fédérations depuis le début de la pandémie. « Ça démontre qu’on peut être dans les premiers à rouvrir complètement, de façon sécuritaire, poursuit la présidente. La seule chose à surveiller, ce sera les installations sportives. Il faut veiller à ce qu’elles soient prêtes pour la réouverture, car il y a des enjeux financiers importants qu’on doit prendre en compte. »

L’opposition sur sa faim

Les partis de l’opposition, eux, ont soulevé des incohérences dans l’annonce du gouvernement. « François Legault s’inquiète du délestage et de la pression dans nos hôpitaux. Je me demande alors pourquoi il ne donne pas du lousse à notre personnel du réseau public en rapatriant les ressources des cliniques privées et en mettant au pas les agences de placement privées. Le premier ministre manque encore une fois d’écoute », déplore la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. Au Parti québécois, le chef Paul St-Pierre Plamondon a dénoncé que le gouvernement ait « fait la sourde oreille face à [ses] demandes ». La formation réclamait entre autres l’interruption du couvre-feu dans les régions épargnées par la COVID-19. « Nous nous attendions à ce que les assouplissements annoncés soient supportés par des mesures additionnelles comme le déploiement des tests rapides ou un meilleur encadrement des quarantaines. Pour nous, il est inconcevable et incompréhensible que le gouvernement n’ait pas déjà mis en place ce type de mesures », a fustigé la cheffe libérale Dominique Anglade.

RPA « sous contrôle », mais…

Des « petits changements » sont à venir dans les résidences privées pour aînés (RPA). La ministre Marguerite Blais doit apporter des précisions dans les prochains jours, mais François Legault l’assure : « il n’y aura pas de grands changements, mais des nouvelles mesures qui vont être ajustées ». En zone orange, les salles à manger pourraient notamment être rouvertes. « Pour le moment, toutes nos salles à manger sont fermées, et les gens comprennent que c’est ce qu’il y a de mieux pour contrer la contamination. Mais on va suivre ça de près. On essaie surtout de garder un climat le plus calme possible », a réagi Marie-Cristelle Comeau, directrice de la résidence Le Dahlia, à L’Assomption. On compte 18 infections dans cet établissement, soit 69 % des résidants. « On espère surtout que les vaccins arriveront bientôt. Ça aiderait beaucoup à prévenir les éclosions », soutient la gestionnaire, qui n’a toujours reçu aucune dose. Même son de cloche pour Lawrence Flores, gérant de la résidence Primavera à Laval, qui compte cinq résidants déclarés positifs sur sept. « Il n’y a rien de parfait, mais pour le moment, on gère bien la situation. On a surtout hâte d’entendre ce qui va être annoncé », indique-t-il.