Le gouvernement Trudeau n’a pu obtenir le consentement unanime requis à la Chambre des communes pour adopter à toute vapeur le projet de loi qui aurait colmaté la brèche permettant aux voyageurs qui ont choisi de prendre des vacances au soleil durant le temps des Fêtes de réclamer la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE) durant leur quarantaine obligatoire de 14 jours.

Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Pablo Rodriguez, avait exprimé l’espoir que les partis de l’opposition acceptent d’adopter en quelques minutes des changements à la loi pour corriger cette brèche qui a soulevé l’indignation de nombreux Canadiens qui respectent les directives du gouvernement fédéral de ne pas effectuer de voyages non essentiels durant la pandémie.

Mais le gouvernement Trudeau s’est buté à un refus des banquettes de l’opposition en cette première journée de travaux parlementaires depuis la mi-décembre. Le Parti conservateur a fait savoir qu’il veut étudier le projet de loi en comité afin de s’assurer qu’il ne contienne pas d’autres échappatoires, tandis que le Bloc québécois et le NPD souhaitent y apporter des amendements.

« Incroyable ! Les oppositions bloquent notre projet de loi qui interdit les 1000 $ aux gens qui doivent s’isoler après un voyage non essentiel. Ils l’avaient pourtant réclamé. C’est injuste pour tous ceux qui font des sacrifices », a tonné le ministre Pablo Rodriguez sur son compte Twitter, quelques minutes après que la démarche du gouvernement eut échoué.

Le gouvernement Trudeau pourra revenir à la charge mardi ou au cours des prochains jours. Dans les rangs conservateurs, on maintient qu’on veut adopter des mesures correctives, mais on tient aussi mordicus à passer au peigne fin ce que proposent les libéraux de Justin Trudeau afin d’éviter un autre cafouillage. Le Bloc québécois et le NPD souhaitent y apporter des amendements.

Rappelons que la brèche permettant à des voyageurs de toucher la prestation de 500 $ par semaine pendant les deux semaines de quarantaine a été révélée au grand jour par La Presse dans un reportage publié le 2 janvier.


« Incroyable ! En septembre, on a eu qu’une journée pour débattre du C4 qui a conduit à ces erreurs. Aujourd’hui, ils refusent le débat ! Et sans oublier que le Sénat ne siège que la semaine prochaine ! Déposez le projet de loi, on va le débattre et le voter. Ça c’est le Parlement ! », a riposté le leader parlementaire de l’Opposition en Chambre, le député conservateur Gérad Deltell.

Pour sa part, le Bloc québécois estime qu’il faut retourner plusieurs mois en arrière si l’on veut colmater la brèche correctement. « Le 3 janvier, c’est la date sortie d’un chapeau par le gouvernement libéral après laquelle les voyageurs non essentiels ne pouvaient plus toucher la PCMRE. Tous ceux ayant donc voyagé entre octobre 2020 et le 3 janvier 2021 auraient pu toucher indûment ce 1000 $ », a fait valoir le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien.

« Ça n’a aucun sens et au Bloc Québécois, nous voulons nous assurer qu’aucune personne ayant voyagé pour un motif non essentiel ne soit récompensée en touchant ce 1000 $. Voilà pourquoi nous nous sommes opposés à l’adoption immédiate du projet de loi. Nous demeurons déterminés à colmater cette brèche », a-t-il ajouté.

Au début janvier, la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées, Carla Qualtrough, avait promis de déposer, dès la reprise des travaux parlementaires, des mesures législatives afin de corriger cette situation. Une fois adoptées, les mesures législatives devraient être rétroactives au 3 janvier, à moins que le gouvernement accepte les amendements de l’opposition.

Depuis cette annonce, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a modifié lundi le processus de demande de cette prestation pour contrer les abus. En effet, les personnes qui soumettent une demande pour la période débutant le 3 janvier ou à une date ultérieure doivent préciser si elles étaient en isolement ou en quarantaine en raison d’un voyage à l’étranger.

En outre, l’ARC retarde le traitement de ces demandes jusqu’à ce que les mesures législatives que compte adopter le gouvernement Trudeau entrent en vigueur.

« La Prestation canadienne de maladie pour la relance économique a été créée pour offrir aux travailleurs la possibilité de prendre un congé de maladie payé. Nous l’avons créée pour que les travailleurs n’aient pas à choisir entre se rendre au travail alors qu’ils sont touchés par la COVID-19 et nourrir leur famille. La prestation ne visait pas à encourager les Canadiens à désobéir aux lignes directrices de la Santé publique et à celles liées aux voyages à l’étranger », avait affirmé la ministre Qualtrough au début du mois.