« Les relations ont toujours été bonnes avec cette communauté mais les choses ont changé avec le décret sur les rassemblements illégaux. Il faut que ça change car on ne tolérera aucun rassemblement », prévient le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron.

Depuis lundi matin, le chef du SPVM multiplie les entrevues pour dénoncer ce qui s’est passé vendredi soir dans une synagogue d’Outremont, située à l’angle des rues Durocher et Lajoie, alors que des dizaines d’hommes, membres de la communauté hassidique, accompagnés d’enfants, ont « chargé » un cordon de policiers intervenus pour faire respecter le décret sanitaire, pour reprendre ses propres mots.

« Ça n’a pas de bon sens ce qui s’est passé. Parmi ces gens, il y avait des enfants. C’est inacceptable que nos policiers à Montréal se fassent bousculer par un groupe d’une communauté, dans un contexte d’application d’un décret sanitaire », dit-il.

L’intervention, dont la séquence est décrite ci-dessous, a duré deux heures. Les policiers se sont fait traiter de nazis par certains membres de la communauté, dont des enfants.

« Ça aussi, c’est inacceptable. Nous sommes dans une démocratie. Le SPVM donne un excellent service à la population. Je ne dis pas que c’est parfait mais nos policiers sont exemplaires. Les règles du décret sanitaire sont faites pour tout le monde, indépendamment de l’origine, et on ne cible aucune communauté. On applique le décret en fonction des règles qui nous sont édictées et nos avocats nous accompagnent », explique M. Caron.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron.

Plus de 100 personnes se trouvaient dans la synagogue au moment où les policiers s’y sont présentés vendredi. Depuis la veille, un nouveau décret gouvernemental a permis les rassemblements religieux, mais de dix personnes au maximum qui doivent se trouver dans une pièce qui a une porte directe vers l’extérieur, explique M. Caron.

Ce dernier déplore que la collaboration avec la communauté soit difficile, notamment lors de l’identification des contrevenants.

« Ce n‘est pas facile parce que les gens entourent les policiers, et prennent toutes sortes de moyens pour faire de la diversion pour ne pas que nos policiers procèdent. Depuis le début du couvre-feu, on a eu toutes sortes d’interventions à faire auprès des différentes communautés juives hassidiques, dans les postes de quartier 9, 38 ou 26, et ce n’est vraiment pas facile. On a plusieurs rapports d’infractions généraux en rédaction », dit M. Caron.

223 contrevenants identifiés

En fin de semaine, les policiers sont intervenus sur les lieux d’une dizaine de rassemblements illégaux et 223 personnes ont été identifiées, principalement lors des interventions de vendredi soir et de samedi matin dans des synagogues d’Outremont.

Ces 223 personnes et les responsables des synagogues feront éventuellement l’objet de rapports d’infractions généraux (RIG), dont la rédaction est commencée.

À la différence d’un constat émis sur le champ, un RIG est rédigé par des enquêteurs et remis à un procureur pour analyse. C’est un juge qui décidera ensuite de la culpabilité ou non du ou des contrevenants, et du montant de l’amende.

Fait à noter, le SPVM souligne que le décret prévoit que seuls des RIG peuvent être rédigés dans le cas d’un rassemblement illégal dans un lieu de culte, et que des constats ne peuvent y être remis sur le champ.

Trois membres de la communauté ont également reçu un constat pour non-respect du couvre-feu - alors qu’ils se trouvaient sur la rue -, un autre a été arrêté pour entrave au travail des policiers et un dernier pour menaces envers un caméraman.

Des représentants du SPVM doivent discuter avec des membres de la communauté hassidique et du gouvernement lundi. Le chef Caron assure néanmoins que les policiers continueront à être présents près des synagogues et autres lieux de culte.

« Il ne faut pas oublier une chose, il y a des gens dans le secteur qui sont exaspérés de la situation et qui nous appellent. Ces gens, qui sont obligés de se priver de toutes sortes de choses, font les efforts pour respecter le couvre-feu et s’attendent à ce que les policiers agissent. Les règles sont faites pour tout le monde », conclut Sylvain Caron.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

La séquence des évènements

17 h 15 : Un citoyen appelle les policiers pour se plaindre. Il voit des gens qui entrent dans la synagogue située à l’angle des rues Durocher et Lajoie et constate qu’il y a un rassemblement.

17 h 30 : Des patrouilleurs du secteur arrivent sur place. Les portes de la synagogue sont verrouillées. Ils constatent par les fenêtres qu’il y a des gens qui prient à l’intérieur. Ils appellent leurs collègues de la Moralité qui connaissent les règles d’application des décrets sanitaires.

18 h 30 : Des policiers entrent à l’intérieur de la synagogue. Ils constatent la présence de plus de 100 personnes et commencent à identifier les contrevenants.

19 h 30 : Des membres de la communauté forcent un cordon policier devant la porte extérieure en bousculant et en invectivant les agents, et se sauvent dans les rues, certains en courant.

Source : SPVM