(Montréal) Le plan de ventilation des écoles est trop lent au goût de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Elle veut que le gouvernement accélère — tout de suite — la cadence des tests pour s’assurer de la qualité de l’air dans les salles de classe et éviter la contamination de tous par la COVID-19.

Les enfants sont actuellement sur les bancs d’école, dans des classes potentiellement mal ventilées, propices à la propagation du virus, dit-elle.

Et les enseignants sont inquiets pour leurs élèves et pour eux-mêmes, rapporte la FAE, qui regroupe neuf syndicats représentant près de 49 000 enseignants et autres employés du réseau de l’éducation.

Lorsque le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a dévoilé le rapport d’experts tant attendu sur la qualité de l’air dans les écoles, le 8 janvier dernier, seule une fraction des salles de classe avaient été testées, dans 10 % des écoles québécoises.

Et les autres ? « Ça va prendre un certain temps », disait ce jour-là le ministre Roberge.

Les élèves et leurs professeurs sont donc rentrés en janvier dans bon nombre de classes non testées, souligne le syndicat, qui soutient avoir appris par les centres de services scolaires que la série de tests sera terminée vers la mi-mars.

C’est trop lent, dit la FAE.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Sylvain Mallette, président de la FAE

Si les tests sont complétés en mars, quand les correctifs seront-ils apportés aux classes problématiques ?, demande le président du syndicat, Sylvain Mallette. En avril ? En mai ?

C’est trop tard : « le virus, lui, n’attend pas ».

Au ministère de l’Éducation, on fait valoir que l’échéancier fixé pour les tests de qualité de l’air est plus serré que cela. La fin du mois de mars n’est que le délai fixé pour la transmission des données au ministère, explique-t-on. Dans la directive transmise au réseau scolaire, la totalité des écoles ventilées naturellement doivent avoir terminé leurs tests au 28 février, et au 15 mars pour celles qui sont ventilées mécaniquement.

Toutefois, cette directive indique aussi que toutes les classes ne seront pas testées individuellement, mais plutôt « un échantillonnage exhaustif de chaque type de classe pour chaque bâtiment scolaire ».

La FAE demande aussi au gouvernement de resserrer son plan qui vise à régler les problèmes de ventilation et d’aération quand ils seront décelés.

Québec recommande que les concentrations de CO2 ne dépassent pas 1000 ppm (parties par millions) dans les établissements d’enseignement. Il a aussi fixé un ordre de priorité. Si la concentration de CO2 est supérieure à 2000 ppm, « des mesures correctives immédiates doivent être mises en place ». Si la concentration de CO2 est entre 1500 et 2000 ppm, les mesures doivent être mises en place « rapidement » et enfin, entre 1000 et 1500 ppm, il est mentionné « dans les meilleurs délais ». Un suivi est exigé par le ministère.

Ce n’est pas suffisant pour M. Mallette. Dès que le seuil de 1000 ppm est dépassé, des actions doivent être prises immédiatement, insiste-t-il.

Et s’il n’y a pas assez de ressources pour réaliser ces tests rapidement, « il faut donner les moyens de le faire ».

Cela va aider le gouvernement à réaliser son objectif : garder les écoles ouvertes, un objectif qui est aussi celui de la FAE et de ses membres, rappelle M. Mallette.

Et il y a urgence d’agir, dit-il. La preuve : le couvre-feu qui vient d’être imposé démontre la gravité de la situation, souligne le président.

La FAE estime aussi qu’il y a des failles méthodologiques dans le rapport réalisé pour le compte du ministère de l’Éducation. Les concentrations de CO2 ont parfois été mesurées dans des classes sans élèves, ou dans des classes qui venaient tout juste d’être ventilées, donne en exemple M. Mallette, expliquant que la FAE a retenu les services de la docteure Nimâ Machouf, chercheuse et épidémiologiste, pour analyser le rapport gouvernemental.

Ces problèmes soulevés militent en faveur d’une accélération du calendrier des tests, ajoute M. Mallette.

Au ministère de l’Éducation, on maintient que les tests de qualité de l’air ont été effectués de façon rigoureuse en respectant une démarche scientifique « établie conjointement avec la Santé publique » et validée par celle-ci.

Le ministère précise que trois échantillons d’air ont été prélevés pour chaque classe afin que les résultats des tests représentent les conditions réelles vécues dans les classes (au début des cours, au milieu et à la fin, en présence d’élèves).

Dès qu’une seule de ces mesures dépasse le seuil établi, des correctifs sont demandés. « Nous ne faisons pas de compromis sur la santé de ceux qui fréquentent notre réseau scolaire », a indiqué par courriel le bureau du ministre Roberge.