(Ottawa) Avant de pouvoir aller se balader sous le soleil de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, la Canadienne Kristina Jenei et son mari ont dû s’isoler pendant 14 jours dans un hôtel dès leur arrivée de Vancouver. Une recette de quarantaine néo-zélandaise qu’un regroupement d’hôteliers serait fort aise d’importer au Canada.

Comme c’est le cas pour la frontière canadienne, celle de la nation du Pacifique Sud est fermée aux voyageurs étrangers, avec quelques exceptions. Comme c’est le cas pour les Canadiens, les Néo-Zélandais ont conservé le droit de voyager. Mais contrairement à Ottawa, Wellington les garde très étroitement à l’œil.

Dans un premier temps, personne ne peut monter à bord d’un avion à destination de la Nouvelle-Zélande sans avoir en sa possession un forfait hôtelier.

Tout citoyen qui a décidé de se payer des vacances à l’étranger en dépit des règles qui sont en vigueur depuis août doit payer environ 2800 $ CAN pour ce séjour en isolement (860 $ pour chaque adulte additionnel, 430 $ pour les enfants de 3 à 17 ans), lit-on sur le site du gouvernement.

PHOTO FOURNIE PAR KRISTINA JENEI

« Le suivi sanitaire était très rigoureux », explique la Canadienne Kristina Jenei.

Le séjour à l’hôtel – le gouvernement a créé des partenariats avec des établissements – est payé pour certains. Par exemple, un citoyen et sa compagne ou son compagnon qui vont au pays pour y rester plus de trois mois n’ont pas à sortir leur portefeuille.

Ce fut le cas de Kristina Jenei et de son conjoint natif de la Nouvelle-Zélande.

Après avoir atterri à Auckland, où sont centralisées les arrivées de vols internationaux, ils ont été envoyés illico dans l’un des points de chute, se souvient la diplômée de l’École nationale de santé publique de l’Université de Colombie-Britannique.

« L’hôtel était vraiment très bien ; la nourriture était excellente, et le suivi sanitaire était très rigoureux. Chaque jour, on recevait un appel, entre autres au sujet de l’état de notre santé mentale », relate-t-elle en entrevue.

Deux semaines et autant de tests de dépistage plus tard, elle et son mari ont pu se rendre à leur destination finale, Christchurch, dans l’île du Sud, où ils doivent passer au moins les six prochains mois avant de peut-être rentrer à Vancouver.

PHOTO FOURNIE PAR KRISTINA JENEI

Après deux tests de dépistage, Kristina et son conjoint ont pu transiter vers Christchurch, leur destination finale.

Là, ils ne savent pas trop ce qui les attendra.

Mais chose certaine, ce que Kristina Jenei a vu en Nouvelle-Zélande l’a convaincue de l’efficacité des mesures décrétées dans ce pays où le compteur du nombre de cas actifs de COVID-19 est déjà tombé à zéro, et où l’on comptait 85 cas actifs en date du 18 janvier.

Si, au jeu des comparaisons, on doit se montrer prudent – la Nouvelle-Zélande est une île, et elle n’a pas comme voisin les États-Unis –, la règle contraignant tout voyageur à mettre de côté quelques milliers de dollars de plus dans son budget de vacances est d’une redoutable efficacité, juge la Canadienne.

« C’est une mesure très dissuasive. S’il y a bien une chose qui parle aux gens, c’est le portefeuille, lance-t-elle en riant. On a des cas de voyageurs ici, mais ces cas, ils sont interceptés dans le processus, et donc, cela empêche la transmission communautaire de la COVID-19. »

Le secteur hôtelier intéressé

De retour au Québec, on se dit plus qu’alléché par ces mesures à la sauce néo-zélandaise.

Déjà, au début de la pandémie, quand il fallait rapatrier tout le monde qui revenait de l’étranger, on a levé la main.

Xavier Gret, président et directeur général de l’Association Hôtellerie Québec

« On a été présents pour accueillir ce type de clientèle, et on serait prêts à le refaire », affirme dans un entretien Xavier Gret, président et directeur général de l’Association Hôtellerie Québec (AHQ).

« On est l’industrie la plus touchée ; à Montréal et à Québec, les taux d’occupation ne dépassent pas les 10 %, bien souvent », insiste M. Gret, qui signale ne pas avoir eu d’échange récemment avec Ottawa ou avec Québec au sujet d’une possible contribution du secteur.

« Ils connaissent notre numéro de téléphone », conclut-il.