Alors que les autorités gouvernementales s’inquiètent de plus en plus de la propagation des nouveaux variants au Canada, les voyageurs revenant de Punta Cana rencontrés mardi soir à l’aéroport Montréal-Trudeau étaient très à l’aise avec leur choix de partir à l’étranger. Selon eux, les mesures en place sont suffisamment sécuritaires pour circonscrire la propagation du virus.

« Je trouve qu’on attaque trop les voyageurs dans tout ça. Au final, c’est surtout la responsabilité de chacun de se protéger en revenant. Chaque personne doit faire sa part, et parmi les voyageurs, je trouve que la plupart le font. On prend toutes les précautions », a lancé Branny Hernandez, rencontré à son arrivée.

À ses yeux, les protocoles sanitaires sont très stricts dans le Sud. « Les mesures sont très bien appliquées et on doit présenter notre plan de retour ainsi qu’un test COVID. Sinon, on n’embarque pas dans l’avion », a-t-il fait valoir, en précisant qu’il n’avait eu « aucun problème » à obtenir un test de dépistage. Le jeune homme, qui s’est rendu en République dominicaine pour régler son divorce, a toutefois admis que plusieurs pourraient éviter de voyager dans le contexte.

C’est sûr qu’on pourrait réduire, parce qu’il y a beaucoup de monde qui voyage juste pour le plaisir. Si ce n’est pas nécessaire, je suis d’accord qu’il vaut mieux éviter dans le contexte actuel.

Branny Hernandez, qui a par ailleurs promis de respecter sa quarantaine de 14 jours

De son côté, un couple rencontré à l’aéroport mardi affirme que les risques étaient minimes. « On y a été le mois passé et on vient d’y retourner. Ça a super bien été. On n’a eu aucune difficulté. Si on respecte les consignes, il n’y a pas de problème », a confié le conjoint, qui a préféré conserver l’anonymat par crainte de représailles.

« C’est très sérieux avec les règles »

Pour Sylvie, qui revenait aussi de République dominicaine, l’attitude des gouvernements à l’égard des voyageurs est « une vraie joke ». « On va trop loin avec ça. Moi, je l’ai vécu. Je peux vous dire que là-bas, il n’y en a pas d’animation, de soirées ou de musique. Là-bas, c’est très sérieux avec les règles », a-t-elle lâché.

« Le masque est obligatoire en tout temps et presque partout. C’est seulement une fois sur ta chaise longue que tu peux l’enlever. Ils prennent aussi la température trois fois par jour », a tonné la Québécoise, qui a eu recours à une clinique privée pour obtenir son test négatif avant de revenir au pays.

David abondait dans le même sens. « Tout était sécuritaire et ça s’est bien fait. J’ai personnellement choisi d’aller à Punta Cana au lieu du Mexique, parce que je savais qu’il y avait moins de cas. C’est sûr que je n’irai pas dans un pays où il y a beaucoup d’infections », a-t-il noté.

Avec tout près de 195 000 cas déclarés et plus de 2400 décès liés à la COVID-19, la République dominicaine est certes moins touchée que le Mexique, mais demeure dans une situation fragile. En début de semaine, 1848 cas ont été signalés en une seule journée. Entre le 5 et le 18 janvier, on y a recensé tout près de 20 000 infections.

« 99 % du problème » est ailleurs, dit Air Transat

Selon le transporteur québécois Air Transat, qui exploitait le vol en provenance de Punta Cana mardi soir, le voyage représente « une toute petite partie des contaminations ». « C’est 1 % en janvier et 0,4 % en décembre, d’après l’Agence de la santé publique du Canada », a rappelé son porte-parole, Christophe Hennebelle.

La situation s’explique selon lui par le nombre « extrêmement réduit » de vols, qui atteint entre 5 et 10 % de la capacité normale, d’autant plus que les mesures « viennent encore d’être renforcées par l’obligation de tests PCR ». « L’attention énorme qui est consacrée [aux voyages] depuis quelques semaines devrait se consacrer au moins en partie aux 99 % du problème qui sont ailleurs », a martelé le responsable.

Mardi, le premier ministre François Legault a dit « ne pas comprendre qu’une personne décide d’aller à Punta Cana ou à Cancún dans un tout-inclus » actuellement. Le chef de la Coalition avenir Québec, qui se dit « fâché » par la situation, a d’ailleurs pressé le gouvernement fédéral d’interdire les voyages non essentiels à l’étranger, alors qu’un nouveau cas du variant britannique a été détecté au Québec.

À Ottawa, Justin Trudeau a pour sa part imploré les Canadiens qui avaient prévu un voyage de faire une croix sur leur projet, assortissant son plaidoyer d’une mise en garde : de nouvelles mesures contraignantes pourraient être décrétées sans préavis. « Avec ces nouvelles mutations, les circonstances pourraient changer très rapidement », a prévenu le chef libéral.

Christophe Hennebelle, lui, réclame surtout plus de transparence. « Une mesure d’interdiction aurait le mérite de la clarté. On ne peut pas demander à des compagnies qui se battent pour leur survie de continuer à opérer tout en les empêchant d’avoir des clients. Si le gouvernement estime que c’est la chose à faire, qu’il le fasse, mais qu’il prenne ses responsabilités et vienne en aide à l’industrie du voyage, que le Canada est un des seuls pays à ne pas avoir aidée », conclut-il.