Alors que le nombre de cas explose en Israël, pays le plus avancé dans la vaccination contre la COVID-19, des inquiétudes apparaissent sur les premiers résultats de cette campagne d’immunisation. Vendredi dernier, un groupe d’hôpitaux israéliens a dévoilé que seulement 33 % des patients vaccinés étaient immunisés 14 jours après la première dose. C’est beaucoup moins que la protection de 90 % avancée par certains.

Intervalle de confiance

« Tout ça vient de l’analyse des données de l’étude publiée par Pfizer et BioNTech dans le New England Journal of Medicine », explique Frédéric Ors, PDG d’IMV, une entreprise de Québec qui est sur le point de commencer un essai de phases I et II pour un vaccin contre la COVID-19. « Concrètement, l’étude dit que la protection est de 52 % entre la première et la deuxième dose. Mais l’intervalle de confiance va de 29 % à 68 %. Alors 33 % au jour 14, c’est dans l’intervalle de confiance. Les études cliniques n’ont pas tant de participants que ça, 20 cas de plus dans un groupe, ça change beaucoup les chiffres. » La deuxième dose était donnée 21 jours après la première. L’intervalle de confiance est une convention statistique regroupant 95 % des cas enregistrés. L’intervalle de confiance est aussi utilisé dans les sondages, d’où le célèbre « 19 fois sur 20 » (95 %).

Le fameux graphique

Le graphique à la source des estimations de protection de la première dose donne le nombre de cas de COVID-19 avec symptômes, chaque jour après la première dose de vaccin, dans le groupe ayant reçu un placebo, une injection avec une solution saline, et dans celui ayant reçu le vrai vaccin. Le taux d’infection est similaire jusqu’au jour 10 dans les deux groupes. À partir de cela, le taux reste stable dans le groupe vaccin, à environ 0,2 %. Il n’y a donc presque pas de nouveaux cas dans le groupe vaccin, ce qui démontre qu’il protège. Dans le groupe placebo, le taux cumulatif d’infection continue à grimper au même rythme qu’avant le jour 10, arrivant à 0,4 % au jour 21, à 0,85 % au jour 42 (7 semaines) et à 1,6 % après 80 jours. L’étude, publiée à la mi-décembre dans le New England Journal of Medicine, précise que le taux de protection dans les sept jours après la deuxième dose (jours 22 à 28) est de 91 % et sept jours après la deuxième dose (jour 29), de 95 %. « Il y a des gens qui ont exclu les dix premiers jours après la première dose sous prétexte que le vaccin n’est pas actif au début, dit M. Ors. Certains ont considéré que l’efficacité d’une première dose peut inclure la semaine après la seconde dose, parce que la seconde dose n’a pas un effet immédiat. »

Maturation des anticorps

La deuxième dose peut avoir un effet beaucoup plus important que la première dose parce qu’elle ne se limite pas à augmenter le nombre d’anticorps. « Elle accélère la maturation des anticorps, dit M. Ors. Les meilleurs anticorps sont sélectionnés, alors la qualité moyenne des anticorps est améliorée après la deuxième dose. Si on veut contrôler l’épidémie, il faut une bonne protection, surtout si les gens vaccinés continuent à propager le virus. Retarder la deuxième dose pour vacciner plus de gens, c’est une décision difficile à prendre pour les autorités de santé publique, c’est sûr. »

Le vaccin d’IMV

En octobre, Santé Canada a autorisé IMV à lancer son essai clinique sur son vaccin, pourvu qu’elle termine des études précliniques. M. Ors pensait terminer ces essais précliniques avant Noël, mais finalement, elles se poursuivent encore. « Ça nous donne l’occasion d’étudier les variants, pour voir s’ils ont un impact sur l’efficacité du vaccin, dit M. Ors. De toute façon, on n’était pas dans la course pour la première vague de vaccination, on vise le long terme. » Les études précliniques seront terminées d’ici avril. « Ça nous donnera le temps d’inclure les nouveaux variants, ceux du Brésil et du Japon. »

Confinement prolongé en Israël

Le gouvernement israélien a décidé mardi de prolonger jusqu’à la fin de janvier les mesures de confinement et d’exiger des tests négatifs à la COVID-19 pour entrer au pays, après un nombre record de contaminations malgré une campagne intensive de vaccination. En dépit de la campagne qui a permis de vacciner le quart de sa population, Israël a enregistré ces dernières 24 heures un peu plus de 10 000 cas de contamination, un record quotidien. « Il y a plusieurs explications, la première est que les mutations se transmettent plus rapidement », a indiqué à l’AFP Boaz Lev, chef du comité consultatif du ministère de la Santé sur les vaccins. C’est aussi « lié au degré du respect des règles du confinement. […] Les mariages, les rassemblements, les écoles ouvertes chez les ultraorthodoxes, tout ça joue un rôle dans la propagation ».

– Avec l’Agence France-Presse