Les critiques soulevées concernant le respect de la quarantaine chez les voyageurs aériens qui rentrent au pays ont incité Ottawa à faire appel à des agences de sécurité privées pour améliorer la surveillance.

Après les vacances des Fêtes, le gouvernement fédéral a conclu des ententes avec d’importantes firmes de sécurité présentes au Québec et ailleurs au Canada pour s’assurer que les nombreux voyageurs qui reviennent au pays respectent les mesures sanitaires mises en place pour lutter contre la propagation de la COVID-19, selon ce qu’a appris La Presse.

« Nous avons été retenus pour soutenir le gouvernement canadien dans le respect des règles de quarantaine mises en place pour limiter la propagation de la COVID-19 », confirme Marc Parent, chef de la direction du Corps canadien des commissionnaires, division Québec.

« Nous allons déployer nos agents pour aller carrément aux résidences des voyageurs classés en quarantaine et vérifier leur présence à la maison », ajoute M. Parent, dont l’employeur est un organisme à but non lucratif qui a comme mission sociale d’offrir des emplois aux anciens militaires canadiens.

Selon M. Parent, quelques centaines d’agents du Corps canadien des commissionnaires, dont une vingtaine au Québec, seront affectés uniquement à ce nouveau mandat. On ignore pour le moment les coûts de cette entente entre l’OBNL et le gouvernement.

L’objectif est aussi de dégager les policiers. Nos employés sont d’anciens militaires. Ils ont déjà une certaine expertise et sont habitués à ce genre de mandat.

Marc Parent, chef de la direction du Corps canadien des commissionnaires, division Québec

« Des entreprises où travaillaient nos agents ont cessé leurs activités en raison de la pandémie, et ce mandat nous permettra de récupérer des ressources. Nos gens seront formés adéquatement », ajoute Marc Parent.

Les efforts de surveillance seraient davantage concentrés dans les régions de Montréal et de Toronto, nous a-t-on dit.

Selon des sources, Garda World a également été pressentie par le gouvernement fédéral.

Le géant international de la sécurité n’a toutefois pas voulu confirmer nos informations. « Pour des raisons de sécurité, nous ne partageons jamais la liste de nos clients. Nous vous invitons directement à communiquer avec l’Agence de la santé publique du Canada afin d’avoir les réponses à vos interrogations », a répondu par courriel un porte-parole de Garda World.

Habituellement, les gouvernements prennent contact avec plusieurs entreprises, pour ne pas en privilégier une au détriment des autres.

Chez Gardium, le président, Dany Laflamme, n’a pas voulu non plus confirmer quoi que ce soit en raison des ententes de confidentialité signées entre l’entreprise et ses clients.

« C’est sûr que l’industrie de la sécurité privée peut aider le gouvernement. Nous le faisons déjà dans les secteurs de la santé et des usines depuis le début de la pandémie », a toutefois ajouté M. Laflamme, dans son rôle de président de l’Association provinciale des agences de sécurité.

Ottawa a toutefois refusé de confirmer le recours à des firmes de sécurité privées.

Résultats mitigés

L’application de la Loi sur la mise en quarantaine semble donner des résultats mitigés et se heurte à certains écueils. En plus de s’appuyer en bonne partie sur un système d’appels automatisés aléatoire, elle repose sur les épaules de forces policières de divers paliers qui se renvoient la balle entre elles et qui tentent tant bien que mal de faire respecter les consignes avec les effectifs disponibles.

Depuis le mois de mars 2020, plus de 255 000 voyageurs sont arrivés par des vols internationaux seulement à l’aéroport Trudeau, à Montréal, selon Statistique Canada.

Entre le 25 mars 2020 et le 5 janvier 2021, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a recensé 126 contraventions (le montant de l’amende est de 275 $ à 1000 $), 8 mises en accusation, 196 avertissements verbaux et 22 avertissements écrits à travers tout le Canada.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) dit avoir imposé au 1er janvier 2021, à travers le pays, 85 amendes totalisant 82 656,25 $ à des personnes en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine.

La GRC ajoute avoir « pris des mesures à l’égard d’environ 52 917 voyageurs signalés par l’ASPC pour faire l’objet d’un suivi », ce qui consistait le plus souvent en une visite pour voir si le voyageur était bien en quarantaine.

Les partis de l’opposition à Ottawa exhortent le gouvernement fédéral à vite corriger le tir. En conférence de presse, vendredi dernier, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que les libéraux allaient continuer de « s’assurer que les mesures qui sont en place sont les bonnes pour protéger les citoyens » en ce qui a trait à l’encadrement du retour des voyageurs.

– Avec Mélanie Marquis et Thomas de Lorimier, La Presse

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