Il faut cesser de montrer du doigt les écoles pour expliquer l’augmentation des cas de COVID-19 dans la communauté, plaident une centaine de médecins dans une lettre ouverte publiée à quelques heures de l’annonce de Québec sur un nouveau reconfinement.

La contribution des écoles et des enfants à la pandémie est plus faible que ce que l’on pense, expliquent les signataires de la lettre à la lumière d’une revue de la littérature scientifique.

« Pour beaucoup de personnes, les écoles sont la cause de la deuxième vague et si on garde les écoles ouvertes on perd le contrôle de la pandémie », souligne la docteure Catherine Dea, professeure adjointe de clinique à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et auteure principale de la lettre.

Elle dit avoir pris la plume parce que « beaucoup de faussetés se disaient de part et d’autre ». Par exemple, les médias rapportent souvent le nombre de cas dans les écoles et le nombre de classes atteintes, mais il faut faire attention avec ces chiffres, poursuit la spécialiste en santé publique et médecine préventive.

« Il faut faire la nuance entre un cas qui a exposé une école versus un cas qui a été acquis à l’école. Ça prend vraiment une étude épidémiologique pour déterminer où l’enfant ou le membre du personnel a contracté la COVID-19 », indique Catherine Dea. La majorité des cas rapportés dans les écoles ont été attrapés à la maison, poursuit la médecin.

Fermer les écoles rend le traçage des cas plus difficiles, estiment les médecins. « On sait que lorsque les écoles sont fermées, les adolescents, par exemple, se rassemblent de manière clandestine. Le traçage des contacts est beaucoup plus difficile quand les jeunes ont attrapé ça ailleurs, alors que les écoles sont des milieux contrôlés et souvent, on détecte les éclosions hyper-rapidement », explique Catherine Dea.

Québec annoncera en fin de journée de nouvelles mesures pour tenter d’endiguer la hausse des cas de COVID-19 dans la province. Le message que ces médecins veulent envoyer au gouvernement Legault est clair : fermer les écoles plus longtemps n’est pas une bonne idée.

« On voit déjà les conséquences : plusieurs cliniciens qui ont signé la lettre ont sonné l’alarme sur les problèmes de santé mentale en augmentation chez les jeunes. Ils voient beaucoup de troubles dépressifs. On est en train de créer une crise de santé mentale des jeunes, sans parler de la réussite éducative », souligne la docteure Dea.

Rouvrir les écoles rapidement ne veut pas dire qu’il faut « s’asseoir sur nos lauriers ». « Il y a des études qui ont estimé les coûts pour améliorer la ventilation dans les écoles et ce n’était pas énorme, je pense qu’on pourrait aller de l’avant. Ça pourrait être porteur pour améliorer la qualité de l’air après la pandémie », affirme la Dre Dea.