(Montréal) Les prochains bilans sur les nouveaux cas de COVID-19 seront scrutés à la loupe par les experts, la tendance semblant être à la hausse au cours des derniers jours.

« C’est dans la prochaine semaine que l’on devrait voir dans les données s’il y a eu des rassemblements pendant les Fêtes », affirme le directeur du Groupe de recherche en modélisation mathématique des maladies infectieuses de l’Université Laval, Marc Brisson.

Mais les plus récentes données sont inquiétantes. Depuis le 18 décembre, le Québec rapporte chaque jour plus de 2000 nouveaux cas de COVID-19.

Selon l’épidémiologiste à l’École de santé publique de l’Université de Montréal Benoît Mâsse, les effets de la réduction des contacts depuis le 17 décembre — jour de la fermeture des écoles et du retour au télétravail — auraient dû se refléter dans les bilans quotidiens de la dernière semaine.

« Je m’attendais sincèrement à voir une réduction des nouvelles infections vers le 28 ou le 29 décembre », confie-t-il.

Dans la majorité des cas, il y a un délai d’environ 10 jours entre le moment où une personne est infectée par la COVID-19 et le moment où elle est déclarée positive.

« Si les chiffres continuent d’augmenter au rythme des derniers jours, il sera clair que la réduction de contacts qui a été imposée à partir du 17 décembre n’aura pas été suffisante », assure M. Mâsse.

Cependant, il ajoute que « si nous n’avions pas mis en place ces mesures, peut-être que nous aurions plus de 3000 cas par jour aujourd’hui ».

Tout comme M. Brisson, l’épidémiologiste est d’avis que les données des prochains jours permettront d’évaluer le respect des mesures par les Québécois la veille et le soir de Noël.

Les répercussions sur les hospitalisations devraient aussi se faire sentir prochainement, si la réduction des contacts a bien fonctionné.

Toutefois, « il commence à se faire tard », selon lui.

« Si on avait assez réduit nos contacts, on devrait voir les impacts positifs présentement, mais ce qui n’est pas le cas. Alors, c’est drôlement inquiétant pour la suite. »

Pas la faute des voyageurs

Selon M. Mâsse, même si les personnes qui ont choisi de quitter le pays pendant le congé des Fêtes ont retenu l’attention au cours des derniers jours, ce n’est pas à eux que l’on doit attribuer les chiffres élevés de la dernière semaine.

« C’est vraiment de la transmission communautaire qui se fait à grande échelle au Québec », résume-t-il.

Pour expliquer l’importante transmission du virus récemment, l’épidémiologiste note que les « bulles familiales » passent plus de temps ensemble pendant les Fêtes, ce qui peut augmenter le risque qu’un membre de la famille qui est atteint de la COVID-19 contamine les autres.

« Je le vois même dans ma famille, poursuit M. Mâsse. On est plus collés les uns sur les autres que nous l’étions cet été ou en septembre, lorsque l’on pouvait manger ou faire d’autres activités à l’extérieur. »

Marc Brisson, de l’Université Laval, ajoute que cet élément se reflète aussi dans les statistiques.

« Même si le nombre de contacts est demeuré plutôt stable dans les dernières semaines, on remarque un changement dans le type de contacts », explique-t-il.

La « probabilité de transmission » du virus, c’est-à-dire la possibilité qu’une personne malade en infecte une autre, serait donc plus élevée.

Des décisions difficiles pour la suite

Le prochain bilan des cas de COVID-19 au Québec sera publié dimanche. Il présentera les chiffres pour la journée du 31 décembre, ainsi que ceux des 1 et 2 janvier.

Ce bilan, comme celui des autres jours de la prochaine semaine, sera attendu de pied ferme par les experts, puisqu’ils jugent que le gouvernement devra agir si les chiffres sont toujours à la hausse.

« Ce serait difficile de justifier la réouverture des écoles le 11 janvier si les cas continuent d’augmenter », estime Benoît Mâsse. Les écoles sont d’importants lieux de transmission, dit-il.

Depuis le début de la pandémie, plus de 17 000 élèves et 4000 membres du personnel ont contracté la COVID-19 dans le réseau de l’éducation.

Les écoles et les commerces non essentiels doivent rouvrir le 11 janvier, selon ce qu’avait annoncé le gouvernement avant la pause des Fêtes.

En conférence de presse, mardi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a indiqué qu’il était encore « trop tôt » pour déterminer s’il serait nécessaire de prolonger les mesures de confinement.

Dans son dernier bilan, publié le 31 décembre, le Québec a rapporté 2819 nouveaux cas de COVID-19. Un total de 1175 personnes étaient hospitalisées, et 165 d’entre elles se trouvaient aux soins intensifs.