Après 10 mois de pandémie, force est d’admettre que tout ce que la COVID-19 a entraîné n’est pas bon à mettre à la poubelle. Certaines habitudes, adoptées de gré ou de force, pourraient gagner à être conservées. Exemples.

Plus de cours en plein air

À la session d’automne, l’éducation en plein air est apparue comme une solution pour faciliter la distanciation physique, mais aussi pour réduire le stress des étudiants. La proposition a séduit plusieurs établissements, dont l’Université de Sherbrooke, qui a aménagé 11 classes extérieures, équipées de WiFi, en septembre et en octobre. Résultat : « Ça s’est suffisamment bien passé pour qu’on réitère dès l’été prochain », dit Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, professeur à la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke et ardent défenseur de cette approche pédagogique interactive. Grâce à une subvention du ministère de l’Éducation, M. Ayotte-Beaudet et son collègue de la faculté des sciences de l’éducation physique Félix Berrigan mènent une enquête auprès des enseignants québécois, de Montréal à Saguenay en passant par Val-d’Or et Lac-Mégantic, sur les pratiques en éducation à ciel ouvert. « On sait que beaucoup de gens ont fait de l’éducation en plein air. Chose certaine, on ne parle pas d’initiatives anecdotiques qu’on compte sur les doigts d’une main. Il y a des milieux à travers le Québec, signale M. Ayotte-Beaudet. La pédagogie en plein air, de façon très large, va être un legs de la pandémie. Une fois que ce sera derrière nous, on pourra maximiser son plein potentiel. »

— Suzanne Colpron, La Presse

Moins de déplacements, moins de pollution

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le télétravail pourrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre en réduisant la circulation automobile.

Avec le confinement du printemps, beaucoup d’employés se sont retrouvés pour la première fois en télétravail, et nombre d’entre eux y ont pris goût. En plus d’offrir de la flexibilité, cette formule contribuerait à réduire les trajets en auto solo, donc les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui en découlent. Le professeur Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, a fait une estimation pour nous à partir des moyennes de Transports Canada pour le Québec. Selon ces données, un véhicule léger parcourt 47,3 kilomètres par jour et consomme 11,9 litres aux 100 kilomètres. Puisque 20,3 % de ces déplacements sont attribués au travail (une estimation prudente, puisque près de 31 % des déplacements sont par ailleurs « non classés »), cela fait 9,6 km et 1,14 litre d’essence, donc 2,7 kg de GES, par jour pour le travail. Sur une année, cela pourrait représenter une réduction intéressante, mais ce n’est toutefois pas gagné, car certains employeurs ont encore des réticences. Les PME québécoises déplorent des reculs en ce qui concerne la cohésion d’équipe (53 %) et la facilité de communication avec le personnel (36 %), signale notamment la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante dans un sondage publié à la fin d’octobre.

— Ariane Krol, La Presse

Une meilleure reconnaissance du travail des préposés aux bénéficiaires

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La situation précaire dans les CHSLD lors de la première vague de COVID-19, au printemps, a notamment été causée par le manque chronique de préposés aux bénéficiaires, selon le premier ministre François Legault.

La situation précaire dans les CHSLD lors de la première vague de COVID-19, au printemps, a notamment été causée par le manque chronique de préposés aux bénéficiaires, selon le premier ministre François Legault. À la fin du mois de mai, M. Legault a annoncé la création de 10 000 postes de préposé aux bénéficiaires, rémunérés 49 000 $ par an. Moins d’une semaine après la mise en ligne de la plateforme d’inscription pour la formation accélérée, plus de 90 000 personnes avaient démontré leur intérêt. « C’était une belle surprise », affirme Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). En tout, 11 577 candidats ont entrepris la formation et, trois mois plus tard, 7073 préposés aux bénéficiaires intégraient le réseau de la santé. Aujourd’hui, 96 % d’entre eux sont toujours en poste. « C’est un bon début. Ça va aider pour la période de Noël », dit M. Begley.

— Alice Girard-Bossé, La Presse

La science plus ouverte

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Afin de faciliter la recherche et l’échange d’informations sur la COVID-19, la communauté scientifique a partagé ouvertement ses recherches et les grandes revues scientifiques ont abandonné les frais d’abonnement pour les articles liés à la COVID-19, les rendant ainsi accessibles à tous.

Afin de faciliter la recherche et l’échange d’informations sur la COVID-19, la communauté scientifique a partagé ouvertement ses recherches et les grandes revues scientifiques ont abandonné les frais d’abonnement pour les articles liés à la COVID-19, les rendant ainsi accessibles à tous. Cette approche dite de la science ouverte permet de favoriser la collaboration entre les chercheurs, la transparence et la multidisciplinarité. Alors que près de 100 % des articles de recherche publiés sur le nouveau coronavirus sont offerts en libre accès, moins de 30 % des articles de recherche sur le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires le sont. Bon nombre de chercheurs espèrent que la pandémie aura permis de favoriser l’approche de la science ouverte dans tous les domaines.

— Alice Girard-Bossé, La Presse

Le jardinage

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La pandémie a suscité un enthousiasme indéniable pour le jardinage. D’un océan à l’autre, 51 % des Canadiens affirment avoir fait pousser au moins une variété de fruit ou de légume cette année, dont 17,4 % pour la première fois.

La pandémie a suscité un enthousiasme indéniable pour le jardinage. D’un océan à l’autre, 51 % des Canadiens affirment avoir fait pousser au moins une variété de fruit ou de légume cette année, dont 17,4 % pour la première fois, montre un rapport publié cet automne par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Selon le coup de sonde, 67 % des nouveaux jardiniers affirment que c’est la pandémie qui a influencé leur décision de commencer à cultiver des aliments à la maison. Cette tendance est-elle là pour de bon ? Possiblement, car il s’agirait plus que d’un loisir de confinement. Des millions de litres de lait jetés à la ferme, des poussins euthanasiés, des récoltes abandonnées au champ faute de main-d’œuvre : la crise sanitaire a mis à rude épreuve la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Lors de la publication des résultats, le directeur du laboratoire, le professeur Sylvain Charlebois, avait analysé que les Canadiens avaient ainsi voulu « prendre le contrôle ni plus ni moins de leur propre chaîne d’approvisionnement alimentaire durant une grande période d’incertitude ».

— Daphné Cameron, La Presse

Plus d’espace pour les animaux

PHOTO MAY JAMES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

On a observé des dauphins dans le port de Hong Kong, les eaux étant plus silencieuses une fois les traversiers mis à l’arrêt, à l’automne.

La plupart des grandes villes canadiennes ont connu une amélioration impressionnante de la qualité de l’air au cours des derniers mois, ce qui a notamment permis à des animaux sauvages de se réapproprier les espaces qu’ils avaient délaissés au profit de l’activité humaine. On a ainsi entre autres observé des dauphins dans le port de Hong Kong, les eaux étant plus silencieuses une fois les traversiers mis à l’arrêt, à l’automne. Une étude réalisée par des scientifiques de l’Institut de recherche sur l’impact des changements climatiques à Potsdam, en Allemagne, a découvert qu’au cours des six premiers mois de cette année, 8,8 % de dioxyde de carbone en moins a été émis par rapport à la même période en 2019, soit une diminution totale de 1551 millions de tonnes.

— Alice Girard-Bossé, La Presse