Plus contagieux, probablement moins virulent. Les données qui émergent de plusieurs pays sur le variant Omicron ces jours-ci sont relativement rassurantes, estiment les experts. Mais la forte contagiosité du variant pourrait tout de même entraîner une hausse du nombre de patients hospitalisés.

Le portrait se dessine

Selon de premières études provenant de l’Afrique du Sud, de l’Écosse et du Royaume-Uni dans son ensemble publiées ces derniers jours, Omicron semble entraîner moins d’hospitalisations que Delta. Il se révèle toutefois beaucoup plus contagieux. « C’est une bonne nouvelle, mais il faut prendre en compte que si on a plus de cas, on va quand même avoir plus de personnes hospitalisées. Notre système de santé n’est pas à l’abri de se retrouver débordé », indique Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM. Au Québec, le premier cas du variant Omicron a été détecté le 29 novembre. Moins d’un mois plus tard, il représente déjà plus de 80 % des nouveaux cas. Le nombre de cas du variant Omicron, en hausse fulgurante dans la province, pourrait entraîner une hausse du nombre de patients hospitalisés. Même s’il est considéré pour le moment comme moins mortel, le variant Omicron pourrait théoriquement entraîner un grand nombre de morts. « En ce moment, on voit une augmentation marquée des cas d’infections. Donc, on doit s’attendre à ce que le nombre d’hospitalisations monte. Il restera à savoir jusqu’à quel point », indique le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

Moins grave

Selon une étude de l’Imperial College de Londres, au Royaume-Uni, les personnes infectées par le variant Omicron sont environ 20 % moins susceptibles d’aller à l’hôpital que celles infectées par le variant Delta, et 40 % moins susceptibles d’être hospitalisées pour une nuit ou plus. « C’est une bonne nouvelle. C’est une réduction importante », indique M. Barbeau. Cette analyse comprenait tous les cas de COVID-19 confirmés par des tests PCR au Royaume-Uni lors des deux premières semaines de décembre, soit 56 000 cas d’Omicron et 269 000 cas de Delta. Une étude distincte réalisée en Écosse, menée par des scientifiques de l’Université d’Édimbourg, a suggéré que le risque d’hospitalisation était 66 % moindre avec Omicron qu’avec Delta. Les chercheurs de l’étude soulignent toutefois que les cas d’Omicron en Écosse concernaient principalement les jeunes adultes de 20 à 39 ans. Les jeunes sont beaucoup moins susceptibles de développer des cas graves de COVID-19. « Il restera à confirmer ces résultats avec notre propre population au Québec, qui est probablement plus âgée qu’en Écosse. Nos schémas vaccinaux sont également différents », indique Mme Grandvaux. Des données provenant de l’Afrique du Sud, où le variant a été détecté pour la première fois, ont également suggéré qu’Omicron pourrait être moins dangereux.

Plus contagieux

« Bien que la réduction du risque d’hospitalisation avec le variant Omicron soit rassurante, le risque d’infection reste extrêmement élevé », a indiqué Azra Ghani, coauteur de l’étude de l’Imperial College de Londres, dans un communiqué. Les premières données montrent que le variant Omicron serait de deux à trois fois plus infectieux que le variant Delta, indique M. Barbeau. « Le variant Omicron a des propriétés qu’on n’a jamais vues chez le SARS-CoV-2, dit-il. C’est pour cette raison qu’en quelque temps, le variant Delta a complètement disparu de plusieurs endroits dans le monde. » Étant donnée la forte transmissibilité du virus Omicron, les services de santé risquent de faire face à une demande croissante si les cas d’Omicron continuaient d’augmenter au rythme observé ces dernières semaines, a indiqué par écrit Neil Ferguson, professeur à l’Imperial College de Londres et coauteur de l’étude.

Deux pilules contre la COVID-19

PHOTO FOURNIE PAR PFIZER VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

La pilule contre la COVID-19 Paxlovid, en production à l’usine de Pfizer de Fribourg, en Allemagne, le 16 novembre dernier

Devant la propagation rapide du variant Omicron, l’Agence américaine du médicament (FDA) a approuvé cette semaine deux pilules contre la COVID-19. Mercredi, la fédération a approuvé la pilule de Pfizer, qui consiste en une combinaison de deux pilules, prise deux fois par jour pendant cinq jours. Cette pilule pourra être administrée aux patients à haut risque âgés de 12 ans et plus. Selon les essais cliniques, elle réduit le risque d’hospitalisation et de décès de 90 %. Jeudi, la pilule du laboratoire Merck, destinée aux adultes à haut risque, a reçu son approbation. Le médicament pourra être pris dans les cinq jours qui suivent l’apparition de symptômes, et réduit le risque d’hospitalisation et de décès de 30 % au sein de la population fragile, selon des essais cliniques réalisés sur 1400 participants. Il s’administre avec huit doses par jour pendant cinq jours. Il a déjà été autorisé au Royaume-Uni et au Danemark.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press

1,5 à 3 jours

Temps nécessaire pour que le nombre de personnes infectées par le variant Omicron double dans une population

8 cas sur 10

Nombre d’infections attribuées au variant Omicron au Québec

Source : Institut national de santé publique du Québec