La propagation exponentielle du variant Omicron se poursuit au Canada. Au Québec, la province la plus touchée, près de 80 % des cas d’infection sont le résultat de ce variant, selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Le Québec, épicentre de la pandémie au Canada

Pour le moment, le Québec est la province canadienne la plus touchée par les infections. « Le tableau du Québec est très mauvais depuis bien avant les derniers jours. Depuis deux bonnes semaines, on a un profil comme étant la pire province au Canada, explique le virologue Benoit Barbeau, professeur au département de sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On se compare avec l’Ontario, mais on doit se rappeler que l’Ontario a une population plus nombreuse que la nôtre. » M. Barbeau ne serait pas surpris si le nombre de cas positifs devait approcher les 10 000 cas par jour au Québec au cours des prochaines semaines. « L’explosion Omicron semble vouloir se poursuivre. » Le variant Omicron représente désormais 80 % des infections dans la province, selon l’INSPQ. Rappelons que le bilan des infections s’est alourdi de 5043 nouveaux cas rapportés mardi ; le nombre de cas rapporté a plus que doublé en une semaine.

Hospitalisations en hausse

Au Québec, on dénombrait 415 hospitalisations en date de mardi, contre 227 au début du mois de décembre, une hausse de plus de 80 % en trois semaines. Ailleurs dans le monde, les données sur les hospitalisations ne semblent pas indiquer une ruée vers les hôpitaux. Pour M. Barbeau, il est trop tôt pour en tirer des conclusions. « Ça va prendre encore une ou deux semaines avant qu’on ait des données solides pour voir si ce variant est moins pathogénique, dit-il. Rappelons-nous qu’au début de la propagation du variant Delta, il a fallu un temps assez appréciable avant que l’on sache s’il était plus pathogénique, et ça semble avoir été le cas. Donc il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. » Le variant Omicron est capable de réinfecter des gens qui ont déjà eu la COVID-19, et aussi fort probablement des gens vaccinés, note M. Barbeau. « Si on resserre grandement les mesures sanitaires et qu’on modifie nos comportements, on peut ralentir la propagation. Actuellement, on explose. Les cas doublent tous les deux ou trois jours, ce qui est énorme. »

Ontario

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Les tests rapides ont commencé à être distribués en Ontario, mais les files d’attente sont chose commune, comme ici à Ottawa.

En Ontario, 3453 nouvelles infections ont été annoncées mardi, soit l’un des pires bilans quotidiens depuis le début de la pandémie, il y a bientôt deux ans. Selon une estimation du gouvernement ontarien, plus de 90 % de ces infections seraient liées au variant Omicron, et le nombre d’infections doublerait tous les trois jours. Comme le Québec, l’Ontario vit aussi une hausse des hospitalisations depuis quelques semaines : 412 personnes sont hospitalisées, contre 284 au début du mois. Exprimées en proportion de la population, les hospitalisions des personnes non vaccinées étaient 6,4 fois plus importantes que celles des personnes ayant reçu deux doses de vaccin ou plus.

Ailleurs au Canada

Hors du Québec et de l’Ontario, c’est dans l’Ouest canadien que la pandémie frappe le plus. L’Alberta a rapporté lundi une hausse de 1925 cas au cours des trois journées précédentes, et plus de 1000 de ces cas seraient liés au variant Omicron. Plus de 60 % de ces cas ont été détectés dans la région de Calgary, l’épicentre de la pandémie dans la province. En Colombie-Britannique, le gouvernement a fait état d’une hausse de 2550 cas au cours du dernier week-end, une forte augmentation par rapport à la situation qui prévalait la semaine dernière encore. Lundi, le gouvernement de la province a mis en place de nouvelles règles qui interdisent notamment les fêtes du Nouvel An de crainte que les cas de personnes infectées ne submergent les hôpitaux au cours des prochaines semaines.

Ailleurs dans le monde

PHOTO PIROSCHKA VAN DE WOUW, REUTERS

Rue commerciale quasi déserte à Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, où un confinement partiel a été réimposé

Aux États-Unis, les plus récentes données montrent que 73 % des infections sont dues au variant Omicron. Au Royaume-Uni et au Danemark, le variant est aussi dominant. Au Danemark, pays de 5,8 millions d’habitants, 13 558 nouveaux cas quotidiens ont été annoncés mardi, du jamais-vu. Plus de 500 de ces cas sont des réinfections, selon les autorités sanitaires, a rapporté l’Agence France-Presse. Aux Pays-Bas, le gouvernement a annoncé la fermeture des bars, des restaurants, des musées et des salles de spectacles. Les citoyens ne peuvent recevoir que deux invités chez eux, à l’exception de la veille de Noël, du jour de Noël, du 26 décembre et de la période du Nouvel An, où quatre invités sont autorisés.

« Choix difficiles »

Mercredi, le premier ministre François Legault doit tenir un point de presse sur de nouvelles annonces concernant des « choix très difficiles » pour les semaines à venir. Le virologue Benoit Barbeau, de son côté, a déjà fait des choix. « J’étais censé aller chez mes parents, qui ont 80 ans est plus. Eh bien, on oublie ça. Cette fête-là a été annulée », dit-il. Quelques soupers au restaurant entre amis ont aussi été annulés, même avant les premières annonces. « Si vous optez pour des Fêtes en famille [qui étaient toujours autorisées en date de mardi], l’idéal est de porter un masque, ou un masque N95, lorsqu’on est à l’intérieur, dit-il. On comprend qu’on ne le portera presque pas : en famille, les gens vont manger et vont boire. Le port du masque est plutôt illusoire. Réduisez le nombre de personnes, et essayez d’avoir une aération continue. Ou bien, essayez de faire vivre une expérience à vos invités, et optez pour des activités extérieures, que ce soit un petit drink en début de soirée ou autre… »