Avec le déploiement de tests rapides faits à la maison, avec l’explosion du nombre de cas et de personnes asymptomatiques, « il est impossible d’avoir un portrait réel de la situation. On a peut-être 10 000 ou 12 000 cas, on n’en sait rien ».

C’est ce que croit Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, en constatant que les capacités de dépistage sont dépassées. Selon elle, les bilans quotidiens ne peuvent plus donner « un portrait exhaustif de la situation », tant s’en faut.

Devant l’ampleur des files d’attente pour avoir un résultat officiel avec le test traditionnel, les gens peuvent être tentés de se contenter de leur résultat au test fait à la maison, surtout s’ils sont âgés, qu’ils n’ont pas la force d’aller faire le pied de grue ou s’ils habitent dans une région où le centre de dépistage est loin.

Ceux qui se contenteraient des résultats ainsi obtenus échapperaient au dénombrement officiel de cas et au calcul du taux de positivité jusqu’ici considéré comme central.

Selon Québec, 10 millions de tests rapides sont en cours de distribution.

Robert Maranda, des relations médias du ministère de la Santé et des Services sociaux, est néanmoins catégorique : « Si on obtient un résultat positif à un test rapide, il est demandé d’aller se faire dépister en centre de dépistage. »

Et ce, pour deux raisons, dit-il : parce que les tests rapides qui sont présentement distribués « ne sont pas aussi fiables qu’un test PCR qui, lui, est considéré avoir une fiabilité à plus de 95 % » et aussi parce que « c’est de cette manière que les données seront colligées ».

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Une employée de l’Hôtel-Dieu distribuait des tests rapides dans la file d'attente de la clinique de dépistage de la COVID-19 mardi.

À moins que les personnes asymptomatiques cessent d’aller se faire tester dans l’espoir d’un résultat négatif pour mieux pouvoir fêter, les files d’attente continueront de s’allonger. « Il n’est pas dans les plans à court terme d’ouvrir des centres de dépistage supplémentaires ni d’embaucher de manière massive dans les centres de dépistage. En ce moment, tous les efforts sont consacrés à l’augmentation des effectifs pour la vaccination », indique encore M. Maranda, précisant que la capacité maximale des laboratoires est d’environ 45 000 à 50 000 prélèvements quotidiens.

Les autorités sanitaires rappellent qu’il faut éviter de gaspiller un test pour vérifier son fonctionnement, et le Ministère « condamne aussi fermement les parents qui détruisent les autotests reçus par les enfants dans les services de garde et les écoles tel qu’on l’a vu sur les réseaux sociaux ».

Moins de traçage

Tout comme le Nouveau-Brunswick qui l’a annoncé officiellement mardi, le traçage des cas contacts par des appels téléphoniques de la Santé publique n’est plus à l’ordre du jour partout. « Certaines régions se concentrent sur les enquêtes de traçage dans les milieux de vie et demandent aux cas dans la communauté d’identifier et d’informer leurs contacts étroits [tandis que d’autres régions] continuent de faire des enquêtes de traçage », explique M. Maranda.

La Santé publique se concentre, par exemple, typiquement sur des éclosions dans les CHSLD.

Des parents ont pu s’étonner par ailleurs de recevoir beaucoup moins de courriels de l’école les avisant de cas dans l’établissement ou dans la classe même de leurs enfants.

Le 17 décembre, la Santé publique de Laval a envoyé une lettre aux parents pour leur faire part « de changements importants ». « Vous ne serez plus informés lorsqu’un premier cas sera détecté dans le groupe de votre enfant puisqu’aucune recommandation d’isolement n’est émise suite au premier cas (sauf en maternelle). Si un deuxième cas est identifié dans le groupe de votre enfant, nous communiquerons avec vous, car un isolement préventif est alors recommandé pour tous les enfants du groupe. »