Un nourrisson de moins de deux mois a été emporté par la COVID-19 jeudi, a annoncé le CHU Sainte-Justine. Ce poupon est le tout premier enfant de moins de 10 ans à succomber au virus au Québec, créant une onde de choc dans le milieu médical.

L’enfant était en bonne santé à la naissance. Il a été admis aux soins intensifs « récemment » après avoir contracté le virus, précise le centre hospitalier dans un communiqué.

Le CHU Sainte-Justine rappelle que les bébés sont plus susceptibles de développer des complications en lien avec la COVID-19. L’hôpital offre ses condoléances à la famille, et ne divulguera pas plus de détails « en raison des aspects hautement confidentiels » du dossier.

« On ne peut rester indifférent face à cette nouvelle. C’est un rappel de l’importance de bien se protéger et de protéger les autres, plus que jamais… », a réagi le Collège des médecins du Québec, dans une publication Twitter. À l’échelle du Canada, 11 enfants de 11 ans et moins ont succombé à la COVID-19 depuis le début de la pandémie.

« C’est un choc pour toute la communauté des pédiatres en ce moment », lance d’emblée la Dre Julie St-Pierre, pédiatre au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et professeure de pédiatrie à l’Université McGill, en entrevue avec La Presse.

La pédiatre, qui travaille dans l’unité COVID-19 pédiatrique de l’Hôpital de Montréal pour enfants, affirme que le personnel de l’établissement de santé est « très inquiet » devant l’arrivée du variant Omicron.

« C’est sûr qu’à ce stade-ci, on ne sait pas si c’est ce variant-là qui a malheureusement affecté cet enfant, mais jusqu’à présent, nous n’avions pas eu au Québec d’enfants qui soient morts à cet âge de la COVID-19 », dit Mme St-Pierre. « Ce qu’on sait par contre du terrain, des gens en Afrique du Sud, c’est que les petits bébés sont plus à risque, ils sont plus malades », ajoute-t-elle.

La pédiatre souligne que plusieurs questions demeurent sans réponse quant au variant Omicron. « C’est sûr qu’on anticipe qu’il y aura une hausse des jeunes [à l’hôpital] depuis que le variant est au Québec », dit-elle.

Les enfants de moins de 2 mois ont une immunité « très précaire », explique la Dre St-Pierre. Cette immunité est encore plus fragile lorsqu’il s’agit de bébés nés prématurément. « On a des protocoles internationaux pour tous les autres virus et les bactéries en bas de 2 mois », explique-t-elle.

Les poupons sont particulièrement à risque durant les six à neuf premiers mois de leur existence, souligne le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill.

Durant les trois derniers mois de la grossesse, les femmes transmettent leurs anticorps au fœtus. « Et ces anticorps maternels sont responsables de la protection du bébé pour les six à neuf [premiers] mois de vie », détaille le DVinh. C’est pour cette raison qu’il est primordial que le carnet de vaccination des femmes qui prévoient être enceintes ou qui le sont soit à jour, insiste l’infectiologue.

Le Dr Vinh rappelle que le vaccin contre la COVID-19 peut être administré sans danger aux femmes enceintes.

Faut-il vacciner les moins de 5 ans ?

La Dre Julie St-Pierre espère que la vaccination contre la COVID-19 sera accessible aux enfants de moins de 5 ans. « Les vaccins par ARN messager, ce n’est pas les premiers vaccins sur la Terre qui sauvent des vies », dit-elle, en citant l’exemple du vaccin contre les oreillons. « On ne se rend pas compte que ce vaccin-là [contre les oreillons], qui a beaucoup d’expérience, est une technologie très analogue qui nous a permis de sauver des enfants de complications », renchérit-elle.

La pédiatre souligne avoir vu « un nombre incalculable » d’enfants qui ont souffert de complications liées à la COVID-19. « Clairement, ce n’est pas le petit rhume banal [comme] on peut lire sur les réseaux sociaux », lance-t-elle.

Le Dr Donald Vinh rappelle que des études sur la vaccination des enfants de 6 mois à 5 ans sont actuellement menées par Pfizer et Moderna. « Je pense que si, à un point, les données suggèrent que c’est efficace et sécuritaire, on progresserait dans cette direction-ci pour inclure les plus jeunes » dans la campagne de vaccination, affirme le Dr Vinh.

Vendredi, les sociétés pharmaceutiques Pfizer et BioNTech ont annoncé effectuer des essais concernant une troisième dose de vaccin chez les jeunes de 6 mois à 5 ans, puisque deux doses n’engendraient pas une réponse immunitaire suffisante chez certains enfants.

De nouvelles mesures dans les hôpitaux

Vendredi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a annoncé que de nouvelles mesures seraient en vigueur dès lundi dans plusieurs milieux de santé et dans les centres hospitaliers.

Dans les hôpitaux, une seule personne proche aidante à la fois pourra venir visiter un patient, pour un nombre maximal de deux personnes par jour. En tout, quatre personnes proches aidantes pourront se relayer.

Dans les résidences pour personnes âgées, concernant les visiteurs, un maximum de cinq personnes à la fois par jour sera permis, en fonction de la capacité de l’unité locative. Dans les CHSLD, un proche aidant à la fois sera admis, pour un maximum de quatre personnes par jour.