L’influenza circulant peu au Québec et ailleurs au Canada, la vaccination contre ce virus saisonnier pourrait être suspendue pour qu’on puisse se concentrer sur la vaccination contre la COVID-19, estime la Dre Maryse Guay, médecin-conseil à la Direction de santé publique et à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), et membre du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ).

« Devant le contexte épidémiologique, les ressources qui se consacrent à la vaccination contre la grippe pourraient être consacrées à la vaccination contre la COVID », a indiqué la Dre Guay en entrevue téléphonique à La Presse.

Dans son rapport pour la semaine terminée le 11 décembre, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) signale neuf cas positifs pour le virus de l’influenza A et trois cas positifs pour le virus de l’influenza B. Au cours de la semaine terminée le 4 décembre « l’activité grippale au Canada était faible avec seulement 20 % des régions déclarant de l’activité grippale », indique de son côté l’Agence de la santé publique du Canada.

L’hiver dernier, le ministère de la Santé et des Services sociaux avait annoncé la fin de la campagne de vaccination contre l’influenza le 7 janvier à la suite d’un avis du CIQ.

Outre la faible activité grippale, le CIQ avait cité « la vaccination contre la COVID qui commencera en décembre 2020 et qui requerra d’y allouer du personnel de façon prioritaire ».

Le CIQ avait publié cet avis en réponse à une demande du Directeur de la protection de la santé publique du MSSS faite dès le 20 novembre précédent. Le CIQ n’a pas reçu de telle demande cette année, a indiqué l’INSPQ mercredi en fin de journée.

« La situation actuelle est analysée en tenant compte de la faible circulation du virus, mais aussi de la susceptibilité particulière de notre population qui n’a pas été exposée à ce virus depuis deux ans », a fait savoir une porte-parole du MSSS, Marjorie Larouche, par courriel jeudi.

Le vaccin contre l’influenza demeurera disponible même si la campagne est écourtée. La fin de l’offre de vaccination systématique signifie seulement que « les cliniciens ne sont plus tenus d’en faire systématiquement la promotion auprès des clientèles ciblées par le programme », précise Mme Larouche.

« J’imagine que si la demande était faite, on dirait : on regarde l’épidémiologie et ce serait une bonne idée d’arrêter », estime pour sa part la Dre Guay.

« Ça sera pas suffisant pour arriver aux 600 000 doses par semaine, mais c’est mieux que rien », note-t-elle.

Les vaccins pour la grippe sont notamment offerts dans des pharmacies. Sur le territoire du CISSS de la Montérégie-Est, qui inclut une partie de Longueuil, le fait que « les entreprises et les pharmacies ne vaccinent pas » contre la COVID-19 en ce moment a été l’un des motifs évoqués par le CISSS pour expliquer que des résidants aient eu de la difficulté à obtenir leur rendez-vous de troisième dose à leur date d’admissibilité.

Jeudi, 400 204 personnes avaient déjà été vaccinées contre l’influenza au Québec dans le cadre de la campagne en cours, indique le MSSS.

La faible activité grippale de l’an dernier avait été attribuée aux mesures visant à prévenir la transmission de la COVID-19 (distanciation, port du masque, lavage des mains).

« On voit que cette année encore, c’est le même scénario. Peut-être que les hypothèses par rapport à la concurrence entre les virus fait en sorte que le virus de l’influenza a moins de place », ajoute la Dre Guay.

Aucun décès n’a été attribué à la grippe durant la saison 2020-2021, contre 223 enregistrés en 2018-2019, a signalé l’administratrice en chef de la santé publique du Canada dans son rapport annuel publié lundi (données de huit provinces et territoires déclarants).