Le vaccin Pfizer diminue de 70 % le risque d’hospitalisation avec le variant Omicron, selon de nouvelles données sud-africaines. Mais le risque d’infection n’est diminué que de 33 %, ce qui fait craindre aux experts consultés par La Presse que les hôpitaux soient engorgés à nouveau. Leur position sur la troisième dose de vaccin a aussi changé du tout au tout, ce qui laisse envisager un retour à une vaccination massive comme l’été dernier.

« La machine à vacciner n’est pas à la vitesse qui serait souhaitée », explique Gaston De Serres, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « On a besoin de vaccinateurs comme à la période estivale, le ministre Dubé l’a dit aujourd’hui. Il faut donner les troisièmes doses au plus vite, pas en février. » Au début de décembre, une étude australienne publiée sur MedRxiv a montré qu’en éprouvette, une troisième dose de vaccin Pfizer améliore la réponse immunitaire au variant Omicron.

Le variant Omicron est « la Formule 1 » de la capacité à infecter, selon le DDe Serres.

C’est un virus terriblement contagieux. Il faudra revoir les mesures mises en place pour ralentir la transmission.

Gaston De Serres, épidémiologiste à l’INSPQ

Le taux de protection contre l’hospitalisation pour le variant Delta est de plus de 90 % et de plus de 75 % pour ce qui est de l’infection, selon les dernières données de l’INSPQ.

Les données sud-africaines ont été publiées dans leurs grandes lignes par le plus important assureur médical du pays, Discovery Health, et le conseil de recherche médicale sud-africain, mais pas sous forme de prépublication scientifique. « On en a parlé au Comité sur l’immunisation ce matin, on ne parvenait pas à avoir l’étude », dit Andrés Finzi, immunologue à l’Université de Montréal. L’étude découle de 78 000 infections au variant Omicron, mais on ne sait pas quelle était la proportion d’hospitalisations, déplorent M. Finzi et le DDe Serres.

Le Québec en retard

Au Canada, 2,8 millions de personnes ont reçu une troisième dose de vaccin, mais au Québec, le total est inférieur à 450 000 personnes. Aurait-on dû être plus proactif ? « À la décharge de ceux qui sont en charge du système de vaccination, il y a deux semaines, le feu n’était pas pris dans la cabane, comme ça pourrait arriver quand Omicron va se mettre en route au Québec », dit le DDe Serres. Il souligne que les dernières évaluations de la protection vaccinale, en novembre, étaient très bonnes parce que le délai plus grand entre les deux premières doses au Québec assurait une meilleure efficacité qu’ailleurs dans le monde.

M. Finzi fait en ce moment des analyses de la réaction du système immunitaire des personnes vaccinées au Québec, sur la base d’échantillons sanguins, pour voir comment il réagira à Omicron. « On devrait en savoir plus la semaine prochaine », dit l’immunologue montréalais.

Est-ce que la gravité moins importante de l’infection au variant Omicron, avancée par certaines études préliminaires, pourrait compenser sa contagion plus grande ? La semaine dernière, une étude des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) sur 50 infections au variant Omicron a fait état d’un taux d’hospitalisation de 2 %, chez des patients en grande partie vaccinés, parfois même trois fois. Chez les non-vaccinés au Québec, le taux d’hospitalisation est de 1,7 % pour les 18-29 ans et de 3,4 % pour les 30-30 ans, note le DDe Serres. « Mais même si on avait un risque d'hospitalisation deux à trois fois plus faible qu'avec le Delta, si on a 20 fois plus de cas d'Omicron, ça n’arrange rien. »

44 % : proportion des plus de 65 ans qui avaient reçu trois doses de vaccin aux États-Unis en date du 19 novembre

Source : CDC

Médicament de Pfizer prometteur

Pfizer a confirmé mardi que sa pilule anti-COVID-19 réduisait de près de 90 % les hospitalisations et décès chez les personnes à risque lorsqu’elle était prise dans les premiers jours après l’apparition des symptômes, selon les essais cliniques. Aucun décès n’a été enregistré parmi ceux ayant reçu le traitement. Les participants étaient non vaccinés et présentaient un haut risque de développer un cas grave de COVID-19. Pfizer a également annoncé que son traitement antiviral, qui sera commercialisé sous le nom de Paxlovid, devrait rester efficace contre le variant Omicron.

Agence France-Presse

« Rythme inédit »

Plus de 75 pays ont signalé des cas du variant Omicron, et il se trouve probablement dans encore davantage de pays, a déclaré en conférence de presse le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Omicron se propage à un rythme que nous n’avons jamais vu avec aucun autre variant » et devrait remplacer Delta, alors même que ce dernier est responsable de cas qui engorgent de nombreux pays, selon le chef de l’OMS.

Agence France-Presse

Une version précédente de ce texte comportait une coquille dans une citation du Dr De Serres à propos du risque d'hospitalisation et d'infection du variant Omicron, par rapport au variant Delta. Nos excuses