Retour en télétravail
« On dirait que c’est le jour de la marmotte »
PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE
Arnaud Bérange
« L’incertitude, avec le temps, devient de moins en moins évidente à gérer », a laissé tomber Arnaud Bérange, croisé au centre-ville. L’architecte venait tout juste d’apprendre la recommandation de Québec de retourner en télétravail, en marge de l’explosion du nombre de cas. « J’avoue qu’à la première vague, j’étais content d’être à la maison. Mais après un an de recul, je vois que je suis quand même plus productif, efficace au bureau », constate-t-il. Sans oublier l’aspect social. Les conversations avec les collègues, le badinage autour de la machine à café. « Il y a une petite appréhension à retourner 100 % à la maison et d’être isolé. »
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Sophie Nadeau
À l’inverse, l’annonce de Québec fait plutôt l’affaire de Sophie Nadeau. « Même si j’aime [le modèle hybride], je suis contente d’être à la maison pendant l’hiver et les Fêtes. On a développé un bon système pour travailler en télétravail », lance-t-elle, aux abords de la station Square-Victoria–OACI. À l’approche de Noël, elle juge également « sage » la décision de Québec. « On a tendance à se relâcher un petit peu. Il faut faire attention encore. »
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Julie-Catherine Côté
Mardi soir, Julie-Catherine Côté avait le moral à plat. Affligée par la perspective de s’isoler à nouveau, elle songeait déjà à une porte de sortie. « Je vais demander une dérogation pour continuer d’aller au bureau. C’est ça ou je vais partir en maladie. Il est hors de question que je retourne m’enfermer dans mon petit appartement. Je suis incapable de revivre ça », a-t-elle lancé, soufflée par l’émotion. La volte-face du gouvernement – Québec avait recommandé le retour au bureau fin novembre – choque d’autant plus Mme Côté, qui déplore « un manque de cohérence dans les directives ». « Il faut encore détricoter ce qu’on a tricoté. C’est juste déception par-dessus déception », critique-t-elle.
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Annie Lavoie
Annie Lavoie a terminé sa journée avec une étrange impression de déjà-vu. Comme si on retournait une année en arrière, alors qu’on annonçait une nouvelle restriction sanitaire après l’autre, à la veille de Noël. Devrait-elle revoir ses plans pour les Fêtes ? « On n’est pas encore sûrs si on va [faire un rassemblement], surtout avec les grands-parents. On attend de voir comment ça se passe, un jour à la fois », dit-elle. Et pour ce qui est du télétravail, Mme Lavoie se dit « déçue » de l’annonce, elle qui se décrit comme une personne sociable, qui carbure aux interactions.
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Sylvain Blouin
Dans la boîte de Sylvain Blouin, il n’est toujours pas clair si le télétravail sera simplement encouragé ou carrément obligatoire. « Moi, ça ne me dérange pas, je fais déjà deux jours à la maison », a dit l’ingénieur civil. Ce qui le chicote, toutefois, c’est l’étau qui se resserre, alors que le nombre de cas explose. « Ça fait comme l’année passée, au même moment. On dirait que c’est le jour de la marmotte. »
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Moins d’un mois après avoir encouragé le retour au bureau, Québec fait volte-face et recommande le télétravail. Déception, incompréhension, soulagement : comment l’annonce est-elle perçue par les travailleurs ? La Presse est allée recueillir leurs réactions à la sortie des bureaux.