(Ottawa) Pour éviter que le nouveau variant Omicron provoque une flambée incontrôlable de cas de COVID-19 au pays au cours des prochains jours, le gouvernement Trudeau envisage sérieusement de fermer de nouveau la frontière à tous les voyageurs étrangers qui effectuent des déplacements non essentiels.

Ce coup de barre est jugé nécessaire dans le contexte sanitaire actuel et pourrait être imposé dans les prochains jours, selon des informations obtenues par La Presse de sources sûres.

Le premier ministre Justin Trudeau et ses ministres du cabinet ont reçu mardi les toutes dernières projections de l’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam. Et ces nouvelles projections sont effarantes, a-t-on expliqué.

« On va essentiellement revenir à la même fermeture des frontières pour les étrangers qui prévalait en mars 2020. Cela va de nouveau affecter le tourisme étranger », a souligné une source gouvernementale.

M. Trudeau a convoqué mardi soir ses homologues des provinces à une conférence téléphonique afin de les informer des intentions de son gouvernement. Dans le passé, les provinces ont réclamé presque à l’unisson un resserrement des mesures à la frontière.

Le gouvernement Trudeau devrait faire le point sur la situation ce mercredi. Il devrait également publier un avis invitant formellement les Canadiens à ne pas effectuer de voyage non essentiel à l’étranger, comme c’était le cas avant la levée de cet avis en octobre.

Dans une entrevue accordée au réseau CTV qui sera diffusée dimanche, Justin Trudeau a clairement fait savoir que le variant Omicron le préoccupe grandement.

« Le variant Omicron est effrayant, et c’est la dernière chose dont on a besoin – d’avoir à s’inquiéter, encore une fois, d’une autre vague », a déclaré M. Trudeau dans cette entrevue.

« Mais si nous continuons à nous faire vacciner et que les gens reçoivent leurs doses de rappel, que nous faisons vacciner les enfants et que nous continuons à suivre les règles de santé publique, nous allons traverser cet hiver et passer un été bien meilleur », a-t-il ajouté.

Dans sa mise à jour économique et financière qu’elle a présentée mardi, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a mis de côté la somme de 4,5 milliards de dollars afin de financer diverses mesures pour affronter Omicron.

Depuis l’émergence du variant Omicron, il y a trois semaines, des ministres du gouvernement Trudeau ont annoncé une série de mesures à la frontière dans l’espoir d’en freiner la propagation. Or, ces mesures s’avèrent insuffisantes. Le variant a rapidement fait son apparition au pays et ce n’est qu’une question de jours avant qu’il devienne le variant dominant, supplantant ainsi le variant Delta.

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a passé les derniers jours à lancer des avertissements aux Canadiens qui comptent voyager à l’étranger au cours des prochains jours.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos

Encore mardi, M. Duclos s’est présenté devant un micro à sa sortie de la Chambre des communes pour réitérer son inquiétude au sujet de la propagation du variant Omicron à travers le monde.

Selon M. Duclos, le variant Omicron « se déploie très rapidement ».

Notre inquiétude, c’est que les Canadiens soient coincés à l’étranger en raison des mesures rapidement changeantes que les autres pays pourraient mettre en place, et aussi en raison du risque important qu’il pourrait y avoir d’attraper ce variant, ce virus, lors d’un voyage à l’étranger.

Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé

« Et si c’est le cas, les choses pourraient être très compliquées pour ces Canadiens à l’extérieur du pays », a-t-il prévenu.

Au printemps 2020, au début de la pandémie de COVID-19, Ottawa avait organisé des dizaines de vols de rapatriement pour les citoyens coincés à l’extérieur du Canada. Un avis aux voyageurs d’éviter tout déplacement à l’étranger avait alors été donné.

Le 21 octobre dernier, Ottawa a levé son avis d’éviter tout voyage non essentiel à l’extérieur du pays. Les autorités fédérales continuaient néanmoins de prôner la prudence.

Lorsque le variant Omicron s’est manifesté, le gouvernement fédéral a annoncé l’interdiction d’entrée aux voyageurs venant d’un certain nombre de pays où il a d’abord été décelé. Depuis, on a rapporté des cas de ce nouveau variant hautement contagieux presque partout.

Ottawa a prévu tester tous les voyageurs arrivant au pays, sauf ceux en provenance des États-Unis, pour freiner l’entrée d’Omicron au Canada. On a rapidement constaté que même en épargnant ceux, trop nombreux, qui arrivent du sud de la frontière, les autorités canadiennes n’avaient pas les moyens de faire passer le test à tous les autres voyageurs.

Vendredi dernier, le ministre Duclos calculait qu’il fallait tester 23 000 voyageurs par jour et qu’il n’était à ce moment-là possible que de faire 17 000 tests par jour dans les aéroports du pays.

Avec La Presse Canadienne