La Santé publique de Montréal adoptera une approche « plus agressive » avec le variant Omicron, alors que la seule personne pour l’instant positive – un voyageur asymptomatique et doublement vacciné – a été rapidement placée en isolement.

« On va avoir une approche différenciée. Quand on a des cas du variant Delta, on applique les mesures actuelles, alors qu’avec des cas suspects d’Omicron, on va être vraiment dans une approche très suppressive, plus agressive. Tous les contacts, même doublement vaccinés, vont être isolés, et on va avoir un suivi téléphonique très serré », a soulevé mercredi la directrice régionale de la Santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, qui n’envisage pas de transmission communautaire pour le moment.

Si la situation devenait plus urgente, la Santé publique évaluera s’il faut « aussi chercher les contacts de contacts dans certains contextes ». « Si un de ces cas-là a fréquenté un milieu, l’approche dans le milieu va être un peu plus agressive. Ça se peut qu’on ferme des classes », a indiqué Mme Drouin, saluant à son tour la proactivité des autorités fédérales aux frontières.

On a rehaussé notre vigie et notre capacité de criblage pour nous permettre d’identifier rapidement les cas suspects d’Omicron.

La Dre Mylène Drouin

Comme les autorités ne disposent encore que de « très peu d’informations sur les caractéristiques épidémiologiques » de ce nouveau variant, l’angle à adopter en est un « de prudence », soutient l’experte, qui ne semble pas soutenir l’idée d’avoir des rassemblements de 25 personnes à Noël pour le moment, comme l’a évoqué lundi le premier ministre François Legault. « S’il y en a, idéalement ça prendrait des gens vaccinés, dans des lieux qui permettent une distanciation », s’est-elle limitée à dire.

Des taux inégaux chez les jeunes

À ses côtés, la PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal et responsable du centre de commandement COVID-19 de Montréal, Sonia Bélanger, a confirmé qu’environ 20 000 jeunes de 5 à 11 ans ont jusqu’ici reçu leur première dose dans la métropole, soit 14 % de la population admissible. Près du tiers d’entre eux ont déjà pris rendez-vous, néanmoins. Dans la population générale, ce sont 80 % des Montréalais qui sont adéquatement vaccinés.

« Ce n’est pas terminé. On pensait bien qu’avec la quatrième vague, on était sur un plateau. Mais avec le variant Omicron, qu’est-ce que ça sera ? Personne ne peut le prédire », a illustré Mme Bélanger.

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La PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal et responsable du centre de commandement COVID-19 de Montréal, Sonia Bélanger

Sur l’île de Montréal, la campagne de vaccination chez les 5-11 ans semble toutefois progresser à des rythmes bien différents. Pendant qu’à Mont-Royal et Westmount, entre 22 % et 24 % des jeunes ont déjà reçu leur première dose ils ne sont que 3 % à l’avoir eu dans Montréal-Nord. Dans Saint-Léonard, ce chiffre n’atteint que 3,5 %, pendant que dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Ahuntsic-Cartierville, on parle plutôt de 7 % et 9 % respectivement.

Environ 50 % des écoles ne sont « pas ciblées pour de la vaccination directement à l’école », a révélé Mme Bélanger, promettant toutefois de « s’ajuster, avec chacun des CIUSSS, en fonction de la réponse locale ».

« On va quand même avoir des approches dans des écoles ciblées, dans des quartiers chauds ou défavorisés, où il y a plus de barrières. Mais notre message aux parents, c’est que si vous avez la capacité d’aller dans des centres de vaccination de masse, le plus tôt sera le mieux », a précisé la Dre Drouin, pour qui ces écarts ne sont pas surprenants, car ils ressemblent à la tendance constatée chez les adultes.

Cette semaine marquait à Montréal la cinquième consécutive où le nombre de cas de COVID-19 « continue de progresser », avec une moyenne de 250 par jour, ce qui est similaire au sommet de la quatrième vague. Les groupes les plus touchés sont les non-vaccinés, surtout chez les 5-11 ans et les 35-44 ans. Les quartiers d’Anjou, Saint-Léonard, Pointe-aux-Trembles, Saint-Michel et Côte-des-Neiges sont les plus affectés, avec des taux de positivité de plus de 5 %.

Dans le réseau montréalais, on compte 100 patients hospitalisés, dont 31 aux soins intensifs. On a déploré six décès dans les sept derniers jours. « Nos plans de contingence sont prêts, le nombre de lits réservés est prêt, on parle d’environ 500 lits qui sont disponibles », a dit Sonia Bélanger.

Les autorités recensent enfin 180 éclosions actives, surtout dans les écoles primaires et les services de garde. Sept foyers de contamination sont toujours actifs dans le milieu de l’itinérance, alors que leur nombre baisse dans les milieux de travail et de soins.