Les directions ne s’expliquent pas pourquoi la vaccination contre la COVID-19 n’est pas offerte à tous les élèves du primaire directement dans leur école. L’accès au vaccin devrait être égal pour tous, affirme aussi un expert.

Québec a placé de grands espoirs dans la vaccination des jeunes de 5 à 11 ans, mais selon le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) auquel leur école est rattachée, les enfants du Québec – et surtout leurs parents – n’ont pas les mêmes choix quand vient le temps de décider où ils recevront leur dose.

Dans l’île de Montréal, par exemple, certains élèves pourront être vaccinés directement à leur école, tandis que d’autres sont invités à se rendre dans un autre établissement pendant la fin de semaine. Parfois, on propose de transporter les enfants vers un centre de vaccination de masse pour les « quelques familles » qui pourraient souhaiter s’en prévaloir.

« Bien que cela implique de manquer des contenus et des activités éducatives en classe, nous pourrions, pour les enfants de ces quelques familles, organiser le déplacement vers le centre de vaccination », écrit à cet égard la direction d’une école primaire de Montréal.

Des visites dans toutes les écoles

Avec plus de 47 000 km2 à couvrir, des équipes du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec se rendront dans chacune des 300 écoles du territoire à compter de jeudi. Lorsqu’ils prennent rendez-vous sur Clic Santé, les parents voient le nom de l’école de leur enfant apparaître.

« Notre ambition, c’est d’avoir offert la vaccination avant Noël à tous les enfants qui voudraient l’avoir », dit Guillaume Cliche, porte-parole de ce CIUSSS. Lorsque c’est possible, la vaccination est offerte à la fin des classes, pour que les parents puissent être présents.

Pour « favoriser l’accès au vaccin pour tous les enfants », le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal vaccinera lui aussi dans chacune des 83 écoles de son territoire.

Il en va de même pour les 86 écoles primaires du territoire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. « Nous visiterons, en moyenne, 5 écoles de notre territoire par jour », dit son porte-parole Christian Merciari. Depuis vendredi dernier, 10 écoles ont été visitées et 1530 enfants y ont été vaccinés.

Au CIUSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, on se rendra de jour et de soir dans 27 écoles qui présentent des niveaux de défavorisation plus importants ou des taux de vaccination plus faibles. Le CIUSSS du Nord-de-l’Île a pour sa part « trois formules » et visitera une quarantaine d’écoles situées dans des milieux « plus vulnérables ».

La vaccination des 5 à 11 ans se déploie pour l’instant à un rythme très inégal dans les différents secteurs de la métropole. Si un peu plus de 20 % des jeunes enfants ont reçu une première dose à Mont-Royal, Westmount, Hampstead et dans Montréal-Ouest, par exemple, à peine 3 ou 4 % d’entre eux ont été vaccinés une fois à Montréal-Nord et Saint-Léonard.

Des disparités « inexplicables »

Les directions d’école sont bien au fait de ces disparités selon la région ou le quartier où on vit.

La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement dit qu’elle s’attendait à une offre « plus uniforme » que ce qui existe actuellement dans les écoles primaires.

Présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault rappelle que les CIUSSS de Montréal avaient pourtant estimé qu’un élève sur deux pourrait être vacciné à l’école.

« On sait que lorsqu’on l’offre à l’école, pour certaines familles qui ont beaucoup d’enfants ou qui n’ont pas de voiture, ça facilite les choses », observe Mme Legault, qui fait état de CIUSSS « clairement moins organisés » que d’autres.

Infectiologue au Centre universitaire de santé McGill, le DDonald Vinh juge « inexplicable » qu’il y ait de telles inégalités d’un CIUSSS à l’autre.

Peut-être qu’ils sont en train de mobiliser les ressources pour le faire, mais il faut que ce soit également offert à tout le monde dans les écoles. J’espère que l’inégalité qu’on voit actuellement n’est pas une politique permanente.

Donald Vinh, infectiologue au Centre universitaire de santé McGill

Vacciner à l’école vient « minimiser l’inconvénient d’aller dans un centre de vaccination », poursuit le DVinh. « Si on enlève ces barrières, on va augmenter le taux de vaccination », dit-il.

Mardi, 12,4 % des jeunes de 5 à 11 ans avaient eu leur première dose, tandis que 22 % attendaient leur rendez-vous. Selon les plus récentes données de l’INSPQ, 64 % des parents d’enfants de 5 à 11 ans ont l’intention de faire vacciner leur enfant contre la COVID-19.

L’infectiologue Donald Vinh estime que la vaccination dans ce groupe d’âge va jusqu’ici très bien.

« Par contre, on risque de voir avec les enfants ce qu’on a vu avec le public en général : un plateau rendu à un certain pourcentage », dit le DVinh. Lorsqu’il sera atteint, « ce sont les parents qui devront être convaincus et il faudra avoir une stratégie pour aborder [ce problème] », conclut le DVinh.

Avec Thomas de Lorimier et Pierre-André Normandin, La Presse

Des risques un peu plus élevés chez les enfants asthmatiques

Les enfants asthmatiques sont plus fréquemment hospitalisés que les autres à la suite d’une infection à la COVID-19, selon une étude menée en Écosse et publiée mardi, mais ces cas restent peu fréquents et les décès sont extrêmement rares. Les auteurs ont mesuré la proportion d’hospitalisations à la suite d’une infection au coronavirus chez les 5-17 ans qui ont été diagnostiqués comme asthmatiques par le passé. Ils l’ont comparée avec la fréquence de ces hospitalisations chez les non-asthmatiques. Les enfants écossais asthmatiques ont plus souvent été admis à l’hôpital pour traiter la COVID-19. La différence est encore plus marquée quand on ne prend en compte que les asthmatiques les plus sévères, qui avaient fait l’objet d’une précédente hospitalisation ou qui avaient reçu un traitement à plusieurs reprises. Selon les auteurs, ces données plaident pour rendre les enfants asthmatiques prioritaires pour la vaccination si celle-ci s’ouvre aux moins de 12 ans. Ce n’est pas le cas au Royaume-Uni, mais c’est par exemple déjà en place aux États-Unis pour le vaccin de Pfizer-BioNTech qui vient aussi d’être approuvé pour les enfants par les autorités sanitaires de l’Union européenne.

Agence France-Presse