Angoisse, stress, déception. L’arrivée du variant Omicron assombrit le départ de nombreux voyageurs rencontrés à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau lundi soir.

« [Le variant Omicron] m’inquiète. C’est beaucoup de stress. Si ce n’était pas un voyage pour aller voir de la famille, j’aurais reporté », a témoigné Marie-Andrée Doran, qui se rendait à l’île de la Réunion en compagnie de sa fille, de son gendre et de ses quatre petits-enfants.

« Ça fait trois fois qu’on reporte le voyage et il est planifié depuis plus de deux ans, a indiqué Mme Doran, qui s’en va visiter son fils. Juste au moment où on n’est plus capables de reculer, parce qu’on a toutes les réservations, on entend parler du variant. C’est très agaçant. »

L’arrivée du nouveau variant Omicron l’a prise par surprise.

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Marie-Andrée Doran se rendait lundi soir à l’île de la Réunion accompagnée de ses quatre petits-enfants Louis, Éloi, Adélie et Eléana, de son gendre Alexandre Lafleur et de sa fille Valérie Doran

Ça vient tout juste d’être annoncé, alors c’était trop tard. Soit on y allait ou on perdait 15 000 $. Si ce n’était pas tout organisé avec la famille, je ne serais pas partie.

Marie-Andrée Doran

La famille restera sur le territoire français près de trois semaines. « J’ai peur que les mesures aient changé à notre retour. Je me dis qu’au besoin, nous reviendrons plus tôt. On surveille les frontières et on espère que nos vaccins seront toujours efficaces », a résumé Mme Doran.

Resserrement des mesures

La famille Doran n’est pas la seule à craindre un possible resserrement des mesures dans les prochaines semaines. « Je suis surtout inquiet pour le retour », a affirmé Vincent Borgeat, qui se rendait à Toulouse pour deux semaines afin de voir des amis.

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Vincent Borgeat

Je ne voudrais pas rester pris en France.

Vincent Borgeat

« Dans les derniers jours, je craignais que mon vol soit annulé. Je ne sais pas non plus s’il y aura des conséquences pour mon retour », a indiqué à son tour Richard Dubé, qui s’envolait lundi soir pour des vacances d’un mois au Portugal.

Mohammed Gouda, étudiant en génie civil à l’Université de Sherbrooke, s’apprêtait lundi à retourner en Égypte pour voir sa famille.

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Mohammed Gouda

« J’ai peur, mais je n’ai pas voyagé en Égypte depuis le début de la pandémie, alors je dois y aller pour aller voir ma famille. J’espère qu’ils ne fermeront pas la frontière », a dit l’homme qui partait pour le prochain mois, accompagné de sa femme et de sa fille.

Fermeture des frontières

De son côté, Abdoulaye N’Diaye n’était pas inquiet. « Le variant ne me stresse pas. Les scientifiques de Johannesburg ont indiqué que les gens infectés avaient des symptômes peu importants », a soutenu l’homme qui allait au Mali pour les trois prochaines semaines.

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Abdoulaye N’Diaye

En effet, Angelique Coetzee, médecin sud-africaine qui a traité une trentaine de patients COVID-19 contaminés par le nouveau variant Omicron, dit n’avoir constaté pour l’instant que des convalescences sans hospitalisation. Outre la fatigue, les patients souffraient de courbatures, d’une toux sèche ou « d’une gorge qui gratte », a-t-elle détaillé. Seulement quelques-uns avaient une faible fièvre.

Certains chercheurs remettent toutefois en doute la généralisation de ces symptômes, puisque les personnes qu’elle a traitées étaient presque toutes âgées de moins de 40 ans.

M. N’Diaye espère que les pays écouteront les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et ne fermeront pas les frontières. « L’OMS indique que c’est contre-productif », dit-il.

L’OMS et plusieurs pays africains appellent à ce « que les frontières restent ouvertes », puisque les mesures d’interdiction de vols, qui ont un impact sur l’économie et le tourisme, pourraient dissuader à l’avenir les pays de signaler la découverte de variants, de peur de se retrouver sanctionnés.

Avec l’Agence France-Presse