Québec appelle à la prudence en Estrie, où la situation « se dégrade depuis quelques semaines » avec une forte hausse des cas de COVID-19, la pire de la province derrière le Nunavik. Des tests rapides seront déployés dans les écoles pour les élèves et leurs « cas-contacts », afin de réduire l’achalandage dans les centres de dépistage.

« Si on recule d’un mois, le nombre de cas quotidiens était à 35. Aujourd’hui, on est à plus ou moins 93 cas quotidiens. La situation est encore assez sérieuse. Il faut prendre acte de ce qui se passe », a expliqué le ministre des Transports et responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel, lors d’un point de presse tenu à Sherbrooke en fin d’après-midi jeudi.

Le député de Granby se dit particulièrement préoccupé par trois sous-régions « plus problématiques », soit le secteur des Sources (914 cas actifs par 100 000), du Granit (614 cas actifs par 100 000) et de Memphrémagog (351 cas actifs par 100 000). Les deux premiers présentent un taux de vaccination beaucoup plus faible qu’ailleurs, avec des taux de vaccination qui ont 10 % en moins par rapport à la moyenne provinciale. C’est aussi le cas du Haut-Saint-François.

On a une situation qui est encore assez sérieuse. Il faut être capables de retrouver les niveaux de vaccination qu’on retrouve un peu partout au Québec.

François Bonnardel, ministre responsable de l’Estrie

Ce sont par ailleurs les 5 à 11 ans qui semblent les plus touchés, comme un peu partout au Québec. « Ils sont à 35 % des cas que nous avons », a prévenu M. Bonnardel. Le deuxième groupe le plus affecté, les 18-49 ans, cumule pour sa part 12 % des infections.

Le réseau scolaire en cause

À ses côtés, le directeur de la santé publique en Estrie, le DAlain Poirier, a confirmé que la moitié des 60 éclosions, soit 30 d’entre elles, sont en milieu scolaire et surtout primaire. Des « tests rapides » seront déployés dans la prochaine semaine dans ces milieux. Ils seront aussi disponibles pour les cas-contacts des élèves, notamment leurs parents, dans le but « d’autonomiser le réseau scolaire ».

« Les codes de couleurs sont disparus au Québec. Mais si on les utilisait, on serait pas mal dans le foncé », a renchéri le DPoirier, confirmant du même coup qu’environ 9000 jeunes ont pris rendez-vous pour se faire vacciner depuis le 23 novembre, sur les 36 700 enfants de 5 à 11 ans qu’on retrouve sur le territoire.

Est-ce qu’on sera assez vite avec une dose pour empêcher une cinquième vague ? C’est l’avenir qui nous le dira, mais on ne voudrait pas vivre ce que vivent les Européens en ce moment.

Le DAlain Poirier

Parce qu’il veut « fermer le moins possible » d’écoles dans les prochaines semaines, l’expert en appelle à la responsabilisation de la population. « Il ya une désorganisation scolaire actuellement, et ça cause beaucoup de stress », a-t-il rappelé, en plaidant pour l’application stricte et disciplinée des mesures sanitaires, dont le port du masque et la distanciation.

Malgré tout, M. Poirier assure qu’il n’y aura pas d’approches répressives, comme le confinement de non-vaccinés en Autriche, et ce même dans les régions avec plus de transmission. « Il n’y a pas de mesure coercitive en vue, d’aucune façon, encore moins chez les tout-petits parce que les parents hésitent encore plus. Il faut plutôt essayer de comprendre et expliquer la situation », a-t-il dit.

En chiffres, l’état des choses

L’Estrie rapporte présentement 22 nouveaux cas par 100 000 habitants. Les cas ont ainsi augmenté de 36 % depuis une semaine. Selon les données les plus récentes de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), l’Estrie compte aussi actuellement 989 cas actifs de COVID-19, soit un ratio d’environ 199 infections pour 100 000 habitants.

C’est le deuxième chiffre le plus élevé de toutes les régions du Québec à ce chapitre, après le Nunavik, qui compte présentement 1103 cas actifs par 100 000 habitants et où un premier décès lié au virus a été constaté dans les derniers jours.

Jusqu’ici, les autorités ont recensé 383 décès liés à la maladie en Estrie, dont 121 sont survenus dans une résidence privée pour aînés (RPA) et 133 dans un CHSLD.