(Ottawa) Le Canada recevra ses premières fioles du vaccin de Pfizer-BioNTech pour les enfants de 5 à 11 ans dès dimanche. À Québec, il ne manquera que l’aval du Comité sur l’immunisation du Québec pour lancer l’opération vaccination. Objectif : administrer les premières doses à 700 000 enfants d’ici Noël.

Le reste des 2,9 millions de doses du vaccin de Pfizer-BioNTech arriveront au pays d’ici la fin de la semaine prochaine, a annoncé la ministre Filomena Tassi, vendredi. « Ce sont suffisamment de doses pour donner une première injection à tous les enfants admissibles au pays », a souligné la ministre de l’Approvisionnement en conférence de presse.

Quelques heures auparavant, Santé Canada avait officialisé son approbation au vaccin pédiatrique de Pfizer-BioNTech. Le Ministère estime que ses avantages l’emportent sur les risques.

« Dans l’ensemble, c’est une très bonne nouvelle autant pour les adultes que pour les enfants », a affirmé le DMarc Berthiaume, directeur du bureau des sciences médicales de Santé Canada.

Santé Canada a autorisé vendredi l’administration de deux doses à trois semaines d’intervalle selon le résultat des essais cliniques, un mois après la demande du fabricant. Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) préconise toutefois un délai d’au moins huit semaines entre la première et la deuxième dose pour augmenter la réponse immunitaire.

Effets secondaires

Le Ministère rapporte qu’« aucun effet secondaire grave n’a été recensé » chez les enfants lors des essais cliniques de Pfizer-BioNTech. « Aucun cas de myocardite, de péricardite ou de réaction allergique grave n’a été signalé », a indiqué le DBerthiaume. Le fabricant est toutefois tenu de rapporter tout cas qui surviendrait au cours des deux prochaines années, mais les autorités ont tenté de se faire rassurantes.

« À ce jour, aucun nouveau problème d’innocuité n’est survenu à la suite de l’utilisation du vaccin Comirnaty chez les enfants de 5 à 11 ans aux États-Unis, où plus de deux millions et demi d’enfants ont reçu leur première dose », a-t-il souligné.

Les principaux effets secondaires lors des essais cliniques chez les enfants étaient les mêmes que chez les adolescents et les jeunes adultes, soit une rougeur et un gonflement au site d’injection de même que de la fatigue et des maux de tête dans certains cas.

Ces essais cliniques ont d’ailleurs démontré que le vaccin était efficace à 90,7 % contre la COVID-19. Il suscitait une réponse immunitaire dans ce groupe d’âge similaire à celle mesurée chez les 16 à 25 ans.

Chacune de ces doses de vaccin destinées aux jeunes de 5 à 11 ans est de 10 microgrammes. Cela correspond au tiers de celles administrées aux adolescents et aux adultes.

Les discussions se poursuivent avec le fabricant pour la livraison des deuxièmes doses. Le vaccin de Pfizer-BioNTech est le seul autorisé pour la vaccination des enfants au pays. Plus tôt cette semaine, Moderna a également fait une demande d’approbation pour que son vaccin soit utilisé pour les enfants de 6 à 11 ans.

Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) suit de près les risques de myocardite et de péricardite associés au vaccin de Moderna. La semaine dernière, la Santé publique française l’a déconseillé aux moins de 30 ans vu l’incidence de ces inflammations du cœur pour cette catégorie d’âge.

Dans de rares cas, le vaccin de Pfizer-BioNTech pourrait aussi causer une inflammation du cœur. Le risque est toutefois plus faible pour les 5 à 11 ans, selon la conseillère médicale en chef du Canada, Supriya Sharma. Elle a fait valoir qu’il est 20 fois plus élevé avec la COVID-19. Les enfants peuvent également développer la COVID longue ou le syndrome inflammatoire multisystémique s’ils sont infectés.

Pas de passeport vaccinal pour les jeunes

Les enfants qui recevront une première dose avant Noël devront tout de même se soumettre à une quarantaine obligatoire au retour d’un voyage à l’étranger avec leur famille. « Nous n’apporterons pas de changement maintenant », a affirmé le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec

Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Christian Dubé, estime que l’autorisation du vaccin de Pfizer par Santé Canada pour les enfants de 5 à 11 ans est une « bonne nouvelle ». De passage à Montréal vendredi, il a affirmé que le gouvernement n’a pas l’intention d’imposer le passeport vaccinal pour les enfants. « Ce n’est pas dans les discussions actuellement », a dit le ministre Dubé. Les enfants pourront se faire vacciner à l’école ou dans les centres de vaccination.

Hausse des hospitalisations chez les non-vaccinés

Les 745 nouveaux cas de COVID-19 rapportés vendredi au Québec portent à 651 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. La tendance est ainsi à la hausse de 5 % sur une semaine. Deux décès ont été rapportés.

Le Québec découvre en moyenne 168 nouveaux cas par jour chez les moins de 10 ans, qui ne sont pas encore vaccinés. Les cas sont en hausse de 8 % sur une semaine dans ce groupe d’âge. Actuellement, 761 écoles de la province signalent au moins un cas actif, soit le quart des établissements.

On compte actuellement 201 personnes hospitalisées en raison de la COVID-19, soit une situation plutôt stable depuis une semaine.

Le Québec observe par contre une augmentation rapide des nouvelles hospitalisations chez les non-vaccinés. Leurs admissions dans les hôpitaux ont grimpé de 44 % depuis une semaine.

On recense en moyenne 10 nouvelles hospitalisations par jour de non-vaccinés, soit deux fois plus que chez les pleinement vaccinés.

À l’échelle du Québec, le Nunavik continue d’être préoccupant. On y rapporte en moyenne chaque jour 210 nouveaux cas pour 100 000 habitants. C’est nettement plus qu’en Estrie, au deuxième rang des régions les plus touchées actuellement, qui affiche un taux de 17 nouveaux cas pour 100 000 habitants.

Pour le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé, l’Estrie est « un bel exemple de ce qui se passe lorsqu’on n’a pas le même taux de vaccination que dans la population en général ». M. Dubé a expliqué que la sous-région du Granit en Estrie présente un taux de vaccination de 70 % alors que le taux de vaccination de la région est de 80 %. « Ce 10 % d’écart a beaucoup d’impact », a dit le ministre.

Le Granit enregistre actuellement un taux de 500 cas actifs de COVID-19 pour 100 000 habitants, alors que la moyenne du Québec est de 70 pour 100 000. « C’est quoi la recette ? C’est la vaccination », plaide le ministre Dubé.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse