Plus de la moitié des travailleurs de la santé ont été victimes d’épuisement professionnel depuis le début de la pandémie, selon une nouvelle étude de l’Institut de cardiologie de Montréal.

L’étude visait à examiner les principaux facteurs associés à l’épuisement professionnel chez les travailleuses et les travailleurs du milieu de la santé durant la pandémie. Trois mois après le début de la pandémie, le pourcentage de travailleuses et de travailleurs de la santé victimes d’épuisement professionnel était de 52 % parmi les participants.

À titre comparatif, le taux d’épuisement avant la pandémie était d’environ 30 %.

« On vient nommer qu’il y a une détresse et que les enjeux de santé professionnelle existent. Ils étaient là aussi avant la pandémie, mais ils ont augmenté, et l’étude nous permet d’en parler », a affirmé la responsable de l’étude, Judith Brouillette, psychiatre, professeure, chercheuse et cheffe du département de psychiatrie de l’Institut de cardiologie de Montréal.

Détresse psychologique

Les questionnaires psychologiques autorapportés ont également révélé que 24 % des participants présentaient des symptômes élevés de trouble de stress post-traumatique, 23 %, d’anxiété, et 11 %, de dépression.

J’ai été surprise de voir à quel point les gens étaient souffrants.

La Dre Judith Brouillette, psychiatre, professeure, chercheuse et cheffe du département de psychiatrie de l’Institut de cardiologie de Montréal

Selon l’étude, la résilience et le soutien organisationnel sont les deux facteurs permettant une réduction majeure des risques d’épuisement professionnel et de détresse psychologique.

La résilience est la capacité de surmonter les évènements, les obstacles et les émotions négatives. « Les gens qui ont davantage de résilience vont sentir qu’ils ont une capacité de s’adapter et de vivre une émotion négative, de ne pas être découragés et même de s’en servir comme d’un levier », a soutenu la Dre Brouillette.

Le soutien organisationnel perçu décrit la manière dont le travailleur estime que son organisation prend en compte ses intérêts, ses opinions, ses valeurs et son bien-être. « On s’attendait à ce que le soutien organisationnel ait un effet sur l’épuisement professionnel, mais ce qui m’a surprise, c’est qu’il est aussi protecteur pour la santé mentale et psychologique », a indiqué la Dre Brouillette.

Que faire pour améliorer la santé mentale des travailleurs de la santé ?

Il n’y a pas de solution simple à ce problème, mais ce qu’on peut comprendre, c’est qu’une implication individuelle et organisationnelle peut permettre d’obtenir une meilleure santé psychologique au travail.

La Dre Judith Brouillette, psychiatre, professeure, chercheuse et cheffe du département de psychiatrie de l’Institut de cardiologie de Montréal

Les prochains résultats de l’étude découleront de l’analyse du sondage effectué 12 mois après le début de la pandémie. Ces travaux seront exécutés au cours des prochains mois.

« Ça confirme ce que l’on observe »

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec n’est pas surprise des résultats. « Ça confirme ce que l’on observe depuis des mois auprès de nos membres. On voit l’épuisement de nos troupes et, cette fois-ci, c’est chiffré », a affirmé Isabelle Groulx, vice-présidente responsable de la santé et de la sécurité au travail.

« On voit que l’épuisement professionnel était déjà élevé avant la pandémie, et il y a eu une hausse de 22 [points de pourcentage]. C’est quelque chose de notable », a-t-elle ajouté. À son avis, les heures supplémentaires obligatoires, le stress de la pandémie et le départ de certains collègues sont tous des éléments qui ont contribué à augmenter la détresse chez les professionnels de la santé.

Tendance à la baisse

Cette étude survient alors que la tendance à la baisse de la COVID-19 se poursuit dans la province. Le Québec a rapporté jeudi 428 nouveaux cas. Ces nouveaux cas portent à 504 la moyenne quotidienne. La tendance à la baisse est ainsi de 10 % sur une semaine.

Depuis trois semaines, le nombre de nouveaux cas est relativement stable par rapport à la semaine précédente. On note toutefois des augmentations plus marquées dans certaines régions ainsi que chez les enfants de moins de 12 ans, a indiqué jeudi l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).

Les trois morts supplémentaires portent la moyenne quotidienne à quatre, ce qui est stable. Depuis le début de la pandémie, 11 458 Québécois ont succombé à la COVID-19.

Le nombre d’hospitalisations a diminué, pour un total de 274 personnes hospitalisées à l’heure actuelle, soit 13 de moins que la veille. On compte désormais 72 personnes aux soins intensifs, un nombre stable par rapport à la veille.

Dans la dernière semaine, la grande région de Montréal a représenté plus de 70 % des hospitalisations. Les personnes de 70 ans et plus représentent environ la moitié des hospitalisations.

Selon un rapport de l’INESSS rendu public jeudi, les projections suggèrent que le nombre de nouvelles hospitalisations pour le Québec dans son ensemble pourrait être en légère diminution dans les prochaines semaines.

Depuis le début de la pandémie, plus de 77 000 cas de variants préoccupants ont été détectés au Québec, dont 45 661 cas du variant Alpha et 25 460 du variant Delta.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux indique que 13 614 injections de vaccin supplémentaires ont été administrées, soit 12 928 en 24 heures et 689 avant le 20 octobre, pour un total de 13 131 504 doses administrées au Québec. Hors Québec, ce sont 210 391 doses au total qui ont été administrées.

La COVID-19 en graphiques

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