(Montréal) L’Association médicale canadienne (AMC) et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) ont appelé mercredi les gouvernements du pays à offrir du soutien aux travailleurs de la santé, au bout du rouleau après un an et demi de pandémie, lors d’une conférence de presse virtuelle.

Après avoir organisé un « sommet d’urgence » avec plus de 35 organismes représentant une panoplie de métiers liés à la santé, à huis clos mardi soir, les deux associations demandent des actions immédiates. « Les travailleurs de première ligne ne sont pas à risque d’épuisement ; ils sont déjà épuisés. Ils ne voient aucune mesure qui pourrait apporter de l’espoir ou de la lumière au bout du tunnel, c’est inacceptable », a déploré le Dr Abdo Shabah, représentant au Québec de l’AMC.

« Nous devons offrir un soutien en santé mentale aux travailleurs de la santé, qui œuvrent dans les pires conditions », a-t-il plaidé. Les nombreuses heures supplémentaires obligatoires, la surcharge du système et « les décès inutiles des patients très malades » causent selon lui d’énormes dommages aux travailleurs, qui ne voient alors pas d’autre solution que de quitter leur emploi, faute de ressources pour les aider.

Les organismes souhaitent aussi que tous les décideurs, « des gouvernements aux conseils scolaires », mettent en place « des mesures de santé publique plus fermes » afin de réduire la pression sur le système de santé, et indirectement améliorer les conditions de travail.

Dans le cas du Québec, où un passeport vaccinal est déjà en place, le Dr Shabah a prévenu que la réouverture de l’économie, des écoles et des salles de spectacle pourrait bientôt faire augmenter la propagation de la COVID-19, et que les mesures existantes « sont essentielles » et doivent rester.

Il a aussi réaffirmé le soutien de son organisme à la suspension des travailleurs de la santé québécois qui n’auraient pas reçu toutes leurs doses de vaccin avant le 15 octobre : « Nous ne pouvons pas tolérer que des professionnels de la santé tombent malades et surchargent le système », ou mettent en danger collègues et patients.

Toutes ces demandes, si elles sont exaucées, contribueraient selon lui à combattre le problème le plus important du système de santé : la pénurie de main-d’œuvre.

Des urgences qui débordent

« Il n’y a pas assez de personnel pour s’occuper des patients » dans des zones chaudes comme l’Alberta, a affirmé la présidente de l’AMC, la Dre Katharine Smart, qui a accusé le gouvernement de ne pas reconnaître le problème et de ne pas prendre ses responsabilités.

« Les gens en ont vraiment marre que la santé soit comme une patate chaude que se passent les différents paliers de gouvernement », a-t-elle lancé, ajoutant qu’il est tout à fait possible pour le fédéral de « créer un passeport vaccinal national », entre autres.

À court terme, il faudrait d’après elle « mobiliser les forces armées ou la Croix rouge », en plus de « retirer certains obstacles de juridiction concernant les licences d’exercice » afin que des professionnels de la santé venant d’autres provinces puissent venir prêter main forte, a-t-elle déclaré.

À long terme, le président de l’AIIC, Tim Guest, recommande de « développer une stratégie de ressources humaines » et de « récolter des données » pour savoir où les besoins sont les plus criants.

« Tout au long de la pandémie, nous avons entendu le public faire l’éloge des soins administrés par les membres du personnel de la santé. Maintenant, c’est le temps de prendre soin d’eux », a-t-il dit.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.