(Washington) Bonne nouvelle : le laboratoire américain Merck a annoncé qu’il allait demander le feu vert de l’agence des médicaments américaine (FDA) pour commercialiser un traitement qui « réduit de façon importante les risques d’hospitalisation et de décès » chez les personnes récemment infectées par la COVID-19, selon un communiqué de l’entreprise publié vendredi.

Selon Merck et son partenaire Ridgeback Biotherapeutics, ce traitement antiviral, appelé molnupiravir, permettrait de diviser de moitié les risques d’hospitalisation et de décès. Un essai clinique a été mené chez 775 personnes atteintes de la COVID-19, dans les cinq jours suivant l’apparition de symptômes ; 30 jours plus tard, le taux d’hospitalisation ou de décès chez les personnes ayant reçu le médicament était de 7,3 %, contre 14,1 % chez celles ayant reçu le placebo. Aucune mort n’est survenue chez le groupe ayant pris du molnupiravir, contre huit chez le groupe témoin.

Cependant, l’étude complète n’a pas encore été rendue publique. Selon l’épidémiologiste Nimâ Machouf, membre du collectif COVID-STOP, « une fois que les données seront montrées à la communauté scientifique, on va pouvoir juger du réel impact de ce médicament ».

Tant que l’étude n’est pas publiée, nombre d’aspects restent encore inconnus. « Il faut voir l’efficacité réelle, la quantité de charge virale qui est baissée et en combien de temps, les effets secondaires, les personnes à qui on l’a administré exactement, sur quel genre de patients il peut être utilisé… », énumère-t-elle.

S’il est autorisé, ce médicament serait le premier traitement par voie orale contre la COVID-19 sur le marché : jusqu’ici, seuls des traitements par intraveineuse ou par injection pouvaient être administrés pour soulager les symptômes.

À l’inverse, ce nouveau médicament agit sur le virus lui-même en l’empêchant d’entrer dans la cellule et de se multiplier, « donc il réduit la charge virale, et, surtout, il agit dans le nez et la gorge. […] C’est une très bonne nouvelle pour casser la chaîne de transmission », explique Nimâ Machouf. Ce médicament pourrait ainsi permettre aux personnes atteintes de la maladie de ne pas subir de symptômes graves, mais également à celles ayant été en contact rapproché de ne pas la contracter.

S’il s’avère aussi efficace que ce que prétend la société, ce médicament serait une excellente nouvelle pour soulager les hôpitaux. « De 10 % à 15 % des patients infectés nécessitent une hospitalisation, souligne Nimâ Machouf. Avec cette proportion, on arrive à mettre en chaos notre système de santé, parce que le nombre de personnes infectées est très élevé. Si on arrive déjà à réduire de moitié le nombre d’hospitalisations, c’est un énorme exploit. »

Ce type de médicament est donc très attendu et vu comme une façon efficace de combattre la pandémie. Mais les traitements antiviraux n’ont jusqu'ici pas été très convaincants contre la COVID-19, et les experts appellent à la prudence. Plusieurs autres entreprises, comme Pfizer ou Roche, travaillent sur des médicaments similaires, et pourraient annoncer des résultats dans les semaines et les mois à venir.

Avec l’Associated Press et l’Agence France-Presse