(Edmonton) Le gouvernement fédéral dit qu’il viendra en aide à l’Alberta alors que les hôpitaux de la province font face à une vague écrasante de patients atteints de la COVID-19.

La présidente et cheffe de la direction des services de santé l’Alberta, la Dre Verna Yiu, affirme que la crise dans les hôpitaux causée par les nombreux cas de COVID-19 est devenue tellement grave que si le système ne s’est pas effondré, c’est parce que les patients meurent.

« Chaque jour, nous observons un nouveau sommet (total de patients gravement malades) », a-t-elle déclaré jeudi.

La Dre Yiu a ajouté que les hôpitaux de l’Alberta ont admis en moyenne deux douzaines ou plus de patients par jour atteints de la COVID-19, et ce depuis dimanche.

« C’est tragique que nous ne puissions suivre le rythme de ce genre de chiffres seulement parce que certains de nos patients aux soins intensifs sont décédés », a-t-elle souligné. « Cette réalité a un impact profond et durable sur nos équipes. »

Bill Blair, le ministre fédéral de la Sécurité publique et de la Protection civile, a déclaré qu’Ottawa répondrait à la demande de l’Alberta pour davantage de personnel médical en soins intensifs et que les Forces armées aideraient à transporter des patients par avion vers d’autres provinces.

« Le gouvernement du Canada appuiera la récente demande du gouvernement provincial et fournira le soutien nécessaire », a écrit M. Blair dans un communiqué publié jeudi.

« L’aide fédérale disponible comprend un large éventail de ressources, comprenant le déploiement de ressources médicales (des Forces armées canadiennes) et/ou une capacité d’évacuation médicale aérienne, ainsi que le déploiement de ressources de la Croix-Rouge canadienne. »

L’Alberta a demandé l’aide du gouvernement fédéral et des autres provinces alors qu’elle fait face à une augmentation des cas de COVID-19 qui menace la viabilité du système de santé.

Les services de santé de l’Alberta ont déclaré qu’il y avait 310 patients aux soins intensifs, dont la grande majorité est atteinte de la COVID-19. Parmi ceux-ci, la plupart ne sont pas complètement vaccinés ou pas du tout vaccinés.

Il s’agit du nombre le plus élevé de personnes aux soins intensifs en Alberta depuis le début de la pandémie.

Le gouvernement du Parti conservateur uni s’est efforcé d’ajouter des lits de soins intensifs, doublant ainsi le total initial de 173, et a redéployé du personnel pour les gérer.

La principale conséquence de ces mesures est l’annulation massive de chirurgies non urgentes à travers l’Alberta. Les médecins ont aussi été informés de la façon de procéder s’ils devaient être amenés à prendre une décision sur qui pourra recevoir des soins et qui n’en recevra pas si les ressources restantes s’épuisent.

L’Alberta compte plus de 20 000 cas actifs de COVID-19 et plus de 1000 personnes hospitalisées atteintes de la maladie. Les décès s’accumulent, dont 29 signalés mardi et 20 autres mercredi, incluant la première personne de moins de 20 ans.

À Calgary, la cheffe de l’opposition néo-démocrate de l’Alberta Rachel Notley a déclaré qu’il est temps que le premier ministre Jason Kenney remette les décisions de santé publique liées à la crise de la COVID-19 aux professionnels de la santé.

Elle a ajouté qu’il est devenu clair que M. Kenney est plus concentré sur sa survie politique que sur la pandémie.

« Cela n’aurait jamais dû en arriver là », a déclaré Mme Notley.

« Jason Kenney savait que son plan ne fonctionnait pas dès le mois de juillet et il n’a rien fait. En fait, il est parti (en vacances). Pendant tout le mois d’août et jusqu’en septembre, le Parti conservateur uni a refusé d’agir alors que la crise s’intensifiait. »

« Maintenant, tous les Albertains subissent les conséquences de l’inaction et de l’incompétence collective du Parti conservateur uni. »

Mme Notley a déclaré que les bonnes décisions en matière de santé publique sont arbitrées par des compromis politiques. Elle a demandé que ces décisions soient remises entre les mains de la Dre Deena Hinshaw, médecin-hygiéniste en chef de l’Alberta, soutenue par un groupe de conseillers scientifiques indépendants.

« (Les Albertains) exigent un meilleur leadership de leur gouvernement pour traverser cette pandémie. Mais au lieu de prendre des mesures pour protéger les Albertains, Jason Kenney et le Parti conservateur uni semblent se concentrer sur leur propre protection », a déclaré la cheffe de l’opposition néo-démocrate.

Le premier ministre de l’Alberta fait face à une escalade de critiques qui appellent à sa démission pour sa piètre gestion de la pandémie de COVID-19. Les critiques ont commencé avant Noël dernier lorsque son gouvernement a tardé à réagir à la deuxième vague qui a rapidement submergé les hôpitaux. Le gouvernement était à nouveau en retard lors de la troisième vague en mai et dans ce qui est devenu la quatrième et pire vague à ce jour.

M. Kenney a été accusé de se plier aux éléments anti-restrictions de son parti et de son caucus au détriment de la santé publique.

Des associations dans certaines circonscriptions des conservateurs unis font pression pour une révision immédiate de son leadership.

Joel Mullan, vice-président du parti responsable de la politique, a ouvertement appelé à la démission de M. Kenney, affirmant que le public et le parti avaient perdu confiance.

M. Kenney a rencontré son caucus mercredi et a ensuite demandé au parti d’avancer un examen de son leadership.

« Le premier ministre s’est entretenu avec le président du parti mercredi et a demandé que l’UCP 2022 (assemblée générale annuelle) ait lieu au printemps et que l’examen du leadership prévu ait lieu à ce moment-là », a déclaré Dave Prisco, directeur des communications du parti de Jason Kenney.

« Le parti travaille pour confirmer une date et un lieu pour en faire une réalité. »

Jason Kenney a détourné les questions des journalistes plus tôt cette semaine à propos d’une potentielle démission, affirmant qu’il se concentrait sur la crise de la COVID-19 et non sur les intrigues politiques.