Au CPE du Campus, à Sainte-Anne-de-Bellevue, le personnel se fait un point d’honneur d’appliquer les consignes sanitaires à la lettre. Masques en tout temps, registre des visiteurs, désinfection et nettoyage, ouverture régulière des fenêtres, jeux à l’extérieur le plus souvent possible… Des purificateurs d’air ont même été installés dans chaque local. Depuis le début de la pandémie, aucun cas de COVID-19 n’avait été déclaré dans l’établissement.

Jusqu’au jeudi 2 septembre dernier.

L’identification d’un premier cas positif a entraîné la mise en quarantaine préventive de deux groupes d’enfants. Mais il était trop tard, le virus avait déjà eu le temps de se propager… Au retour de la fête du Travail, quatre autres groupes – sur les sept groupes que compte ce CPE – ont dû être renvoyés à la maison. Au total, 50 enfants et leurs familles ont été mis en quarantaine, sans compter toutes les autres personnes qui gravitent autour de chacun d’eux et qui ont été mises en état d’alerte.

« Ça s’est propagé tellement, tellement vite », témoigne la directrice Jeanne Humphreys, encore ébranlée par les répercussions que cette éclosion a eues sur la grande famille de cette garderie en milieu de travail. Le CPE du Campus accueille les enfants d’employés du cégep John Abbott et du campus MacDonald de l’Université McGill qui, en pleine rentrée scolaire, ont dû se réorganiser pour rester à la maison avec leurs jeunes enfants.

Le virus s’est propagé rapidement chez les plus jeunes – « puisqu’ils mettent toujours tout dans leur bouche » –, qui l’ont ensuite refilé aux groupes plus âgés, souvent par l’entremise des frères et sœurs. Les enfants qui ont eu la COVID-19 ont souffert de symptômes assez légers (fièvre et toux), qui ont disparu en 24 heures. Et les adultes contaminés ? « Les symptômes ont duré un peu plus longtemps. Ils ont surtout souffert de fatigue et de toux », dit Mme Humphreys. « Ils étaient tous doublement vaccinés, sauf un qui n’avait eu qu’une seule dose. Lui, il m’a dit qu’il a été très malade. » En tout, une vingtaine de cas positifs (surtout des enfants et quelques adultes) ont été rapportés en lien avec cette éclosion.

Sur les 557 éclosions actives au Québec en date de mardi, 75 (13,5 %) touchaient un milieu de garde (CPE, garderie privée, garderie en milieu familial). Les services de garde ont connu des périodes pires que celle-ci dans les derniers mois, observe la Dre Manon Blackburn, de l’Institut national de santé publique du Québec. Les CPE sont souvent les plus touchés « parce que ce sont de plus grosses installations, avec un plus grand nombre d’enfants », dit-elle. Des enfants qui ne sont pas vaccinés, et avec qui on ne peut évidemment pas observer de distanciation physique. « Le variant Delta est plus contagieux, plus transmissible, il a donc tendance à se transmettre rapidement dans des milieux moins protégés par la vaccination », dit la Dre Blackburn.

Le variant Delta est sournois, a pu constater Jeanne Humphreys. Des enfants qui ont été déclarés positifs dans les premiers jours de leur quarantaine n’avaient aucun symptôme. « Un enfant envoyé en quarantaine s’était fait tester une première fois. C’était négatif. Dix jours plus tard, il a commencé à avoir des symptômes. Il a refait un test, c’était positif. »

Les adultes doublement vaccinés qui ont un test de dépistage négatif ne sont pas soumis à la quarantaine. Les éducatrices ont donc pu rentrer au travail. Beaucoup de membres du personnel ont éprouvé de l’anxiété, dit la directrice. « Dont la peur d’attraper le virus malgré deux doses de vaccin », dit Mme Humphreys. Mais, aussi, une grande déception. « Les éducatrices étaient tellement déçues de voir que le virus avait réussi à entrer alors qu’on faisait tout pour le garder dehors. »

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Des tests rapides en garderie ?

Nez qui coule et congestion nasale sont les symptômes qui ont été le plus souvent identifiés chez les enfants infectés du CPE du Campus. Des symptômes plutôt courants chez les jeunes enfants, convient Jeanne Humphreys. « C’est quand on voit que le reste de la famille tombe malade que, parfois, on se rend compte que c’est la COVID. »

« Il faut vraiment surveiller ses symptômes, dit Jeanne Humphreys. Oui, comme parent, on est débordé par le travail, et il y a des jours où on se sent fatigué… Mais il faut porter attention. Ça se propage très vite, et les impacts pour vous et votre famille sont immenses. »

« Je ne vous cache pas qu’on est inquiets pour les jeunes familles », ajoute quant à elle Geneviève Bélisle, de l’Association québécoise des CPE (AQCPE), qui compatit avec les parents qui doivent aller faire un dépistage chaque fois que le nez coule.

Les éclosions de la quatrième vague ont la particularité de frapper plus de gens, plus rapidement. « Lors des éclosions en deuxième et troisième vague, on avait trois ou quatre personnes impliquées. Là, on trouve une vingtaine de cas dans le temps de le dire », dit Mme Bélisle.

L’AQCPE souhaite d’ailleurs que des tests rapides soient aussi utilisés dans les garderies pour éviter de renvoyer les enfants à la maison au moindre symptôme suspect. Pour l’instant, seules les écoles préscolaires et primaires pourront utiliser le test auprès de leurs élèves.

Tendance à la baisse, sauf chez les enfants

Le Québec a rapporté mardi 683 nouveaux cas, portant la moyenne quotidienne à 733. Cela représente une diminution de 5 % sur une semaine, signe que la quatrième vague perd en intensité. Les cas sont toutefois en hausse de 20 % chez les moins de 10 ans. Ceux-ci s’approchent d’ailleurs du sommet observé l’hiver dernier au plus fort des deuxième et troisième vagues. Reste que peu de jeunes doivent être hospitalisés après avoir contracté la COVID-19. Seulement 10 des 2005 enfants ayant eu la COVID-19 depuis deux semaines ont dû être hospitalisés.

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Chez les autres groupes d’âge, par contre, les hospitalisations sont plus élevées. Le Québec compte actuellement 280 personnes hospitalisées, dont 91 se trouvent aux soins intensifs. La plupart des hospitalisations surviennent chez les non-vaccinés. Chaque jour, en moyenne, 24 d’entre eux doivent être admis à l’hôpital, soit un taux de 12,2 par million d’habitants. En comparaison, 6 personnes pleinement vaccinées doivent être hospitalisées quotidiennement, soit un taux de 1 par million d’habitants.

Les décès poursuivent quant à eux leur tendance à la hausse. Le Québec en a rapporté mardi 5 de plus, portant la moyenne quotidienne calculée sur une semaine à 4. À ce jour, 6,7 millions de Québécois ont reçu au moins une dose, soit 77,5 % de la population. Du nombre, 6,2 millions ont reçu les deux doses nécessaires, soit 75,6 % des Québécois, tous âges confondus.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse

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