Certains médecins et infirmières sont en colère contre les groupes qui manifestent contre la vaccination à l’extérieur des hôpitaux des villes du pays et soulignent que des ressources de soins de santé limitées sont utilisées pour sauver la vie de ceux qui ont décidé de ne pas se protéger contre la COVID-19.

Le Dr Steven Fedder, qui travaille aux urgences d’un hôpital de Richmond, en Colombie-Britannique, a déclaré qu’il n’avait plus de patience pour les personnes dont la position contre les vaccins a des implications sociétales plus importantes.

« Je pense que ces individus qui choisissent de ne pas se vacciner font preuve d’égoïsme ultime. Ils ne réalisent pas qu’ils sont trop arrogants pour comprendre que nous vivons dans une société où nous devons tous faire des sacrifices », a-t-il déclaré.

Il est temps que davantage d’employeurs, y compris à tous les ordres de gouvernement, commencent à exiger des vaccins pour envoyer un message fort à ceux qui ignorent la science derrière la vaccination, a déclaré le Dr Fedder, ajoutant que le potentiel de perdre un emploi pourrait être le choc dont les gens ont besoin pour se faire vacciner.

Les patients souffrant d’autres maladies graves sont touchés lorsque le système de santé ralentit en raison du nombre de patients non vaccinés hospitalisés qui occupent des lits de soins intensifs, a déclaré Steven Fedder, notant que les personnes atteintes de maladies chroniques évitent souvent de se rendre aux urgences lorsque les cas augmentent, aggravant parfois leur santé.

Pour le personnel, c’est épuisant. C’est difficile quand quelqu’un arrive alors qu’il y avait un moyen simple de prévenir ce avec quoi il est entré – une infection à la COVID. Nous devons être professionnels et ne pas porter de jugement, mais c’est très éprouvant pour les infirmières, les médecins et tous les autres professionnels de la santé de regarder quelqu’un qui a pris la décision consciente de ne pas se faire vacciner.

Dr Steven Fedder

Le Dr Amit Arya, médecin en soins palliatifs à Kensington Health à Toronto, a déclaré que les rassemblements à l’extérieur des établissements de santé avaient été épuisants pour lui et pour d’autres médecins, fatigués en raison des longues heures de travail.

Il a dénoncé un groupe de manifestants à l’extérieur du University Health Network plus tôt cette semaine et a déclaré qu’ils empêchaient les patients et le personnel d’entrer dans l’hôpital.

« Il est vraiment difficile de comprendre pourquoi un groupe de personnes manifesterait devant des hôpitaux, où nous avons des personnes vulnérables qui viennent chercher des soins médicaux », a déclaré le Dr Arya, ajoutant qu’il avait subi plusieurs mois de harcèlement en ligne et de courriels haineux à cause de sa position en faveur des vaccins.

« Je pense que les gens deviennent vraiment agressifs sur la question des vaccins et j’ai peur. J’ai peur pour ma famille, j’ai aussi des enfants en bas âge et je connais beaucoup d’autres collègues dans le même genre de bateau que moi qui ont subi beaucoup d’agressivité ».

Selon la police de Vancouver, environ 5000 personnes s’étaient rassemblées devant l’hôpital général de Vancouver mercredi. Cette manifestation a coïncidé avec d’autres dans des établissements de santé ailleurs dans la province, ce qui a incité le premier ministre John Horgan à déclarer que le ciblage et le harcèlement des travailleurs de la santé étaient « totalement inacceptables ».

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Selon la police de Vancouver, environ 5000 personnes s’étaient rassemblées devant l’hôpital général de Vancouver mercredi.

L’Association médicale canadienne et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada appuient la vaccination obligatoire contre la COVID-19 pour les travailleurs de la santé comme un moyen de protéger leur personnel de première ligne et leurs patients ainsi que les communautés, d’autant plus que les cas augmentent dans tout le pays.

Michael Villeneuve, le directeur général de l’association des infirmières a déclaré qu’un pourcentage très faible, mais vocal d’infirmières, peut-être 3 %, semble être contre la vaccination, en particulier comme condition d’emploi, mais tout le monde dans la profession devrait savoir que les vaccins contre la COVID-19 ont été rigoureusement testés.

« Nous basons nos décisions sur la science. Les soins infirmiers en tant que science ne sont pas une collection d’opinions. Si nous adaptions les soins en fonction de ce qu’est mon opinion aujourd’hui par rapport à celle de quelqu’un d’autre, ce serait un chaos complet. »

Cependant, Michael Villeneuve a déclaré qu’il n’était pas toujours clair que celles qui protestaient contre les vaccins et prétendaient être des infirmières sur les réseaux sociaux faisaient en réalité partie de la profession.

Il a déclaré qu’une réponse nationale à l’urgence de santé publique est nécessaire au lieu d’une mosaïque de politiques dans diverses juridictions concernant la vaccination, ce qui a semé la confusion.

« La frustration est de savoir comment amener les gens à comprendre la valeur de la solution, a-t-il déclaré à propos des vaccins. Il y a toujours des gens qui disent que c’est une réponse basée sur les droits, sans aucune responsabilité. »

Les sentiments anti-vaccination se sont intensifiés depuis que certaines provinces ont annoncé leur intention d’exiger des passeports de vaccination pour accéder à des endroits comme les restaurants, les cinémas et les gymnases. Le Québec et l’Ontario ont commencé leurs programmes cette semaine et les résidants de la Colombie-Britannique devront fournir une preuve de vaccination au cours des prochaines semaines.

Plus d’une douzaine d’hôpitaux de l’Ontario ont obligé leurs employés à se faire vacciner. La médecin hygiéniste en chef de la Colombie‑Britannique, la Dre Bonnie Henry, a déclaré que la province envisageait des politiques similaires dans les établissements de soins actifs. La Colombie-Britannique a déjà annoncé que le personnel des établissements de soins de longue durée devra être complètement vacciné d’ici la mi-octobre.