(Washington) Les États-Unis ont autorisé, dans la nuit de jeudi à vendredi, l’injection d’une troisième dose de vaccin de Pfizer ou Moderna contre la COVID-19 pour certaines personnes au système immunitaire affaibli.

L’Agence américaine des médicaments (FDA) « a pleinement conscience du fait que les personnes immunodéprimées sont particulièrement à risque de contracter une maladie grave », a expliqué Janet Woodcock, sa commissaire par intérim.

La troisième dose pourra être donnée au moins 28 jours après la deuxième, aux personnes ayant reçu une greffe d’organe ou celles présentant « un niveau d’immunodépression similaire », a précisé l’agence dans un communiqué.

En revanche, les personnes en bonne santé « n’ont pas besoin d’une dose supplémentaire de vaccin anti-COVID-19 à ce jour », a précisé Mme Woodcock.

Environ 2,7 % des adultes américains, soit 7 millions de personnes, sont immunodéprimés, selon les Centres de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays.

Cette faiblesse immunitaire, par exemple chez des patients atteints d’un cancer ou du sida, peut venir des problèmes de santé directement, mais aussi des médicaments qu’ils prennent pour les résoudre. C’est le cas chez les transplantés, qui suivent des traitements destinés à abaisser les défenses immunitaires pour éviter le rejet de l’organe greffé.

Chez ces personnes, la réponse immunitaire déclenchée par le vaccin est moins forte que chez celles en bonne santé, ce qui nuit à son efficacité.

Or des études ont montré qu’une troisième dose permet, dans certains cas, d’augmenter la protection des immunodéprimés contre la COVID-19.  

Inégalités vaccinales

Lors d’un vote, un Comité consultatif des CDC spécialisé dans les vaccinations s’est également prononcé vendredi en faveur de cette décision. L’agence a par la suite publié ses recommandations destinées aux professionnels de santé pour l’administration de cette troisième dose.  

Lors de cette réunion, les autorités sanitaires ont précisé que les personnes ayant reçu le vaccin unidose de Johnson & Johnson, minoritaires aux États-Unis, n’avaient pas été inclues dans la décision faute de données disponibles.

Selon les CDC, environ un million de personnes auraient déjà fait en sorte d’obtenir une troisième injection d’un vaccin à ARN messager, sans que celle-ci ne leur soit autorisée. La directrice de l’agence, Rochelle Walensky, a demandé jeudi à la population de « suivre les recommandations ».

Au début du mois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait réclamé un moratoire sur les doses de rappel pour combattre l’inégalité entre les pays riches, où les vaccins abondent, et les pays pauvres, qui n’ont pu immuniser qu’une faible partie de leur population.

Les États-Unis ont rejeté cet appel, estimant qu’ils n’avaient « pas besoin » de choisir entre administrer une troisième dose à leurs citoyens ou en faire don à des pays pauvres.

Infléchissement du discours

D’autres pays autorisent déjà une troisième dose pour les personnes immunodéprimées, comme la France et Israël, ou l’Allemagne à partir de septembre.  

Ces trois pays ont par ailleurs annoncé une dose de rappel pour les personnes les plus âgées. Ce n’est pas le cas des États-Unis, du moins pour le moment.

Les scientifiques du comité des CDC se réuniront de nouveau fin août pour étudier les données sur le bénéfice d’une dose additionnelle pour d’autres catégories de population, notamment les « adultes au-dessus de 65 ans, les résidents de centres de soins de longue durée, et le personnel de santé », selon une présentation de l’agence.  

Il s’agit des premières personnes à avoir reçu le vaccin aux États-Unis. Les autorités sanitaires veulent étudier si le niveau de protection conféré par les vaccins s’érode avec le temps. Mais « toute décision sur des rappels devra se concentrer sur la prévention des cas graves de la maladie, des hospitalisations et des décès », a déclaré la Dr Sara Oliver, des CDC.

« Nous pensons qu’à un moment ou un autre vous aurez besoin d’un rappel pour assurer la durabilité de la protection », a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi Anthony Fauci, conseiller de la Maison-Blanche sur la pandémie.

« Si les données nous montrent que nous en avons besoin, nous serons prêts à le faire sans tarder », a-t-il ajouté.

Le discours s’est donc infléchi depuis début juillet, lorsque la FDA et les CDC avaient rapidement publié un communiqué assurant que les Américains vaccinés n’avaient « pas besoin d’un rappel à l’heure actuelle », en réaction à une annonce par Pfizer que l’entreprise demanderait prochainement l’autorisation pour une troisième dose de son vaccin.

Seule la moitié de la population est entièrement vaccinée aux États-Unis, actuellement confrontés à une poussée de l’épidémie liée au variant Delta. Après une forte baisse entre début avril et début juillet, le rythme de la vaccination a légèrement rebondi ces dernières semaines.