L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a recommandé mardi le maintien d’une distance minimale de deux mètres en milieu de travail. Depuis le 12 juillet, le gouvernement préconisait plutôt une distanciation de un mètre entre les personnes de résidences différentes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

« En fonction des données scientifiques qui sont actuellement disponibles, de l’incertitude qui court avec le variant Delta et avec les cibles de vaccination qui ne sont pas encore atteintes, on recommande la distanciation à deux mètres pour les milieux de travail », affirme le DStéphane Caron, médecin-conseil à l’unité scientifique de santé au travail de l’INSPQ.

L’Institut a basé sa décision entre autres sur la propagation du variant Delta, plus contagieux, et les nombreuses interactions rapprochées en milieu de travail. À l’heure actuelle, 68 % des cas enregistrés au Québec sont attribuables aux différents variants préoccupants. Le variant Alpha est prépondérant dans la province, mais le variant Delta « sera vraisemblablement la souche dominante dans les prochaines semaines », soutient l’INSPQ.

C’est une très bonne nouvelle, les deux mètres de distance. Il faut aller dans cette direction en voyant ce qui se passe dans les autres pays avec le variant Delta.

Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du CHUM

De nouvelles données sur le variant Delta démontrent que la charge virale des vaccinés est aussi élevée que celle des non-vaccinés, affirme Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « Ils peuvent donc contaminer et propager autant le virus que les non-vaccinés. »

Dans ce contexte, la professeure rappelle l’importance de maintenir des mesures sanitaires qui permettent de réduire le potentiel de propagation, comme le port du masque, la distanciation de deux mètres et le lavage des mains.

Un milieu propice aux éclosions

Le mode de transmission de la COVID-19 est principalement par contact à moins de deux mètres et pendant plus de 15 minutes. Toutefois, en cas de contacts prolongés dans des espaces restreints, bondés et inadéquatement ventilés, la transmission peut se faire à plus de deux mètres.

Dans les milieux de travail, on a tendance à oublier les mesures sanitaires et à se rapprocher.

Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Selon les données de l’INSPQ, 37 des 55 éclosions actives dans la province ont été liées au milieu de travail.

« Au travail, de nombreuses interactions rapprochées peuvent être imposées par la nature des tâches, et ce, avec plusieurs personnes, durant une période prolongée tout au cours du quart de travail plusieurs jours par semaine », précise l’INSPQ dans son rapport.

Lorsque le maintien de cette distanciation s’avère impossible, l’INSPQ recommande d’installer des barrières physiques adéquates ou de porter un masque de qualité.

Un taux de vaccination insuffisant

L’INSPQ soutient que la vaccination complète semble être efficace contre la plupart des variants, dont le Delta, mais la couverture vaccinale dans la population québécoise n’est pas suffisante actuellement pour contrer efficacement la menace du variant Delta. Pour le moment, 73 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin et 58 % est complètement vaccinée.

« Si on était restés avec le variant Alpha, on serait dans de très bonnes conditions avec le taux de vaccination actuel, mais pas avec le variant Delta », conclut Mme Grandvaux.