(Toronto) Le gouvernement de l’Ontario fait pression sur Ottawa pour que les Canadiens qui ont reçu une « vaccination mixte » puissent voyager à l’étranger, alors que certaines mesures aux frontières doivent être bientôt levées.

La ministre ontarienne de la Santé, Christine Elliott, et la solliciteuse générale, Sylvia Jones, ont demandé cette assurance dimanche dans une lettre au ministre fédéral des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.

Elles demandent à Ottawa de travailler avec l’Organisation mondiale de la santé pour mettre à jour les directives à l’intention des partenaires internationaux, afin que les « calendriers mixtes » soient reconnus comme une pleine vaccination.

L’Ontario et d’autres provinces canadiennes ont offert à leurs citoyens qui avaient reçu en première dose le vaccin d’Oxford-AstraZeneca de recevoir en deuxième dose un vaccin à ARNm, soit le Pfizer-BioNTech ou le Moderna. Les provinces voulaient éviter le risque – très faible – de thrombose associé au vaccin d’AstraZeneca.

Les ministres ontariennes plaident qu’il est essentiel pour « l’intégrité et la confiance » dans les programmes de vaccination du Canada et de l’Ontario que les personnes qui ont eu droit à la vaccination mixte puissent être considérées à l’étranger comme étant pleinement vaccinées.

Elles soutiennent également que le vaccin Oxford-AstraZeneca, qui n’est pas approuvé par le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques, devrait être considéré comme valable partout dans le monde. « Alors que le gouvernement fédéral ouvre la porte aux voyages internationaux, nous pensons que ces Ontariens devraient également être considérés comme “entièrement immunisés” par d’autres pays », ont-elles déclaré.

La lettre note que certains pays de l’Union européenne utilisent une approche à doses mixtes similaire pour la vaccination et indique que l’Ontario attend avec impatience le résultat de conversations avec ces pays et avec les États-Unis.

Des inquiétudes ont été exprimées ces dernières semaines concernant les obstacles potentiels auxquels sont confrontées les personnes qui ont des injections de deux vaccins contre la COVID-19 différents.

Les États-Unis ont hésité à sanctionner la pratique consistant à prendre une dose de Moderna et une dose de Pfizer-BioNTech, tandis que de nombreux pays européens ne reconnaissent pas le vaccin Oxford-AstraZeneca fabriqué au Serum Institute of India, ce qui pourrait avoir un impact sur les Canadiens l’ayant reçu.

Plusieurs compagnies de croisières ont également déclaré qu’elles n’accepteraient pas les clients qui ont reçu différents types de vaccins.

Dans leur lettre de dimanche, les ministres de l’Ontario ont également soulevé la question des mesures frontalières pour les voyageurs internationaux alors que le Canada prévoit assouplir certaines restrictions de voyage visant à limiter la propagation de la COVID-19.

Ottawa a annoncé la semaine dernière que les citoyens américains et les résidants permanents entièrement vaccinés seront autorisés à entrer au Canada sans quarantaine de 14 jours à compter du 9 août. Les voyageurs admissibles dans d’autres parties du monde seront autorisés à entrer sans quarantaine dès le 7 septembre.

Les règles s’appliquent aux personnes qui ont été entièrement vaccinées contre la COVID-19 par un produit dont l’utilisation est approuvée au Canada.

Mmes Jones et Elliott ont écrit à Ottawa sur « l’importance d’assurer des mesures efficaces à la frontière pour ceux qui ne sont pas encore complètement immunisés » et ont demandé des règles de quarantaine « obligatoires et efficaces » pour les voyageurs non vaccinés entrant dans le pays.

Elles ont également demandé une approche cohérente concernant les voyages internationaux à travers les frontières terrestres, aériennes et maritimes et à tous les points d’entrée.

Le gouvernement fédéral n’a pas fourni de réponse à une demande de commentaires lundi.

Pendant ce temps, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a répété lundi qu’il ne croyait pas à un système de certification des vaccins en Ontario

« Ce n’est tout simplement pas nécessaire », a déclaré M. Ford, à Ottawa. « Nous allons avoir 80 % des gens – espérons-le – entièrement vaccinés et nous n’en avons tout simplement pas besoin. »

Il a déclaré qu’il appartenait au gouvernement fédéral de créer ou non un passeport vaccinal pour les voyages internationaux, et que, le cas échéant, il « ne s’opposerait pas à ça ».

Un groupe d’experts conseillant le gouvernement Ford sur la pandémie a déclaré la semaine dernière qu’un système national de preuve de vaccination aiderait à accélérer la réouverture et à se préparer à une résurgence potentielle de cas.

M. Ford a également répété lundi qu’il ne soutenait pas la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé, notant qu’ils avaient déjà des taux de vaccination élevés.

Des groupes professionnels représentant des médecins et des infirmières autorisées en Ontario ont publiquement appuyé la vaccination obligatoire des travailleurs de la santé.

Les libéraux provinciaux se sont joints à ces appels lundi, avec leur chef, Steven Del Duca, appelant à des injections obligatoires pour les travailleurs de l’éducation et de la santé et à une preuve provinciale de vaccination.

M. Ford « met en péril la réouverture de l’Ontario en ne planifiant pas à l’avance pour empêcher une quatrième vague », a déclaré M. Del Duca dans un communiqué.

L’Ontario signalait lundi 119 cas de COVID-19 et trois décès liés au virus. Ces chiffres sont basés sur 11 930 tests effectués.

Le ministère de la Santé précise que des 119 nouveaux cas, 22 se trouvaient à Toronto, 15 à Hamilton, 14 dans la région de Waterloo et 13 dans la région de Peel. Il y avait lundi 131 patients aux soins intensifs atteints d’une maladie grave liée à la COVID-19 et 79 patients sous respirateurs.

Le gouvernement indique que 65 920 doses de vaccin ont été administrées dimanche, pour un total de plus de 19 millions jusqu’ici. Près de 81 % des Ontariens de 18 ans et plus ont reçu au moins une dose de vaccin et 68 % sont pleinement vaccinés.