Chaque semaine, des journalistes de La Presse répondent directement à vos interrogations.

De nombreux lecteurs s’interrogent quant à la possibilité de recevoir une troisième dose de vaccin. D’autres, pleinement vaccinés, veulent savoir si la poignée de main et la bise reviendront. Voici des réponses à certaines des questions qui nous ont été soumises.

J’ai reçu deux doses de vaccin, dont au moins une provient d’AstraZeneca (ou Covishield). Puis-je recevoir une troisième dose d’un vaccin Pfizer ou Moderna ?

De nombreux lecteurs s’enquièrent de la possibilité de recevoir une troisième dose de vaccin, que ce soit parce qu’ils craignent que leurs deux doses ne les protègent pas suffisamment, ou pour s’assurer d’avoir un vaccin à ARNm qui sera davantage reconnu à l’étranger.

D’abord, réglons la question : il n’y a pas de troisième dose distribuée au Québec (ou au Canada) en ce moment, puisqu’il n’y a aucune raison scientifique de le faire, selon les experts. Ceux-ci évaluent actuellement la pertinence d’offrir une troisième dose à certaines catégories de personnes immunosupprimées (sous chimiothérapie, ou qui ont reçu une greffe d’organe, par exemple), mais il n’y a pas de troisième dose en vue pour des raisons plus administratives que scientifiques.

Ensuite, de plus en plus de voix s’élèvent dans le monde pour rappeler qu’au moment où les pays riches se demandent s’ils ont besoin d’une troisième dose, les trois quarts des humains attendent encore d’avoir accès à une première dose de vaccin, quel qu’il soit.

Les campagnes de vaccination ne sont pas seulement basées sur la science, observe le microbiologiste Donald Vinh, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Elles sont aussi teintées par la bureaucratie.

Il cite en exemple la vaccination des personnes qui ont eu la COVID-19. « On sait, d’un point de vue scientifique, que la réponse immunitaire de ces personnes est excellente avec une seule dose. La deuxième dose ne leur procure aucune protection supplémentaire. » Mais pour simplifier leurs campagnes, bien des gouvernements ont décidé de leur donner deux doses. « Et ça, ça veut dire que d’un point de vue scientifique et humanitaire, on gaspille une dose. »

Par ailleurs, des pourparlers ont lieu entre les pays pour harmoniser les exigences vaccinales aux frontières, notamment en se basant sur les vaccins reconnus par l’Organisation mondiale de la santé. Et pour ceux qui s’inquiètent d’être refoulés aux frontières en raison du nom de leur vaccin : actuellement, les Canadiens sont généralement accueillis partout (dont aux États-Unis et en Europe), avec ou sans vaccination.

Lorsqu’on est adéquatement vacciné, peut-on recommencer à se serrer la main ou à se faire la bise ?

D’emblée, le microbiologiste Raymond Tellier, du CUSM, avertit qu’il n’y a pas de « réponse absolue » à cette question. « Je sais que vous aimeriez que je vous dise qu’un câlin a une probabilité de transmission de 25,2 %… Mais on ne peut pas chiffrer ça comme ça. »

Le virus SARS-CoV-2 se transmet de trois façons : par un contact direct ou indirect avec des sécrétions d’une personne infectée, par un contact avec des gouttelettes (toux, éternuement), ou par des microgouttelettes qui voyagent dans l’air (aérosol) et qui peuvent rester en suspension et s’accumuler dans des endroits mal ventilés.

C’est pour cette raison que les consignes de base préconisent de se laver les mains, de garder une distance avec les autres et de se protéger avec un masque dans les lieux publics intérieurs.

Pour faire une bise, un câlin, ou pour se serrer la pince, deux personnes n’ont pas le choix de se rapprocher à moins de deux mètres, et parfois d’enlever leur masque. Le lavage des mains n’est pas toujours possible.

« Le virus ne se transmet pas directement par la poignée de main, il ne traverse pas la peau », dit le DTellier. Par contre, si une personne infectée se gratte le nez, puis serre la main d’une personne, qui se frottera ensuite les yeux, alors oui, le virus peut se transmettre d’une personne à l’autre.

Plus les barrières sanitaires tombent, plus le risque de transmission augmente.

Mais ce risque peut aussi rester très faible. Les rencontres à l’extérieur diminuent le risque de transmission. La vaccination complète aussi.

Mais à part l’isolement total dans une bulle aseptisée (ce qui implique, évidemment, l’absence de contacts avec l’extérieur de la bulle), le risque zéro n’existe pas.

« Les vaccins dont on dispose à l’heure actuelle ont une très grande efficacité contre les formes graves de la maladie, rappelle le DTellier. Mais cette efficacité n’est pas de 100 %. » Une certaine proportion des vaccinés restera toujours vulnérable (notamment les personnes immunosupprimées). Et les enfants, qui ne sont pas vaccinés, sont aussi plus souvent des porteurs asymptomatiques.

« Si vous prenez trois ou quatre personnes, qui ont toutes reçu deux doses de vaccin, et qui se rencontrent à l’intérieur à un moment où il y a peu de nouveaux cas d’infection dans leur communauté, il y a vraiment peu de risques qu’une éclosion survienne », dit le DTellier.

« Mais si on met 20 personnes dans une salle mal ventilée à un moment où plusieurs cas d’infection circulent, et que parmi elles, il y en a trois ou quatre qui n’ont reçu qu’une dose de vaccin, et qu’il y a une personne qui a reçu une transplantation cardiaque… Alors, les risques qu’un évènement malheureux se produise sont plus élevés. »

Très peu de privilèges pour les vaccinés aux États-Unis

Dans notre article sur la reconnaissance du vaccin AstraZeneca aux États-Unis, paru le 15 juillet, nous avons indiqué que l’un des privilèges d’être reconnu comme étant « entièrement vacciné » aux États-Unis était celui de ne pas avoir à faire un test de dépistage avant de monter dans un avion pour un vol intérieur. Andrew d’Amours, du site de voyage Flytripper.com, précise que les autorités américaines « recommandent » aux passagers de faire un test avant de monter dans un avion, mais qu’il ne s’agit pas d’une obligation, même pour les non-vaccinés. Tous les passagers qui arrivent d’un vol international, par contre, doivent présenter aux autorités un test de dépistage négatif, qu’ils soient vaccinés ou pas.

Judith Lachapelle, La Presse

Covishield reconnu en France

Depuis samedi, le vaccin Covishield (soit le vaccin AstraZeneca produit sous licence par un laboratoire en Inde) est officiellement reconnu en France pour l’obtention du fameux « pass sanitaire ». Covishield n’est pas encore homologué par l’Agence européenne des médicaments, mais plus de la moitié des membres de l’Union européenne l’ont déjà ajouté à leur liste de vaccins reconnus.

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