(Montréal) Quelques gouttes de jus de fruit ou de boisson gazeuse suffisent apparemment pour obtenir un résultat faux positif lors d’un test de dépistage de la COVID-19, s’il faut en croire des vidéos qui circulent en ligne depuis plusieurs mois.

Les tests de flux latéral, ou tests chromatographiques, fonctionnent un peu comme les tests de grossesse et sont nettement plus répandus en Europe que chez nous. Ce sont ces tests, par exemple, qui ont été envoyés aux ménages britanniques pour procéder à un dépistage à la maison.

Des jeunes ont découvert qu’il leur suffit de verser quelques gouttes de cola ou de jus sur la bandelette pour faire apparaître les deux petites lignes qui indiquent qu’ils sont porteurs du virus (ce qui pourra ensuite leur valoir quelques jours de congé à la maison, évidemment).

« Je trouve ça très intéressant compte tenu du fait que quelques pays essayaient d’utiliser la salive directement pour les tests de flux latéral, a commenté la docteure Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine. Mais au Canada, le (test de flux latéral) qui a été autorisé, c’est seulement celui avec écouvillonnage nasal. Donc le risque qu’il y ait du Coke là-dedans est beaucoup moins grand. »

Un test de dépistage qui utilise la salive déposée sur une bandelette a été autorisé aux États-Unis, mais la compagnie n’aurait pas demandé son homologation au Canada, a-t-elle ajouté.

Le processus par lequel des gouttes de jus ou de cola réussissent à berner le test est tellement complexe que seuls des experts seraient probablement en mesure d’en comprendre les détails.

Cela étant dit, lorsque le test fonctionne correctement, les anticorps contre la COVID-19 qu’il contient détectent la présence du virus dans la salive, ce qui fait apparaître les deux lignes rouges. Il semblerait toutefois que l’acidité de la boisson dénature ces anticorps, ce qui témoignera erronément d’un résultat positif.

En d’autres mots, parce que les anticorps ont été altérés par l’acidité de la boisson, le test en vient à la conclusion que le SRAS-CoV-2 est présent, alors qu’il n’en est rien.

« C’est un test qui a une très bonne fiabilité. Il y a plus de faux négatifs qu’il y a de faux positifs avec ce test-là, a dit la docteure Quach. Mais ça porte à réfléchir et à se demander qu’est-ce qui peut donner des faux positifs sur ces tests-là. »

Quant au risque de voir des jeunes profiter de la situation pour échapper à l’examen de mathématiques qui leur donne des sueurs froides depuis quelques jours, rappelons que les tests de dépistage à la maison sont beaucoup moins répandus au Canada qu’en Europe, par exemple.

Chez nous, le dépistage se fait la plupart du temps en présence d’une autre personne qui enregistre le résultat. Une situation comme celle vue en Europe aurait donc peu de chances de se produire.

Et même si c’était possible, « j’ai quand même confiance en nos jeunes », a dit Caroline Quach.

« Je pense que les jeunes sont tellement écœurés d’être à la maison et de ne pas voir leurs amis, a-t-elle lancé en conclusion. Je pense qu’ils veulent aller à l’école. »