(Montréal) Des propriétaires d’entreprise se disent heureux que le système québécois de passeport vaccinal leur permette de fonctionner pendant de possibles éclosions de COVID-19, mais ils craignent que la mesure de santé publique ne devienne un fardeau et une autre source de conflit avec les clients.

La province a pris les devants au Canada sur cette question, déclarant qu’à partir de septembre, il faudrait que les gens prouvent qu’ils sont pleinement vaccinés pour accéder aux entreprises non essentielles – telles que les bars et les centres de conditionnement physique – dans certaines parties de la province où la transmission de la COVID-19 serait importante.

Le gouvernement du Québec a présenté cette semaine son concept de « passeport vaccinal » pour l’automne, qui ne sera nécessaire que « si et seulement si » la situation de la COVID-19 se détériore.

Gabriel Hardy, propriétaire d’un centre de conditionnement physique et porte-parole québécois du Conseil canadien de l’industrie du conditionnement physique (CCICP), craint que le système de passeport n’entraîne des complications tandis que ses membres tentent de se remettre de la pandémie.

« On a vécu toute l’implantation des mesures, la distanciation, la limite de capacité, les réservations, le masque en tout temps et [on a dû composer avec] les antimasque, a souligné M. Hardy dans une entrevue vendredi. On a passé beaucoup d’étapes dans la gestion d’une clientèle mécontente, celle-là va être une étape de plus. »

Francis Bérubé, analyste des politiques pour la section québécoise de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, affirme que la mesure proposée montre que le gouvernement est déterminé à maintenir l’économie ouverte si les cas devaient augmenter. « C’est évident qu’un autre confinement pour certains secteurs serait catastrophique », a déclaré M. Bérubé dans une entrevue vendredi.

Le gouvernement du Québec a fourni aux résidents vaccinés un code QR comme preuve qu’ils ont reçu une ou des doses d’un vaccin contre la COVID-19. Et bien que le gouvernement n’ait pas encore publié de détails sur le fonctionnement du système de passeport, M. Bérubé a déclaré qu’il s’attend à être consulté avant sa mise en œuvre afin qu’il puisse offrir des conseils sur la façon de réduire le fardeau des entreprises.

Le système de preuve de vaccination doit être simple, a ajouté M. Bérubé, car les entreprises gèrent déjà une multitude d’ordonnances sanitaires liées à la COVID-19. « On n’a pas les détails encore, mais notre travail va être de s’assurer que cette mesure, si elle est appliquée, que nos entrepreneurs n’ont pas un fardeau et que c’est favorable pour eux », a-t-il souligné.

Malgré ses inquiétudes, M. Hardy a déclaré qu’il reconnaissait que le système de passeport aiderait les centres de conditionnement physique à demeurer ouverts au milieu d’une potentielle quatrième vague. Les gyms ont été parmi les premiers endroits à fermer et parmi les derniers à rouvrir pendant les confinements, a-t-il souligné. « On a vu que la population a manqué d’exercice physique, que cela a augmenté son stress sans être capable d’évacuer ses problèmes. Donc je pense que c’est positif », a-t-il déclaré.

Cependant, M. Hardy se demande comment il gérera la situation de personnes non vaccinées qui ont payé des abonnements annuels et qui ne seront pas autorisées à entrer dans son établissement pendant les périodes de forte transmission de COVID-19. « Contrairement à une salle de spectacle, on a des abonnements tous les mois. Donc, de dire à une personne qui paye qu’on ne va pas donner le service, ça devient un problème », a-t-il fait valoir.

Pendant ce temps, le Québec a signalé 77 nouveaux cas de COVID-19 vendredi et un autre décès attribué au nouveau coronavirus. Les autorités de la santé ont déclaré que les hospitalisations avaient chuté de cinq, à 96, et que 22 personnes étaient aux soins intensifs, une de moins que la veille.

Les données de l’Institut national de santé publique du Québec indiquent que 71,8 % de la population a reçu au moins une dose de vaccin contre la COVID-19, un pourcentage qui grimpe à 82,1 % en ne comptant que les personnes de 12 ans et plus. Au total, 38,7 % de la population est considérée comme adéquatement vaccinée.