(Montréal) Quelles auront été les répercussions de la pandémie de coronavirus sur les enfants ?

C’est la question à laquelle s’intéressera l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants (OPES), qui est basé au CHU Sainte-Justine, grâce à un financement de 5 millions des Fonds de recherche du Québec (FRQ).

Si on peut avoir l’impression — avec la campagne de vaccination qui va bien, les bilans quotidiens qui s’améliorent et le déconfinement qui se poursuit — que la crise sanitaire tire à sa fin, on ne doit pas supposer pour autant que les 18 derniers mois ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir, préviennent les chercheurs.

« On n’a jamais été très inquiets de la santé des jeunes, a dit la professeure Sylvana Côté, qui est chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Mais on ne peut pas penser que trois mois de pertes scolaires en 2020 […] et une à sept fermetures de classes en 2020 n’ont pas d’effet. Il va y avoir des conséquences de ça et elles ne vont pas être les mêmes pour tout le monde, ça c’est clair. »

Le projet que dirigera la professeure Côté s’articulera autour de quatre grands axes : la santé mentale et le bien-être ; l’éducation (l’impact sur les apprentissages) ; l’infection, l’immunité et la transmission ; et les saines habitudes de vie (l’alimentation, le sommeil, l’abus de substances, les écrans, etc.)

Deux axes transversaux s’intéresseront à l’impact économique de la crise (par exemple, la perte de formation de la main-d’œuvre) et l’innovation sociale (ce qu’on peut faire pour atténuer les impacts de la crise).

La fermeture des écoles et le bouleversement des rythmes scolaires auront des conséquences plus ou moins importantes selon la trajectoire scolaire et psychosociale antérieure des enfants, et selon l’ampleur du stress personnel et familial qu’ils vivent, a-t-on expliqué.

La pandémie affecte de manière disproportionnée les enfants qui appartiennent à des minorités visibles ou à des familles économiquement défavorisées, a souligné la professeure Côté.

« Pour qui il y a des impacts ? Pour qui il y en a plus ? Pour qu’il y en a moins ? Qu’est-ce qu’on doit faire pour être certains que nous n’avons pas de gens qui décrochent ? a-t-elle illustré. Il y a des jeunes qui vont rester accrochés, il y en a qui s’en sortent très bien […], mais il y en a pour qui ça a été plus difficile et ça ne s’en ira pas nécessairement facilement pour tout le monde. »

Le financement des FRQ permettra à différents partenaires universitaires de l’Observatoire de réaliser des projets de recherche.

L’OPES contribuera des « évaluations standardisées pour pouvoir dire quelque chose de la situation et identifier où il y a des besoins », a-t-elle ajouté.

Les données dont nous disposons actuellement reflètent uniquement la situation des enfants qui ont pu ou voulu prendre la parole, a dit la professeure Côté. On ne sait rien des plus petits qui n’ont pas pu s’exprimer ou de ceux qui vont « tellement mal » qu’ils n’ont pas voulu parler.

On aura donc besoin des mesures régionales, nationales et même internationales pour y voir un peu plus clair, croit-elle.

« Ça va être très instructif de voir jusqu’à quel point certaines mesures ont eu certains impacts, ont mieux fonctionné ou moins bien, pour certaines dimensions du développement et pas d’autres », a lancé la professeure Côté en conclusion.

« On a toujours été dans une espèce de balancier en ce qui concerne le bien-être des enfants, leur apprentissage, leur sécurité, la sécurité de leur famille… Ça a toujours été des choix très difficiles. Pour le moment, les répercussions de ces choix-là sont une question entièrement empirique. »